Mini-chroniques de fin d’année, la seconde vague…

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Style: diversAnnee de sortie: 2020

Et c’est reparti pour une seconde vague de mini-chroniques, une fois encore voici quelques albums qui ont marqué d’une manière plus ou moins forte cette si spéciale année 2020, qui, malgré ses conditions, a livré pas mal de bonnes choses à se mettre dans les oreilles, voyez plutôt…

CrowningSurvival Sickness (Zegema Beach Records)

Mené par le chanteur des excellents Frail Hands, Crowning est un jeune groupe mélangeant screamo et (emo)violence pour un cocktail survitaminé tous nerfs dehors. Les courtes dix-huit minutes de ce nouvel album (faisant suite à quelques splits et Eps) passent bien vite, déversant une rage communicative avec des influences parfois plus métalliques (ce qui les rapproche souvent de Portrayal Of Guilt pour le coup), s’exprimant aussi via quelques ralentissements bien écrasants. Une sauvagerie renversante.

Fuming MouthBeyond The Tomb (Nuclear Blast)

Après son excellent premier album paru l’an dernier, Fuming Mouth revient avec un nouvel EP, cette fois chez le géant Nuclear Blast. Trois titres dans lesquels on retrouve intacte la furie du groupe du Massachussetts. Mais on y perçoit aussi de nouvelles perspectives comme du riff thrashisant (sur le morceau-titre notamment) et des ralentissements rythmiques (sur les deux autres morceaux) qui viennent naturellement s’ajouter à la mixture de death typé 80’s et de hardcore du groupe. Un court EP mais des ouvertures (qui ne plairont peut-être pas totalement aux fans de The Grand Descent) montrant un groupe qui ne souhaite pas stagner sur ses acquis. Déjà hâte d’en entendre la suite !

CaspianOn Circles (Triple Crown Records)

Cinq ans après le poignant Dust And Disquiet à la tonalité générale autour du deuil (sorti après la mort de leur bassiste Chris Friedrich), On Circles marque le retour de Caspian aux affaires ainsi que des envies de nouveauté. Des envies qui se matérialisent par l’apparition de chant à deux reprises: celui de Kyle Durfey (Piano Becomes The Teeth) sur le bien nommé “Nostalgist” puis celui du guitariste Philip Jamieson sur la conclusion “Circles On Circles”. Comme pour leurs morceaux instrumentaux, Caspian joue avec les ambiances, tantôt en pleine rêverie, tantôt plus dynamiques, toujours avec ce goût de l’inattendu avec l’apparition d’un saxo ou d’un violoncelle. Une fois de plus, une plongée dans un univers poétique unique.

CremationsDissolution Of Balance (Isolation Records)

Un peu passé hors des radars, le premier album des allemands de Cremations vaut le coup de s’y pencher pour peu que vous soyez amateurs de hardcore/punk version métallique. Monté par des membres Downfall Of Gaia et King Apathy, Dissolution Of Balance nous ramène sur les traces d’un Rise And Fall, All Pigs Must Die ou d’un Cursed pendant 23 minutes explosives contenant dix titres allant droit à l’essentiel et aux lyrics pessimistes (magnifiquement illustrés par sa superbe cover). Un excellent premier album full agressivité, qui ne réinvente rien mais qui fait du bien !

Blood MenaceThreat (Autoproduction)

Si le nom de Jake Yencik ne vous dit rien, vous connaissez sûrement son groupe principal dont j’ai fait l’éloge l’an dernier: Shin Guard (si ce n’est pas encore fait, vous devez vite écouter ça !). Blood Menace est le projet solo du bonhomme où l’on retrouve son goût pour le chaos…mais avec une violence démultipliée ! On est sur ce court EP davantage dans un mathcore extrême, touchant parfois au deathcore, et avec des structures ultra alambiquées (avec des touches death technique). Amateurs d’extrêmisme “Myspacien” façon Psyopus, Into The Moat ou encore de Methwitch, c’est pour vous !

