Computer Kill – S/T (autoproduction) – synthpop tubesque
Premier EP pour ce jeune projet de Baltimore. Computer Kill débarque avec un son complètement entêtant, quelque part entre (hyper)pop et synthpop qui vire parfois à la darkwave. Cinq titres parfaits entre naïveté dansante (“Trouble”), hit faussement désenchanté (“Haunted”), relents de post-punk (“Not Normal”, “Do It”) et un titre particulièrement déchirant pour conclure (“Sing And Play”). Bref, tout est là pour faire un carton, alors qu’est-ce qu’on attend ?
Vesperine – Perpétuel (Autoproduction) post-hardcore
Originaire de Lyon, Vespérine déploie depuis une dizaine d’années une approche toute personnelle du post-hardcore. Enregistré chez Amaury Sauvé (faut-il encore le présenter ?!), le groupe propose avec ce Perpétuel un nouvel album enrichi en sludge et en post metal, bouillonnant, complexe mais au retentissement émotionnel se diffusant chez l’auditeur petit à petit, le temps de digérer ces titres tentaculaires. Superbe révélation !
Beach Novels – Flowers From Your Garden (gothfather) – emo/post-hardcore/rock alternatif
Il y a des clics hasardeux qui vous font découvrir des groupes marquants, c’est le cas pour ce jeune groupe du Mississippi multipliant les singles et EP. Flowers From Your Garden arrive comme une bouffée d’air frais dans cette scène alternative US. Entre indie, emo et même des passages carrément hardcore (le virulent “Leave Me Alone”), Beach Novels signe un premier album délectable pour peu que l’on soit amateur de la facette la plus douce de Title Fight, de Turnover ou bien de vieux souvenirs de soirées d’été.
Nitritono – Cecità (My Kingdom Records) post metal
Groupe originaire de Cuneo, les italiens de Nitritono proposent avec ce Cecità un premier EP d’un post metal annoncé du côté de Cult Of Luna ou Neurosis, soient les valeurs sûres du genre. Et si la tendance se révèle bien vraie dès les premières mesures de l’album, la suite va quelque peu surprendre. Tout d’abord le chant va souvent s’éclipser sans pour autant causer de manque, les piémontais étant experts en textures variées où explosions de force et arpèges mélancoliques se complètent harmonieusement. Puis le groupe va montrer sur “25 Aprile 1945” son goût pour les bidouillages et expérimentations, un titre un peu désorientant. Un premier album digne d’intérêt par son approche du genre, “classique” mais personnelle à la fois. A suivre sur long-format !
Heavenly Blue – We Have The Answer (Secret Voice) screamo/emoviolence
Sorti sur Secret Voice (label du chanteur de Touché Amoré), le nouvel album de Heavenly Blue, septet du Michigan, vient allier screamo et emoviolence des origines. Oeuvrant dans un maelström d’émotions couplé à une optique stridente héritée des Jeromes Dream ou encore Bucket Full Of Teeth, We Have The Answer lie agressivité quasi constante (avec quelques touches du côté du vieux metalcore) et mélodies touchantes (avec aussi quelques passages post-rock), apportant là une certaine mélancolie sous-jacente. Avec son choix de production à l’ancienne, on a l’impression de revivre le temps d’un album la frénésie de la fin 90’s/début 2000’s où les sorties du genre (aujourd’hui cultes pour certaines) étaient légion. Remarquable album !
Kvadrat – The Horrible Dissonance Of Oblivion (Total Dissonance Worship) black/death metal dissonant
Vous aurez remarqué que les mots “dissonant/dissonance” figurent trois fois ci-dessus, coïncidence ? Et si je vous disais oui ? Bon ok, Kvadrat vient de Grèce et adore les dissonances, il en met partout afin de transformer son black metal en une sorte de cacophonie bien perturbante. On plonge dans ce cauchemar ultra opaque sans savoir quand et comment on va en ressortir. Puis passé l’effet de surprise, le syndrome de Stockholm peut se mettre en route, l’horreur sonore en devenant fascinante. Simplement du bonheur pour les Deathspell Omegagas et autres Ulcerateux.
