Oriska – S/T (Mind Over Matter Records/Init Records) sludge/blackened post metal
Oriska, ce sont sept anglais (de Londres) qui aiment le post metal quand il est épique et atmosphérique. Ayant apparemment pas mal écouté Fall Of Efrafa et Anopheli, le septet débarque avec un premier album (ou gros EP) contenant le même type de désespoir lancinant, soit un cocktail de beauté (notamment grâce à l’apport d’un violoncelle) et de larmes, mais allant régulièrement dans l’acide black metal quand ça accélère (vocalement aussi). Un modèle de puissance cathartique à découvrir.
Saltwound – The Temptation Of Pain (Sharptone Records) deathcore
Avec sa cover nous présentant une dégustation d’oursins ayant mal fini, Saltwound interroge déjà sur la teneur de sa musique, ça va faire si mal que ça ? Alors certainement si vous n’êtes pas adepte de deathcore (et dans ce cas, vous pouvez déjà passer à la mini-chronique suivante) mais l’approche du genre de ce jeune trio de Sacramento vaut tout de même le détour. Par sa faculté à intégrer des éléments provenant du hardcore (au niveau vocal) ou du metalcore premier du nom (son énergie et de bonnes moshparts), cet album évite judicieusement de tomber dans le pompeux en restant méchant quoi qu’il arrive. Pas l’album de l’année mais un bon divertissement.
Ritual Error – Dial In The Ghost (TNS Records) post-hardcore/noise
Etant apparu en 2022 avec une démo, voici donc un premier album pour le trio londonien Ritual Error. Le groupe est apparemment un grand fan de la scène noise/hardcore des années 90, se réappropriant avec aplomb ces sonorités punk (plus énervé que la moyenne). Bref, on baigne là dans d’agréables relents de Fugazi (influence évidente), Snapcase ou encore d’At The Drive-In, soit de quoi franchement enchanter les ados que nous étions il y a une vingtaine d’années !
Invunche – Atavismo (Nuclear War Now! Productions/Sinister Sun) black metal
Six ans après son premier album (intitulé II), El Invunche fait son retour ! Ce projet solo basé aux Pays-Bas parle du folklore ancestral sud-américain, des dieux et autres célébrations des éléments avec en bonne place le soleil et la lune. Et pour ce faire, le gaillard s’emploie à délivrer un black metal très dense mixé à du punk, aussi raw que mélodique. Avec son optique guerrière particulièrement épique ainsi que ses très nombreuses descentes de manche couplées à quelques effets atmosphériques, on obtient là un album spectaculaire et très addictif. Dans l’esprit de son pote Iffernach (avec qui est sorti un split en 2020), Atavismo se révèle vite enivrant et donnant envie d’y revenir ! Et si vous n’en avez pas eu assez, sachez qu’une compilation intitulée Elal y Otros Mitos a aussi vu le jour en novembre dernier.
Dishumanitär – S/T (Global Help Records/Phobia Records/Loner Cult Records) crust/hardcore mélodique
Dans la grande tradition du crust à la suédoise, voici les nouveaux venus de Dishumanitär ! Aussi intense qu’accrocheur, leur recette fait forcément écho aux grands noms du genre que ce soit Wolfbrigade ou Tragedy, mais tire son épingle du jeu grâce à la voix de harpie de sa chanteuse Hanna, allant davantage du côté de leurs compatriotes Agrimonia. Majoritairement urgent, ce premier album possède aussi de nombreux breaks et modulations de vitesse (l’intro pesante de “we are not human anymore”) permettant de renouveler le plaisir, durant ces dix titres abrasifs. Un premier album qui comblera certainement les amateurs du genre.
Make Them Suffer – S/T (Sharptone Records) metalcore
Nouvelle évolution pour Make Them Suffer, les australiens ayant débuté par du deathcore symphonique avant d’aller vers des envies metalcore modernes avec des refrains plus calibrés. Ce cinquième album pousse donc leur côté fédérateur tout en englobant ce gros son d’envies électroniques, on passe ainsi de leur aspect le plus brutal à des refrains immédiats assurés par la claviériste. Rappelant les débuts d’In Hearts Wake (avec un chant clean très similaire), un album grand écart aux énormes breakdowns suivis par des phases pop entêtantes. Un peu trop facile par moment, mais pas désagréable si l’on est (très) ouvert d’esprit.
Mouths – A Lower Process (Moment Of Collapse Records) atmospheric post-hardcore
Une curiosité que ce premier EP de Mouths, jeune groupe de Sheffield ayant décidé de livrer un son personnel fait d’atmosphères éthérées shoegaze mélées à des éructations screamo. Cette voix est complétée par une seconde féminine (souvent à l’unisson) venant presque donner un côté “La Belle et la Bête” à ces quatre titres sinueux, allant de la douceur aux nerfs à vif en un clin d’oeil. Un entre-deux un peu casse-gueule qui intrigue, séduit et qui laisse espérer un futur album plus consistant (quatre titres ça fait pas beaucoup !).