Spook The HorsesEmpty Body (Pelagic Records)

Marchant autrefois sur les plate-bandes d’un Mogwai, Spook The Horses a surpris son monde avec ce Empty Body où les néo-zélandais ont injecté puissance, désespoir et surtout des vocaux bien hargneux à leur tambouille. Le post-rock du sextet s’est donc transformé en post-metal aussi rugueux qu’aventureux, complexe mais pas trop, tendu (avec des vocaux colériques très expressifs) mais sans pour autant devenir épuisant. Du tout bon pour les amateurs de Buried Inside ou autres groupes du style qui se passent d’accalmies atmosphériques au profit d’un épais magma en fusion.

Slow PulpMoveys (Winspear)

Sorti en plein automne (et reconfinement), Moveys est apparu alors comme un album idéal pour se laisser aller à une petite déprime aigre-douce habituelle en cette période de l’année. Originaire du Wisconsin mais désormais basé à Chicago, le groupe joue un indie-rock enrichi par des ambiances éthérées parfois quasi shoegaze (le tube “Idaho”) et des vocaux de la chanteuse, très proches de ceux de Soccer Mommy. Un excellent album, très facile d’accès et émotionnellement fort, qui accompagne idéalement les soirées post-boulot stressant.

EsoctrilihumEternity Of Shaog (I, Voidhanger Records)

Projet mené par le français Asthâghul depuis quelques années déjà, Esoctrilihum a su se faire une place à part sur l’échiquier du black metal grâce à une approche très singulière du style. Eternity Of Shaog ne déroge pas à la règle, nous offrant un trip unique et complexe où l’on se retrouve dans des contrées psychédéliques, folk et progressives entre deux assauts black metal. Le concept est audacieux, blindé de trouvailles sonores (synthétiques comme acoustiques), un peu déroutant tant les compos contiennent des paquets d’infos, mais une fois l’adhésion à cet univers si spécial accompli le pied est total. Et si vous n’en avez pas eu assez, un nouvel EP (F’htansg) est aussi sorti en fin d’année.

Emma Ruth Rundle & Thou May Our Chambers Be Full (Sacred Bones)

Scénique jusqu’alors, la collaboration d’Emma Ruth Rundle (ex Marriages) et de Thou a enfin vu le jour sur album cette année. Et si l’univers de la chanteuse et du groupe de sludge de Baton Rouge n’apparaissait pas au début des plus évidents pour une rencontre, celle-ci matche finalement particulièrement bien, notamment grâce à cette vision commune de la tristesse. May Our Chambers Be Full se pare en effet de grisaille jouant sur les nuances vocales entre sensualité et désespoir total, moments célestes et lourdeur accablante. Superbe rencontre !

Ba’alEllipsism (Clobber Records)

Premier album pour les anglais de Ba’al, Ellipsism est sur le papier un simple album de post-black de plus. On y mélange en effet blasts sur cris de corbeau désespéré avant que des arpèges/nappes atmos ne viennent combler les trous, cela peut sembler réducteur mais le groupe de Sheffield correspond parfaitement au cahier des charges du genre. Sauf qu’il ajoute à cette recette bien connue sa patte personnelle, que ce soit par un sens de la progression très intéressant (à base de dynamiques variées, parfois sludge) et des émotions poignantes mais jamais putassières. Bref, une excellente découverte à mettre dans le même panier que leurs compatriotes de Calligram ou Conjurer.

Void RotDescending Pillars (Sentient Ruin Laboratories/Everlasting Spew)

Découvert en 2018 sur l’EP Consumed By Oblivion, Void Rot s’est ensuite signalé sur un split avec les parisiens d’Atavisma un peu plus tôt cette année avant de livrer un véritable premier full-length. Descending Pillars est un album de doom/death particulièrement éprouvant allant autant chercher du côté de Krypts, de Spectral Voice ou d’Incantation, oscillant entre le caverneux du fin fond de la mine à des parties plutôt techniques. Formant pourtant un tout homogène et finalement assez monolithique, on a là de quoi se faire une bonne séance d’apnée nocturne (mais sans être sûr de remonter après).

