2021, quelques mini-chroniques d’albums que vous avez (peut-être) manqués

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Style: diversAnnee de sortie: 2021

Et voilà, le temps de cligner des yeux et 2022 est arrivé, c’est fou comme le temps passe vite (bonne année au fait !) ! Si bien qu’on a pas eu le temps de vous parler de nombreux albums de 2021 tant cette année a été prolifique. Petite séance de rattrapage avec quelques courtes chroniques dans des genres plutôt variés…

WaysideShine Onto Me (shoegaze/grunge – autoproduction)

Premier album pour Wayside, jeune groupe australien qui aurait bien voulu naître dans les années 90 (encore un !). Shine Onto Me est un ravissement pour les oreilles pour peu que vous soyez amateurs de shoegaze, de grunge, d’emo et autres styles qui allient déprime passagère et nostalgie aigre-douce. On retrouve sur cet album de nombreuses réminiscences de Title Fight, Superheaven, Turnover ou même Deftones (sur “Moonflower” notamment), soient des usines à tubes pour grands adolescents. Et des tubes, il y en a à la pelle sur ce disque mettant en route un réel espoir de cette scène alternative.

Sewer FiendEchoes From The Cistern (death/doom putride – Dry Cough Records/Sewer Rot Records)

Duo originaire de Manchester (mais accompagné par un batteur de session d’origine équatorienne), Sewer Fiend débarque avec un premier trois-titres pour environ vingt minutes de son. Baignant son death dans une atmosphère ultra lugubre, les deux compères proposent ici un death metal trempé dans des égoûts (bien crade quoi) et n’hésitant pas à souvent ralentir pour nous écraser de tout son poids jusqu’à de malfaisantes limbes où la lumière ne passe plus du tout ! Sewer Fiend termine ce premier EP par son morceau-titre qui est aussi le plus ambitieux: dix minutes aux rythmiques volubiles et à l’atmosphère changeante mais très prenante. Une excellente révélation ayant de quoi ravir les amateurs de Thergothon comme ceux de Spectral Voice.

Trhäendlhëtonëg (ambient/black metal – autoproduction)

En voilà de l’énigmatique ! Projet solo d’un anonyme dans une langue non répertoriée par Google Translate (quoique certains lyrics sont catégorisés comme de l’albanais, peut-être une piste ?), Trhä opère depuis un peu plus d’un an dans une mixture personnelle de dark ambient (ou dungeon synth selon comment vous vous placez) et de black metal aussi cru que glacial. Les quatre titres de ce endlhëtonëg (à vos souhaits !) sont de longues divagations entre ambiances aussi envoûtantes que mystiques soudain brisées par un black metal primitif à la production excessivement raw. Voilà comment passer d’une méditation paisible à la crasse du trve black (mais non dénué d’émotions sous les grésillements). Etrange mais addictif.

SeeYouSpaceCowboyThe Romance Of Affliction (sasscore/emo/metalcore – Pure Noise Records)

En l’espace de quelques années d’existence, on a assisté à la métamorphose du phénomène SeeYouSpaceCowboy ! Parti à fond sur la piste du white belt grindcore (façon vieux Daughters et autres Tower Of Rome), le groupe de Pasadena a petit à petit intégré des passages emo à l’ancienne caressant dans le sens du poil les trentenaires qui étaient ados pendant la grande époque mêchue de Myspace. Leurs fréquentations avec If I Die First confirment cet attrait sur ce nouvel album où Connie Sgarbossa chante beaucoup plus qu’à l’accoutumée dans ce registre pouvant parfois paraître un brin mièvre. Mais à côté, le groupe ne délaisse pas son agressivité survoltée dans une version furieuse de ce metalcore version 2000’s aux mélodies, parfois forcées comme le veut le style, mais à la renversante nostalgie (coucou Underoath !).

TunicExhaling (noise/punk – Artoffact Records)

Trio canadien né à Winnipeg, le Bandcamp de Tunic ne montre que deux membres car le guitariste/chanteur a depuis décidé de quitter le groupe. Dommage (?) le groupe car Exhaling repose sur une énergique mixture de post-punk et de noise-rock, pulsée par une rythmique très enlevée et un chant très expressif. Les vingt-trois (!) titres de cet album sont in your face, urgents et grésillants dans une optique cathartique évoquant la rencontre entre The Jesus Lizard et un Converge version décharnée. Et si vous n’en aviez pas eu assez, Tunic a fait son retour un peu plus tard cette année (en octobre) avec un nouvel album Quitter, plus court mais tout aussi frénétique (pas si dommage finalement, ils s’en sortent totalement à deux !).