Replicant – Infinite Mortality (Transcending Obscurity Records) death metal technique et dissonant
“Il m’en reste un peu, je vous la mets quand même ?” Oui, je parle bien là de dissonance puisque Replicant, expert en la matière ne fait pas semblant quand il s’agit de fissurer la boite cranienne: plans de guitare et de batterie simplement déments tandis que les vocaux de cadavres en putréfaction complètent le tableau. Entre ses riffs inspirés de Gorguts (difficile de ne pas y penser) et ses grooves qui nous emmènent du côté d’Ion DISSONANCE (ça suffit maintenant !), on obtient un album phénoménal, à la technique incroyablement affutée et à la violence millimétrée. Grosse claquasse dissoquoi ?
Tetsuo – Dots (Hypershape Records) post metal/sludge
Projet italien né en 2019 tout instrumental, Tetsuo a trouvé sa voix (rocailleuse) pas trop longtemps après, ce qui a donné au groupe une nouvelle dynamique. On retrouve ainsi dans ce Dots un mélange de sludge et autres trucs en “post”, particulièrement immersif grâce à une gestion aux petits oignons des atmosphères, entre tension, colère et quelques respirations venant “calmer” le désespoir. Bref, si vous n’en aviez pas eu assez avec Nitritono, voici une autre mise à jour transalpine très convaincante du “Cult Of NeurIsis”.
Erra – Cure (UNFD) metalcore
Après vous avoir parlé de Ghost Atlas, projet gentillet du leader Jesse Cash, Erra fait son retour avec un nouvel album bien puissant. Riffing metalcore allant souvent du côté de Parkway Drive, mélodies allant titiller Architects (notamment sur “Rumor Of Light”), Cure apparait comme une synthèse de ce qu’Erra pouvait nous offrir jusqu’à présent. Et même si la recette est loin d’être inédite, le groupe de l’Alabama donne souvent dans l’efficacité, dans le sillage de leurs collègues de roster Silent Planet ou Northlane.
Amiensus – Reclamation: Part 1 (M-Theory Audio) black metal atmosphérique/folk/progressif
Rien à voir avec la Picardie, Amiensus est un groupe de l’Illinois bien confirmé (avec des membres de Chrome Waves ou d’ex-Ghost Bath) sortant ici son quatrième album. Ou plutôt une première partie d’album comme son nom l’indique ! Le groupe se joue ici des étiquettes, proposant un voyage sensoriel ambitieux, aux vagues de douceur complétées par des instruments acoustiques, des progressions renversantes et des mélodies poignantes laissant place à l’introspection. Fans d’Alcest et d’Agalloch, vous êtes au bon endroit ! Vivement la Part 2 !
Slug Gore – They Slime! They Ooze! They Kill! (Time To Kill Records) death metal/grindcore
Nouveau venu dans la scène italienne (formé en 2022), Slug Gore entend jouer avec la brutalité sonore sous quasiment toutes ses formes. Avec ses inspirations venues du cinéma d’horreur (c’est écrit dans leur nom !), le quartet italien s’amuse à balancer de gros grooves catchy et des accélérations slam death ravageuses (pour ne pas dire débiles), voire plus punk hardcore (“Overthrow the Surface”). Comme ses acteurs, on passe un moment fun avec eux, plein d’énergie et de bonne humeur !
Cloud Nothings – Final Summer (Pure Noise Records) indie/pop-punk
Et Cloud Nothings signa chez Pure Noise Records ! Un peu éclipsé par la sortie alors imminente du nouveau Knocked Loose, ce nouvel album du groupe de Dylan Baldi vaut pourtant le détour pour sa capacité à proposer des tubes faussement naïfs venant toucher profondément (le simplissime “Daggers Of Light” notamment). Conservant son côté nonchalant provenant du grunge (l’énervé « I Get Along »), le groupe y ajoute quelques synthés et des refrains toujours entêtants. Jolie réussite.
Mòr – Hear The Hour Nearing! (Les Acteurs de L’Ombre Productions) black metal
Jeune projet contenant des membres de Sordide et d’Iffernet, Mòr débarque chez Les Acteurs de l’Ombre avec Hear the Hour Nearing!, premier album de black metal s’inspirant de ses différentes écoles, plus ou moins modernes mais avec un fond atmosphérique permanent. Un premier chapitre qui base en effet essentiellement son propos sur des riffs mélodiques froids mais très entrainants, un peu comme un blizzard dans lequel on reste bien volontiers. D’excellents débuts pour les rouennais !
