thrown – EXCESSIVE GUILT (Arising Empire) neo metalcore
A côté des Graphic Nature et autres Alpha Wolf, la scène neo metalcore semble être en ébullition avec plein de jeunes pousses bien énervées. Repérés depuis une paire d’années, les suédois de thrown (sans majuscule) se réapproprient gimmicks néo groovy (ça a bien écouté Korn apparemment !) et intensité moderne du metalcore plus récent. Avec son habillage atmosphérique penchant parfois vers le hip hop ou la drum’n’bass, le groupe évite avec soin le chant clair au profit d’une agressivité toujours dans le rouge (avec notamment une lourdeur de basses faisant bien mal !). Si vous voulez autant mosher que jumper, c’est pour vous !
Black Birch – S/T (Trust No One Recordings/Fiadh Productions/Blastbeat Vinyl) black metal atmosphérique/crust/post metal
Duo mixte suédois ayant sorti au compte-goutte tous ses morceaux en version singles l’an dernier (donc douze singles, eh oui !), Black Birch les compile ici sur un même support. Ce premier album propose donc un black metal désespéré contenant quelques accélérations crust ainsi que des atmosphères contemplatives issues de ces scènes “post”. Un mélange qui happe aisément pour peu que l’on soit amateur de cris déchirés (Gina Wiklund étant saisissante de douleur) et de déluge harmonique hypnotique. Un poil long certes (on dépasse l’heure de jeu) mais une maîtrise des éléments permettant de ne jamais exprimer de lassitude. Chaudement recommandé aux amateurs de Downfall Of Gaia, Ghost Bath ou de vieux Wolves In The Throne Room.
Missouri Executive Order 44 – Salt Sermon (The Ghost Is Clear Records/Leaning Curve Records) noise/grind/chaotic hardcore
Jeune groupe originaire du Midwest, Missouri Executive Order 44 (de Kansas City) tient son nom d’un processus d’extermination ou d’exil forcé des populations de mormons venues s’implanter dans l’Utah en 1838. Une page méconnue de l’Histoire des Etats-Unis qui inspire donc cette formation livrant ici un premier album bien barré, entre grind, mathcore et noise, rappelant pas mal l’oeuvre des regrettés Some Girls ou Tower Of Rome, tout en allant parfois dans une folie héritée de Chat Pile version arraché (“I Would Kill Anyone For You”) et ajoutant quelques voix/bizzareries sonores en plus, concernant la religion essentiellement. Une critique expéditive (15 minutes au compteur) et toute en frénésie de cette “chasse aux sorcières”.
Eye Eater – Alienate (autoproduction) death dissonant mais atmosphérique
Peu d’informations sur Eye Eater (la page Metal-Archives étant quasiment vide, tout comme la page Bandcamp) mis à part que ce projet vient de Nouvelle-Zélande. Ce mangeur d’oeil vient donc du même pays qu’Ulcerate et a semble-t-il ses compatriotes comme inspiration première ! Cependant, un peu comme sur leur dernier album, les dissonances se voient volontiers accompagnées de mélodies. Des mélodies complexes mais qui parviennent à maintenir le pouvoir d’accroche au beau fixe via des notes cristallines (“Glyphs” et sa jolie intro) ou par une densité de textures juste éblouissante (l’incroyable “To Wish Death Upon Us All” qui possède un inattendu chant clean touchant avant un superbe final). Bref, de quoi illuminer ces impressionnants débuts pour ce mystérieux groupe.
Carthage – A Collection Of Works (Little Prick Records) screamo
On reste en Nouvelle-Zélande avec le premier album de Carthage, jeune formation d’Auckland qui officie dans un screamo aux nombreuses ouvertures, illustrées notamment par le titre d’ouverture “Illustrating California” et son final ralenti. D’accélérations furieuses en tempérances mélodiques via des arpèges touchants, le groupe aime le grand écart mais retombe toujours sur ses pattes grâce à sa gestion aux petits oignons de la tension et des mélodies. Un “mix d’écoles” (emoviolence, post-hardcore, blackened etc.) qui fonctionne totalement pour une très solide découverte.
