Earth – Angels of Darkness, Demons of Light I

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Style: Drone / Doom / AmericanaAnnee de sortie: 2011Label: Southern Lord Year

On savait Earth apaisé, comme après un voyage qui enrichit à vie.

Depuis quelques albums le groupe vaquait, dans une sorte de spleen rayonnant à des occupations musicales qui coiffaient son mojo d’une plume au dessus du visage. Plus acoustique, plus bluesy, le cheveu parfois trempé par l’averse fugace, quand il n’était pas balayé par le vent des plaines ; le projet avançait sereinement selon la météo de sa formation, un yoyo à longue ficelle dans la poche gauche et les idées qui respirent le cuivre rougi plein la tête…

Le vagabondage immobile dans des déserts en peau de cuir de canapés usés, Earth connait. Il a fait danser Morricone comme un épouvantail au gré de sa brise brûlante sur The Bees Made Honey In The Lion’s Skull, derrière les dunes et leurs cactus de sable bleu dessinés par les fumées de pipe d’opium que les indiens honorent avant les grands départs. Dylan Carlson en réalisateur imperturbable continue sa marche dans la jungle minérale où la poussière a érigé des royaumes volatiles et avec Angels of darkness, Demons Of Light I, il dessine un nouveau retour pour le groupe de Seattle.

Basse profonde, chaleur du velours, riffs géostatiques, phrases gorgées de textures organiques naturelles, le drone d’Earth se gargarise sous les effets du violoncelle de Lori Goldston qui tricote avec nonchalance derrière le lent balancement de la caravane qui déchire de son ombre le ciel étoilé d’une nuit claire.

Production cristalline qui ne manque pas de chaleur pour doper cette impression de lisibilité accrue, la patte de Stuart Hallerman a été salutaire, le pote de toujours vous savez, celui qui était aussi l’oreille de Soundgarden dans les années 90. Les structures développent leur part d’ombre bluesy pour se dévoiler sans fard à l’auditeur. Les transformations s’opèrent mécaniquement, syntaxiquement ,sans qu’à aucun moment la rondeur du propos ne soit remise en question. Les cercles concentriques dessinés par les riffs de Carlson entament la transe méditative, comme tourné sur lui même, le disque poursuit comme sa lente introspection, ce travail sur le cheminement qui nous fera nous rappeler qu’Earth n’a finalement pas tant changé que ça. Aujourd’hui peut être que sa quête d’absolutisme ou de minimalisme use d’un terreau americana pour diffuser son parfum comme d’autres : Souvenir Young America ou encore plus récemment Barn Owl par exemple. Dans le fond le moyen n’est qu’un artifice ou une excuse esthétique, la coquetterie étant au final de dompter une ligne de code élégante.

 

Pour le coup Earth colle son aiguille direct dans votre bras et inocule sa dose pour bousculer votre vie frénétique de sa léthargie salvatrice. A trop haute dose c’est Morphée ou la tombe, on ne parlera donc pas d’utilisation récréative de la musique d’Earth ce serait une insulte à l’intelligence des amateurs. Comme un Bohren und der Club of Gore ou un Morphine sous peyotl, Earth se transfigure à travers son voyage mystique qui prendra fin en 2012 avec la sortie de Demons of Light II, la nonchalance et le pragmatisme font définitivement bon ménage.

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