Waking The CadaverAuthority Through Intimidation (brutal deathcore/slam death – Unique Leader Records)

2021 a été l’année du retour du fameux combo du New Jersey ! Apparu en pleine frénésie de la scène Myspace qui s’enthousiasmait alors pour le premier EP de Job For A Cowboy (Doom, ah les souvenirs !), Waking The Cadaver avait alors divisé en signant une version encore plus brutale de ce “breebreecore” (carrément ridicule pour certains). Mis en pause depuis 2013, le groupe est donc réapparu avec cet album, plus cohérent au niveau des compos (même si l’on nage toujours dans ce mix de gros hardcore et de death metal peu nuancé) et agrémenté d’une production bien épaisse. En découle un album court (26 minutes) et à la réjouissante brutalité volubile, de quoi enfin prendre Waking The Cadaver au sérieux.

FrontiererOxidized (extrême mathcore – autoproduction)

Album après album, Frontierer repousse encore plus loin les limites de la violence et de l’audible. Tout en reprenant ses envies de déconstructions rappelant The Dillinger Escape Plan couplées au poids d’un Car Bomb ou de The Tony Danza Tapdance Extravaganza, les écossais ratiboisent tout l’espace sur ce Oxidized grâce à une production démentielle. Et si son aspect massif se prend dans la gueule avec plaisir sur les premiers titres, la fatigue fait bien vite son apparition tant la furie ne se calme jamais sur cet album. On a en fait là un prolongement des précédents albums sans véritable nuance ni surprise (entre riffs syncopés et harmoniques véhéments, entrecoupés de passages electro bien oppressants) bien que l’on trouve de prestigieux featurings (Grady Avenell de Will Haven et Kevin McCaughey de Ion Dissonance, assurément des modèles pour la bande de Glasgow), on finit vite rincé devant cet énorme cyclone de cris et de bruits. Prenez un grand verre d’eau fraiche avant. A noter que dans un style très similaire mais néanmoins beaucoup plus digeste, le dernier Sentinels (Collapse By Design, sorti chez SharpTone Records), tout aussi épais tels des petits frères cachés de Tony Danza mais un peu moins bordélique, vaut aussi son pesant de cacahuètes.

City MorgueVolume 3: Bottom Of The Barrel (hiphop-trap-metal – Republic Records)

Année bien remplie pour ZillaKami dont je vous ai parlé il y a quelques mois (de son album Dogboy plus précisément), ce dernier a aussi profité de 2021 pour se réunir avec son acolyte SosMula pour livrer le troisième volume de City Morgue. Comme à leur habitude, les beats trap dominent le flow éraillé des deux gaillards, plaçant ça et là des samples de gros riffs de guitare (sur “Mother Lover” par exemple) tandis que l’atmosphère générale joue toujours sur le glauque et l’horreur (avec parfois des références concrètes comme sur “Cabin In The Woods”). Bref, que ce soit en duo ou en solo, ZillaKami et SosMula prouvent une nouvelle fois toute l’étendue de leur créativité.

StormkeepTales Of Othertime (black metal mélo/sympho à l’ancienne – Ván Records)

Monté par des membres de Cobalt, Wayfarer et Blood Incantation (dont on retrouve le batteur au chant), Stormkeep propose un black metal comme on n’en fait plus ! Inspiré de fantasy et de Moyen-Age, le groupe originaire du Colorado nous envoie une mixture d’envolées épiques façon Emperor ou vieux Dimmu Borgir et d’ambiances touchant parfois au dungeon synth. Sur cet aspect, Tales Of Othertime rejoint un peu Obsequiae par cette faculté à faire basculer un morceau vers l’excellence au détour d’un break acoustique ou de paysages plus grandiloquents. Le charme d’antan pour l’une des belles surprises de cette fin d’année.

UraniumWormboiler (harsh noise/black metal – Sentient Ruin Laboratories)

Je ne sais pas ce qu’on est censé voir sur la cover de ce Wormboiler, un corps calciné ou des poubelles remplies de déchets radioactifs (donc à moitié dissous), ou bien les deux ? Quoi qu’il en soit, cela correspond plutôt bien à son contenu. Uranium est un one-man band ricain qui nous transporte dans un univers tout distordu et blindé de grésillements venant tout droit des enfers. Entre ambient malsain, bidouillages sonores et vocaux irritants semblant sortir des entrailles (rouillées) d’un des réacteurs de Tchernobyl, ce premier album se réapproprie le “post-industriel” d’un Godflesh en repoussant les limites de l’audible et du compréhensible, tout ce qui reste étant l’impression constante de ne pas pouvoir respirer et la peur qui en résulte.