Ritual Fog – But Merely Flesh (Transcending Obscurity Records) death old school
Jeune groupe du Tennessee composé aux trois quarts par des membres d’Excavate et, plus surprenant, du chanteur d’Autolith (sludge dont je vous ai parlé il y a quelques mois), Ritual Fog débarque avec un premier album de death old school infusé d’influences diverses allant du doom au thrash en passant par le heavy (les rythmiques étant évolutives et les soli très présents). Alliant gras et riffs brise-nuque, ce But Merely Flesh possède une belle variété ainsi que de nombreux points d’accroche derrière leur façade basse du front. Bref, pas de monotonie ici mais une bonne surprise dans le genre en cette fin d’année !
Heart To Gold – Free Help (Memory Music) indie/rock/pop punk
Une petite sucrerie en plus de vos chocolats de Noël ? Voici Heart To Gold et son Free Help, aide précieuse en effet pour les fans de Title Fight attendant un hypothétique nouvel album. Comme chez ces derniers, le groupe de Minneapolis propose une pop punk à grands renforts émotionnels accompagnée de quelques riffs grunge bien sentis. Avec un certain Will Yip (Paerish) à la production, autant dire que l’on a là du tube nostalgique à la pelle (mention à « TNT », entêtant et immédiat). Un inattendu incontournable de cette fin 2024 !
Hrad – Leaving The Ancient Times Behind (Percussive Spectre/Acid Vicious/Weregnome Records) black metal atmosphérique/dungeon synth
Malgré son nom tchèque (signifiant “château”), Hrad est un projet français mené par le prolifique Erroiak (Aeterna Tenebrae parmi beaucoup d’autres). Le black metal du groupe nous plonge dans une atmosphère médiévale avec ses synthés et flûtes, discrets mais épiques. Entre passages calmes évoquant Summoning et embardés chevaleresques dignes des débuts d’Emperor, Leaving The Ancient Times Behind sonne comme du black atmo d’il y a vingt ans, bardé de trouvailles (les nombreuses séquences acoustiques, comme celles d’ “In The Midst of Winter’s Wind” qui nous ramènent du côté d’Obsequiae). Un peu comme la bande-originale d’un film historique médiéval très mouvementé.
Yellfire – Dear Gods (The Ghost Is Clear Records) noise/post-hardcore
Premier album pour Yellfire et grosse grosse sensation pour l’amateur de noise hardcore estampillé HydraHead ! Dear Gods possède une liste d’invités pouvant faire saliver n’importe quel fan de la scène, voyez plutôt: John Pettibone (Heiress, Himsa), Demian Johnston (Great Falls, Kiss It Goodbye), Matt Bayles (Minus The Bear), Ben Verellen (Helms Alee, Harkonen), bref des noms entre parenthèses ayant de quoi faire frétiller du slip n’importe quel quarantenaire ! Et l’album tient toutes ses promesses, couplant riffs abrasifs faisant un pont entre sludge et grunge surplombé par des vocaux hargneux. Bref, l’album-catharsis à s’offrir pour se remettre du (vrai ?) split de Botch.
Future Faces – Memoria (Icy Cold Records/Roosevelt Records) coldwave/post-punk
Second album pour les suisses de Future Faces, trois ans après l’excellent Euphoria (sorti alors chez Throatruiner). Memoria vient poursuivre dans cet univers synthético-mystérieux installé jusqu’alors. L’ambiance est toujours froide mais obsédante chez le groupe genevois, trouvant là l’équilibre entre la froideur et les émotions plus “humaines” grâce à une voix toujours aussi touchante dans sa sobriété. Au niveau vocal, on retiendra la participation d’invitées: sur “I kiedys ja” en la personne de Patrycja Proniewska de Belgrado, venant apporter là une nouvelle amplitude au désespoir ambiant, idem sur “Sun” où Delia Meshlir vient poser sa douce voix. Toujours bercé par des sonorités proches de The Soft Moon ou Kraftwerk, un nouvel album particulièrement envoûtant, tout aussi réussi que le précédent.
Lockslip – self-titled (Protagonist Music) chaotic metalcore
On termine cette sélection par un EP sorti un peu plus tôt cette année mais ressorti en novembre chez Protagonist Music. Et il aurait été dommage de passer à côté de cette bombe de metalcore chaotique fleurant bon les années 90. Reprenant à sa sauce les influences Converge, Cult Leader ou encore Botch, ce premier quatre-titres offre un quart d’heure de chaos mêlé à des breakdowns destructeurs. Lockslip (comprenant notamment des membres d’Entry et Auteur) offre là une leçon de puissance et d’efficacité, lui ouvrant d’alléchantes perspectives d’avenir. En espérant vivement une suite en 2025 !