BoundariesYour Receding Warmth (Unbeaten Records)

2020 aura vu un certain phénomène au sein des groupes de metalcore: s’inspirer des débuts du genre (d’il y a bien 20 ans), notamment de groupes comme Misery Signals, Darkest Hour et de tous ces groupes de chez Victory ou Trustkill (“soupir”). A l’instar de 156/Silence, Boundaries reprend tous les éléments d’alors (breakdowns, “panic chords”, et même quelques passages mélodeath façon Killswitch Engage) accompagnés d’une grosse voix bien imposante (mais qui sait chanter comme sur “Behind The Bend” sur des passages quasi gothiques). Un premier album bien incisif et nerveux pour une excellente remise au goût du jour du metalcore d’antan.

The Phantom Carriage7-Years Epilogue (Throatruiner Records)

Tout est dans le titre, cela faisait sept ans que The Phantom Carriage avait entamé son hiatus avant de revenir par surprise cette année. Un retour (toujours chez Throatruiner) qui montre que le temps passé n’a pas vraiment eu d’effet sur les (larges) inspirations des poitevins: mélange de black metal dissonant et de (post) hardcore à fleur de peau (parfois carrément emo au niveau vocal), ce nouvel album est une impressionnante tornade d’émotions à vif, quelque part entre colère crue et désespoir urgent. Vivement qu’on puisse à nouveau se prendre tout ça en pleine poire en live !

SpectraleArcanes (Les Acteurs de l’Ombre Productions)

Trois ans après son premier album, Spectrale fait son retour. Projet instrumental et acoustique d’un certain Jeff Grimal (The Great Old Ones), Arcanes nous replonge dans une musique mystique et introspective. Un album assez lent à se développer, évoquant tristesse et voyage initiatique au travers divers paysages sonores, on se laisse immerger dans un moment de sérénité instrumentale (seulement “perturbée” par les vocaux de Laure Le Pruhenec (Igorrr) sur le surprenant “Le Bateleur”). Un album folk très intéressant qui ne fait que confirmer le talent de son géniteur, aussi à l’aise dans ses projets metal que dans les plus calmes.

HäxanuSnare Of All Salvation (Amor Fati Productions)

Il faudrait limite un webzine consacré à sa personne tant Alex Poole (ici crédité comme A.P.) se montre productif ! Cette année le gaillard aura sorti trois albums pour autant de projets, je vous ai déjà parlé de Ringarë (black metal/dungeon synth) et plus récemment de Skaphe (black dissonant), voici Häxanu, nouveau projet aux lyrics occultes sur fond de black metal cru et mélodique à la fois. Se dégage sur ce Snare Of All Salvation une alliance d’agressivité et de mélodies épiques à l’ancienne (avec présence discrète de claviers). On se retrouve dans une sorte de blizzard sonique (mais bien produit) très simple en apparence mais très accrocheur (même les 17 minutes du titre final !).

YashiraFail To Be (Good Fight Music)

Deux ans après l’excellent Shrine qui avait été lui-même suivi quelques mois plus tard par un split avec Zao (de qui ils se rapprochent quelque peu musicalement), des choses très concrètes commençaient alors pour les floridiens de Yashira. Malheureusement, le groupe a perdu son batteur Seth Howard dans un accident de la route. Le reste du groupe lui rend hommage sur ce Fail To Be en mettant en musique certains de ses textes tout en poursuivant dans son terrifiant mélange de sludge et de hardcore chaotique, se payant même le luxe d’avoir Dylan Walker (Full Of Hell) en invité sur un titre. Quelque part entre Will Haven, Dillinger et Zao, autant dire qu’on est dans le destructeur !

IngrinaSiste Lys (A tant rêver du roi/Medication Time Records/Ideal Crash)

Composé de vieux titres retravaillés et de nouveautés, Siste Lys est le second album d’Ingrina. Le groupe du Limousin est un pur joyaux atmosphérique, faisant tournoyer dans le brouillard des riffs aériens contrebalancés de basses pesantes. Six titres massifs où l’on erre souvent dans la mélancolie avant de se faire soudain plaquer au sol avec violence. Se jouant des poncifs du post-metal, le groupe développe ses dynamiques autour d’une aura opaque servant à merveille des structures alternant fracas et accalmies (qui ne font pas pour autant descendre la jauge d’inquiétude). Mystérieux et intrigant, un superbe album qui ne se lâche plus une fois son écoute entamée.

beunz
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