Kurokuma – Of Amber And Sand (autoproduction) doom sludge/stoner psychédélique
Découverts il y a deux ans avec leur Born Of Obsidian, les anglais de Kurokuma reviennent avec un second album aussi pachydermique qu’aventureux. En effet, le groove gras du sludge psychédélique se veut déjà hypnotique mais le groupe s’amuse à y intégrer pas mal de trouvailles, à commencer par les mélodies orientales de l’énorme titre d’ouverture “I Am Forever”. On notera que sur ces onze pistes, on compte en réalité seulement six “vrais” morceaux dans l’esprit d’un Conan (mais pas que, les dynamiques étant très variées), les autres étant de courtes pistes atmosphériques prenant l’auditeur “du début de l’existence jusqu’à l’infini de l’au-delà”. Alors si tu aimes ton sludge/doom épique et surprenant, c’est pour toi !
lip – rats (Slow Down Records) bedroom emo/post-hardcore/screamo/alt rock
Projet irlandais mais basé à Londres, lip propose là un réjouissant premier EP quatre-titres où l’on sent que les influences ont été puisées à multiples endroits. Démarrant par un “barnet grove” d’ouverture particulièrement ravageur (mais sensible), on s’oriente ensuite dans une sorte de garage/screamo très cru (“good question”), allant ensuite dans un puissant post-hardcore (“may”) jusqu’à enfin l’explosive conclusion “shatter”, plus noisy mais au superbe final euphorisant. Un premier EP à la croisée des genres, abrasif, immédiat et particulièrement efficace, ne souffrant aucunement de sa batterie programmée façon bedroom pop (ça aurait pu être un point faible, mais finalement non, ça rend le grain de production plus authentique). Bref, ça donne déjà envie d’en entendre plus !
Berenice – S/T (APF Records) sludgy grindcore/crust
(Apparemment) jeune formation britannique, Berenice débarque ici un second EP de quatre titres d’un grindcore au grain crust/sludge. L’optique est donc particulièrement furieuse, avec des vocaux aboyés dans un micro sursaturé tandis que les instruments tranchent autant qu’ils avoinent pour un résultat punitif dans l’esprit d’un Nails ou d’un All Pigs Must Die. Rien de révolutionnaire ici,simplement un EP idéal pour se passer les nerfs.
Koldbrann – Igen Skånsel (Dark Essence Records) black metal
Aussi étonnant que cela puisse paraitre, Koldbrann n’en est qu’à son quatrième album en vingt-trois ans d’existence ! Le groupe mené par Mannevond (Nettlecarrier et récemment arrivé comme chanteur chez Craft) brise donc onze ans de silence avec ce nouvel album renouant avec ce qu’on leur connaissait déjà: un black metal “pur” dans l’esprit de groupes comme Tsjuder, avec ce qu’il faut de laideur et de pouvoir d’accroche (notamment via quelques mid-tempo ainsi que d’entraînant trémolos comme celui de “I Unaturens Vold”), ce dans un esprit raw mais pas trop. Plus varié qu’il n’en a l’air dans sa noirceur héritée des années 90 (de Gorgoroth à Satyricon), un album qui n’aura normalement aucun mal à conquérir les fans du genre.
Sonagi – Everything Is Longing (Secret Voice) screamo/noise/hardcore mélodique
Groupe de Philadelphie composé de membres de The Saddest Landscape, Capacities, Closer et Pique, Sonagi revient suite à son Precedent (2022), premier album de qualité (découvert sur le tard pour ma part). Everything Is Longing est un EP de quatre titres d’un screamo intense pris dans un voile assez noisy (le grain est particulier) et mené par un vocaliste touchant dans ses plaintes désespérées. Un désespoir qui prend d’ailleurs encore plus d’intensité sur la conclusion “Grief Tourist” où Erica Shultz, chanteuse de Nuvolascura, qui vient poser quelques cris arrachés. Encore une très bonne pioche pour Secret Voice (qui, rappelons-le, est le label de Jeremy Bolm de Touché Amoré).