Rew – Rewin (Born Losers Records) shoegaze/ambient/alternative/noise
Véritable curiosité sonore, Rew est le projet d’un certain AndRew Fusca, gars du Delaware qui aurait souhaité jouer dans un groupe de rock alternatif ou d’emo, sauf qu’il est tout seul et qu’il a envie de foutre plein de sons synthétiques dans sa mixture. Bah qu’à cela ne tienne, Rewin, son nouvel album évoque à la fois Baths et Narrow Head tandis que les textures et glitchs distordent ces paysages pop/rock fragiles dans une sorte de transe à la saturation obsédante. A découvrir !
Olamot – Path Of Divinity (Lethal Scissor Records) brutal death metal
Projet débuté en 2021 à deux, Olamot a connu un vrai renouveau l’an dernier en accueillant pas moins de quatre nouveaux membres dont un préposé aux orchestrations. Ces dernières viennent parfois surplomber des compos particulièrement féroces, à l’image du vocaliste qui donne dans l’imposant. Des mélodies (parfois sympho un peu à la manière d’un Fleshgod Apocalypse) venant aider des morceaux basés sur la virulence et la technique, ce qui donne un album plus subtil et moins bas du front qu’il n’y parait. Plutôt efficace !
Throwing Bricks & Ontaard – Oud Zeer (Tartarus Records) post metal/sludge
Double dose de sludge/post machin hollandais avec ce split ! On retrouve les très bons Throwing Bricks, découverts en 2022 avec leur album The Burden. Le groupe poursuit ici dans son sludge/post metal aux sinuosités se révélant vite épiques grâce à des vocaux très expressifs (rappelant Benea Reach) et une diversité de riffs tantôt pesants, tantôt plus mélodiques (avec renfort d’un violoncelle mélancolique en seconde partie du puissant “A Selfish Symphony”, ou une voix féminine sur “Abandon Me”). Ontaard, quant à lui, complète le tableau avec deux titres lourds, tourmentés et lancinants aux vocaux féminins parlés/criés superposés. Deux visions du post metal made in Nederland hautement appréciables.
Soft Kill – Escape Forever (Cercle Social Records) post-punk
Tobias Grave n’en a jamais assez ! Alors qu’on n’est pas encore lassé de l’incroyable Metta World Peace sorti il n’y a même pas un an, revoilà le gaillard armé d’un Escape Forever qui vient illuminer la déprime installée par l’album précédent. En effet, ce nouvel album sonne curieusement beaucoup plus “ensoleillé” voire léger tout en conservant sa patte mélancolique hautement reconnaissable mais davantage au second plan ici. Entre “Joy Is A Crime” ou le punky “Kia Boys Don’t Cry”, Soft Kill aligne les tubes et semble aujourd’hui plus positif que jamais.
Full Of Hell – Coagulated Bliss (Closed Casket Activities) grind/noise/punk/hardcore
Un an après leur étonnant split en compagnie de Nothing, Full Of Hell revient en solo avec un nouvel album où l’on retrouve leur grind signature entrecoupé de passages noise. Rien de neuf sous le soleil donc ? En fait si, la bande à Dylan Walker injecte ici à sa recette de généreux passages punk hardcore dans l’esprit de Converge (le morceau-titre ou bien “Malformed Ligature” où l’on retrouve… Jacob Bannon comme par hasard !), parfaitement complétées par des accélérations grind façon Agoraphobic Nosebleed (période Agorapocalypse) comme sur “Transmuting Chemical Burns” et par ces moments noise virant parfois carrément à l’indus (“Fractured Bonds To Mecca”), et même une incartade sludge/doom (“Bleeding Horizon”). Un renouveau très ouvert d’esprit donc. Un excellent nouvel album pour un groupe n’ayant plus rien à prouver et faisant ce qui lui plait.
Pas mal de choses à rattraper, merci !
Je retiens Vesperine, Heavenly Blue, Cecità et jetterai une oreille à d’autres. Merci pour le boulot.
Merci pour le retour, cher confrère ! ;)