200 Stab WoundsSlave To The Scalpel (death metal – Maggot Stomp)

Toute jeune formation montée en 2019 aux trois quarts par des membres de Subtype Zero (death/thrash), 200 Stab Wounds débarque de son Ohio natal (de Cleveland plus précisément) avec un premier long-format où hémoglobine et humour bien gras font bon ménage sous les traits d’un death metal réjouissant. Ces apparents fans de Cannibal Corpse (imagerie dessinée gore et growl de l’époque Chris Barnes) déversent en moins d’une demi-heure un mix de gore et de groove, plein de variété grâce à une multiplicité des rythmiques permettant de ne jamais s’ennuyer (mention aux cavalcades présentes dès l’introductif “Skin Milk”). Un excellent début qui n’est pas sans rappeler Sanguisugabogg, autre groupe de jeunots fans de séries Z et de death metal qui suinte. Un peu comme le Braindead de Peter Jackson, du sanglant bien fun.

A Secret RevealedWhen The Day Yearns For Light (post metal – Lifeforce Records)

Deux ans après son premier album, les allemands d’A Secret Revealed font leur retour avec un nouvel album sonnant telle sa suite logique. Entre zones éthérées post rock, lourdes nappes atmosphériques héritées de Cult Of Luna et accélérations black metal, tout aurait pu sembler balisé et sans surprise. Pourtant le groupe de Würzburg tire son épingle du jeu en modulant ses ardeurs au milieu d’harmonies touchantes (mention à l’excellent “With Blind Apathy”), alternant finesse émotionnelle et déflagrations toutes en tension pour un résultat final captivant donc très réussi. Un groupe qui mériterait une bien meilleure exposition qu’il n’a aujourd’hui, bref un secret qui mérite d’être révélé.

Four Stroke BaronClassics (experimental/space rock/prog/metal – Prosthetic Records)

Attention OVNI ! Four Stroke Baron est un duo composé de Kirk Witt et Matt Vallarino dont les ambitions musicales, quasiment sans limite, prennent vie sur ce Classics. Pouvant évoquer par moment Devin Townsend au niveau de la créativité, les deux gars du Nevada développent en un peu plus de cinquante minutes un univers excentrique (auquel il faut un moment d’adaptation) où pop et metal se rencontrent au milieu d’une atmosphère synthétique, parfois bizarre lorsque la voix apparait trafiquée (sur “Khera” par exemple, alors qu’elle possède autrement une tessiture aussi chaude que mélancolique à la manière de Tears For Fears). Et si on s’égare parfois au milieu de ce mix improbable de sonorités new wave et de gros groove djent/néo metal, ce son si singulier surprend à de très nombreuses reprises par ses trouvailles mélodiques, nous plongeant dans un mélange de mystère et d’euphorie. Inclassable mais très séduisant.

Vertebra AtlantisLustran Purge In Cerulean Bliss (atmo/chaotic death/black metal – I, Voidhanger Records)

Vertebra Atlantis est le projet le plus récent du dénommé G.G, italien de son état déjà aux commandes de multiples projets tels que The Clearing Path ou Cosmic Putrefaction. Pour ce projet-là, il est accompagné de deux potes issus de la scène UG transalpine avec un batteur provenant des très bons bûcherons Husqwarnah et un bassiste/crieur actif dans d’obscurs groupes de black metal. Pour ce premier album, les trois gaillards réalisent un mix personnel de black et de death metal bien complexe, blindé de changements de tempo, d’avalanches de notes se brisant soudain via de surprenantes accalmies, et tout ça sur fond d’atmosphères très prenantes contrebalançant les dissonances. Un peu à la manière d’un Artificial Brain ou d’un Ulcerate dernière mouture bien qu’ils parviennent à s’en distinguer. Bref, un album difficile à décrire mais des montagnes et cascades de sensations où violence et subtilité vont de pair.

Pillars Of IvoryThe Biblical Scripturez (hiphop meets hardcore – Triple B Records)

Quand des coreux (issus de Mindforce et Death Threat) décident de combiner leurs habitudes sonores avec du hiphop, ça donne Pillars Of Ivory. En trois titres (dont deux bien longs dépassant les treize minutes), le groupe fait donc cohabiter flow et groove hiphop se faisant soudain suivre par des éruptions métalliques et hargneuses. A suivre telle une lecture revisitée de la Bible (Genèse, Exode, Lévitique), les séquences se suivent et ne se ressemblent pas, les directions étant diverses, marquées d’une narration propre au groupe et agencées façon mixtapes, de manière à ce que l’on ne lâche plus l’écoute. Plus succinct que les deux titres précédents (mais avec quand même plus de cinq minutes au compteur), “Leviticus” condense de manière encore plus efficace leur propos, entre phases nerveuses et moments hypnotiques quand s’amène une voix féminine. Une mixture aussi ambitieuse qu’originale.

beunz
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