Trench – Between Inverted Worlds (New Damage Records) metal/hardcore futuriste
Groupe canadien (de Calgary) inconnu à mon bataillon avant d’avoir cet album entre mes oreilles, Trench est un quartet ayant déjà sorti un album en 2020 (Blossom) avant celui-ci. Un nouvel album mixant metalcore et deathcore à un univers sci-fi/futuriste contenant quelques effets dans l’esprit. Mais là où le groupe se distingue, c’est par la diversité (et le prestige) des invités présents sur ce Between Inverted Worlds: entre leurs compatriotes de Comeback Kid (le surpuissant “Path Of Pain”), City And Colour (le surprenant “Dust To Bone” et ses parties chantées délicates… un poil casse-gueule), Wake (“Chrome Sacrament” où l’on passe d’accélérations blastées à de gros breakdowns) et encore Cult Of Luna (où la lourdeur côtoie leur facette atmosphérique). Et le reste du disque, ce sont de gros coups de boutoirs contrastés par quelques zones plus aérées, mais c’est bien pour se faire violenter qu’on est là !
Phenocryst – Cremation Pyre (Blood Harvest) death metal
Quartet portugais appréciant autant les volcans (on s’en serait douté vu la cover, mais c’est aussi leur thème principal dans leurs lyrics) que Bolt Thrower et Grave Miasma. On retrouve en effet dans ce Cremation Pyre une alliance de riffs gras essentiellement basés sur du mid-tempo et un râle caverneux (voire rocailleux pour rester dans le thème) auxquels s’ajoute un côté atmosphérique (quasiment death/doom par moments) nous faisant vouloir écouter ce premier album jusqu’à son terme sans sourciller. Aisément dans le haut du panier des sorties death de 2024 !
Enumclaw – Home In Another Life (Run For Cover Records) rock alternatif/indie/grunge
Groupe à part dans la scène indie/rock US (comme sur leur label Run For Cover Records), Enumclaw tire sa personnalité tant par sa faculté à créer des morceaux rock au grain brut, que par le timbre de son vocaliste Aramis Johnson (oui comme le mousquetaire !). Celui-ci dégage un mélange de nonchalance et de pessimisme s’accordant sans souci avec le son abrasif de ses comparses. Home In Another Life apparait donc comme une nouvelle collection de tubes entre nostalgie, narration originale et un sens de l’accroche sans nulle autre pareille.
Modern Rites – Endless (Debemur Morti Productions) black metal atmosphérique
Projet helvéto-américain monté par la tête pensante d’Aara (ici renommée Katalyst) et de celle de Kuyashii (post metal), Modern Rites s’est distingué il y a trois ans avec son premier album Monuments, déjà sorti à l’époque chez Debemur Morti Productions. Endless en propose une suite hautement atmosphérique mais sans effet pompeux, simplement ce qu’il faut de froideur et d’émotions pour compléter le black metal hypnotique du duo (mention à “Lost Lineage” et sa mélodie obsédante en guise de refrain). Une réussite qui se mange sans faim et s’écoute sans fin.
To Be Gentle – Inner Child Healing (autoproduction) screamo
To Be Gentle semble avoir une inspiration infinie, le groupe de Portland est un peu difficile à suivre tant dans ses sorties (avec un gros rythme de production ces dernières années) que dans son line-up (les photos du groupe apparaissant dans Google montrant différents nombres de personnes, mais étant apparemment avant tout un projet solo… ou pas ?). Quoi qu’il en soit, ce nouveau chapitre est une fois de plus passionnant et très intense s’intéressant aux blessures de l’enfance, entre screamo typique et ses dérivés plus crus voire plus sensibles, on se fait embarquer dans des cascades d’émotions. De quoi donner envie de tout casser en pleurant.
Duhkha – A Place You Can’t Come Back From (Good Fight Music/Escapist Records) gros hardcore/metal
Comportant des membres aux profils divers (provenant de/étant passés chez Graf Orlock, Eighteen Visions, Seizures, Tzompantli ou encore Teeth), Duhkha sort là un premier album qui n’y va pas avec des pincettes. Avec sa recette typique à la manière d’un Coalesce (le timbre râlé du vocaliste), on est dans un hardcore métallisé teinté de death metal et marqué de gros breakdowns bien lourds (parfois à la lisière du doom). Un réjouissant bond dans le passé (fin des années 90/débuts 2000) pour un album primitif et gras. Vous n’en reviendrez peut-être pas…