Devenial Verdict – Blessing Of Despair (Transcending Obscurity Records) death progressif atmosphérique
Devenial Verdict est un groupe qui aime prendre son temps ! Formé en 2006, le groupe finlandais aura attendu huit ans avant de sortir un premier EP (suivi d’un second deux ans plus tard) puis six nouvelles années de silence radio avant d’enfin sortir un premier album (en 2022) et enfin ce Blessing Of Despair ! Le quartet (possédant l’ancien bassiste de Hooded Menace) y propose un death metal à part, possédant des progressions nuancées, des grooves musclés, quelques dissonances (l’ombre d’Ulcerate n’est pas très loin) et des mélodies particulièrement marquantes. On y perçoit aussi quelques influences de Gojira et de Morbid Angel, mais avec assez de toucher pour nous immerger très agréablement. L’une des grosses sorties death de cette fin d’année, voire de l’année tout court !
Soumbalgwang – Fire & Light (Ozoriworks/Poclanos) screamo
Originaire de Corée du Sud, Soumbalgwang est un groupe méconnu par chez nous mais qui a déjà sorti deux albums et un EP par le passé. Le combo de Busan pratique un hybride de screamo plutôt mélodique et tourmenté tout en étant pris dans une noirceur très prononcée. Avec ses spoken words fréquents, le lien avec Envy est rapidement fait, mais Fire & Light sait s’en distinguer en optant pour une approche plus directe et, disons, moins poétique que les japonais (bien que “Hope” nous donne un léger répit). Avec des moments forts et déchirants comme sur “Hammer” ou le frénétique “Pupil” (qui possède une trompette freestyle), ce nouvel album s’illustre surtout par son ambiance générale particulièrement moribonde. A découvrir !
Common Wounds – All Night Blood (Protagonist Music) noise/post-hardcore
Nouveau venu sur la scène noise/hardcore de Phoenix (Arizona), Common Wounds est composé de membres de groupes comme Landmine Marathon (c’était bien ça), Suicide Nation ou encore Run With The Hunted. Avec leurs dégaines de papas, le quartet débarque donc avec un premier album (suivant un EP sorti l’an dernier) qui mixe là les références noise que sont Unwound ou Chokebore avec un esprit plus métallisé avec des riffs grassouillets Mastodoniens et un chant éructé désenchanté. Tout ça avec une énergie communicative, des émotions essentiellement à vif et de vrais “tubes” en puissance tels que “Broken Hands” ou “Mile Marker”.
Maul – In The Jaws Of Bereavement (20 Buck Spin) death metal
Après un surprenant premier album (Seraphic Punishment) marchant sur les plates-bandes de groupes comme Tomb Mold, les six gars du North Dakota (de Fargo plus précisément) étaient quelque peu attendus au tournant pour savoir si l’on allait avoir une confirmation. L’EP de 2023 (Desecration and Enchantment) a surpris par sa facette plus prog, et ce nouvel album ouvre encore une nouvelle direction, ajoutant là des envies de moshparts et même de deathcore bas du front. Des envies de groove qui se matérialisent par des compos simplissimes, ultra heavy mais malheureusement très vite oubliables malgré la présence de Vincent Bennett (The Acacia Strain) sur le morceau-titre. De belles promesses à leurs débuts et l’étrange impression aujourd’hui d’avoir à faire à un groupe qui se cherche encore…
Feral Light – A Reckoning With The Intangible (autoproduction) black metal
Duo du Minnesota composé notamment d’ex-membres de Wolvhammer, Feral Light a sorti ce cinquième album comme album final. Un peu curieux puisque le groupe est récemment passé au format trio en accueillant le bassiste et le batteur d’Annihilation Cult et Aberration. Quoi qu’il en soit, ce nouvel album propose un black metal n’ayant pas peur de s’étirer en longueur (avec un titre dépassant le quart d’heure), mené par une voix putride. Entre vélocité et atmosphères plus progressives amenant d’inquiétantes mélodies, le groupe parvient à ses fins en nous immergeant dans une recette personnelle du genre, blindée de subtilités malgré l’aura délétère. RIP.
S.H.I.T. – For A Better World (La Vida Es Un Mus/Iron Lung Records) punk hardcore
Groupe canadien au nom poétique, S.H.I.T. vient nous proposer à sa manière de faire un monde meilleur. Et quoi de mieux qu’un punk hardcore bien crade à base de guitare qui crachote (en étant audible), de poumtchack frénétique et de vocaux crachant ses meilleurs glaviots sur la société actuelle. Alors certes, on est dans du très binaire mais l’énergie et la gouaille punk dégagées ici peuvent sans souci faire office de réveille-matin .
Mother Of Graves – The Periapt Of Absence (Profound Lore Records) doom/death mélodique
Quand on a un album qui sort chez Profound Lore Records, on s’attend souvent à passer un moment exigeant et plutôt difficile. Pourtant malgré le style pratiqué (le doom/death), Mother Of Graves va proposer une musique très en marge des productions habituelles de son label. The Periapt Of Absence (son second album) nous entraine dans une vision du style plus limpide que nombre des autres groupes. Optant pour une mélancolie de tous les instants et des mélodies puissantes (voire plus lumineuses comme le passage accéléré de “Shatter The Visage”), on a là une proposition lourde mais prenante, bardée de nombreuses variations. Fans de vieux Katatonia, Paradise Lost ou encore Novembers Doom, vous pouvez venir vous enterrer ici (avec ou sans votre maman) en toute quiétude.
GXLLIUM! – Breakup Songs (Zegema Beach Records) chaotic hardcore/emoviolence
Ne vous fiez pas à son introduction electro étrange parlant de chats, GXLLIUM!, ce sont des Teletubbies qui nous balancent un cocktail bien secoué à base de bordel sonore particulièrement réjouissant. Mixant chaos, screamo/emoviolence, gros breakdowns et même quelques trucs en “post”, les dix minutes de Breakup Songs peuvent paraître un peu décousues (même si elles sont expédiées à toute vitesse) mais nous ramènent au bon souvenir de groupes comme Me And Him Call It Us, The Sawtooth Grin ou Heavy Heavy Low Low.
Walking Wounded – Bestial Condemnation (Relapse Records) brutal metallic hardcore
Malgré les apparences, Relapse n’en a pas fini avec les groupes affiliés hardcore. Walking Wounded en joue certes mais s’inspire beaucoup de groupes de death, Suffocation en tête. Bref, le groupe originaire d’Ohio sonne aussi gras qu’énervé, offrant de généreux breakdowns, des accélérations façon Nails (“Depravity”) et du groove à foison donnant envie de bouger ses voisins dans le pit. Alors certes, il y a aujourd’hui de nombreux groupes dans le créneau (End se taillant la part du lion) mais ce Bestial Condemnation remplit pleinement son contrat.
Clot – Dehiscence / Hostility (autoproduction) grind/death/powerviolence/noise
Un peu à la manière d’un Knoll ou des débuts de Full Of Hell, Clot est un jeune groupe donnant l’impression qu’il a envie de brûler les étapes en sortant des albums et EP le plus vite possible: et pour le coup il en a sorti deux le même jour ! Une comparaison qui tient aussi dans l’optique musicale de ce quintet d’Atlanta, œuvrant dans une mixture tendue de grind arraché et oppressant, Dehiscence se compose de quatre titres plutôt structurés et ravageurs, pris dans une ambiance de folie morbide. De son côté, Hostility n’y va pas par quatre chemins et envoie des formats (parfois très) courts aussi haineux que tranchants expédiés en moins de cinq minutes chrono avec les blasts-beats à l’honneur (même si “The Brazen Bull” ira de son passage écrasant). Une excellente double-dose de noirceur dissonante, en version autoproduite.
Oranssi Pazuzu – Muuntautuja (Nuclear Blast) weird avant-garde (black) metal
On termine cette sélection par l’une des grosses sensations de cette fin d’année. Les finlandais d’Oranssi Pazuzu, connus pour leur vision singulière de leur black metal ont décidé de ne pratiquement plus en mettre dans leur musique. L’une des dernières traces étant ces vocaux acérés, mais tout le reste ne sonne plus vraiment dans cette optique, Muuntautuja nous entraînant dans un trip halluciné, très riche en expérimentations sonores, aussi repoussantes qu’obsédantes. Comme un cauchemar éveillé (“Voitelu”, ses voix déformées et son piano lugubre) dans lequel on reste bien volontiers tant il est hypnotique, ce nouvel album renouvelle l’approche (déjà unique) des finlandais, invitant à l’exploration de cet univers bizarroïde et effrayant, libre de toute convention. Une place bien méritée dans de nombreux tops de l’année l’attend forcément.
Merci pour la découvert du Common Wounds Camarade! J’accroche à fond.
Avec grand plaisir :)