No Talk – Leather Discipline

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Style: Rock avec des burnes et des moustachesAnnee de sortie: 2010Label: Cutthroat Records / Death Exclamations!

On a souvent quand on écoute de la musique – surtout pour certains genres que l’on connaît bien – l’impression que l’on roule sur des autoroutes dont les paysages sont les mêmes, comme ces cérémonies officielles où sont toujours invitées les mêmes personnalités, figées dans leurs atours de messes institutionnelles aux crèches redondantes. Les surprises s’invitent parfois au détour d’un carrefour comme une découverte lors d’une halte pour un repas pris sur le pouce dans un boui-boui atypique, comme ce souvenir d’un plat qui illumine notre voyage ou d’un moment qui se met à exister pour ce qu’il est, lors d’un changement de roue inopportun.

Les balises en musique sont comme ces phares rassurants qui rappellent que la route est toute tracée, qu’il suffit finalement d’en jouer ses gammes pour ne pas rater son créneau. A ce petit jeu de marelles disons que la scène core/punk joue souvent le plat de fête aux entremets politiques et antisociaux, avec cette humeur d’agapes sur fond d’incendie. J’aurais pu aussi caricaturer pour les autres scènes mais disons que pour la chronique d’aujourd’hui, c’est plus parlant. Bien sûr je n’oublie pas les penchants pour la verdure chez les vegan ou les trémolos sur les discours plus straight, de l’emblématique en somme. Tout ça fait parti de l’imagerie que l’on peut prêter à la scène.

 

Chez les texans de No Talk, après voir fait et refait la guerre avec Leather Discipline on change un peu d’air. On déconstruit pour reconstruire. Alors oui, au niveau musical on retourne faire un tour dans les années 80, mais niveau paroles là on se tape du trip dur, le genre de trip remonté au bois bandé. Cuir, moustache, hardcore. Trois emblèmes qui résonnent encore dans vos têtes après que les 9 titres du disque se soient fait malicieusement une place dans votre cervelle. Bondage, sado masochisme, discours gay, séquelles paranoïaques de prises régulières de drogues dures avec les copains, comme autant de thèmes abordés, tout y est, et bien mis. Les titres de la galette mettent très vite sur la piste : un enjoué « Erotic Asphyxiation » ouvre le bal, suivi pas très loin par l’imparable « Sexcop » et son « masturbate him » en heavy rotation, la barre. Tout ça se finit avec un « Sexual Frustration » dans le ton. De la pochette du disque à son contenu, il n’y a pas maldonne, le liant est bel et bien présent et colle au concept comme… Je vais éviter celle ci. Les choeurs choubidou se marient parfaitement au trip burné occasionnel, le résultat est assez loufoque finalement, mais le punch est toujours là.

On aurait pu penser que cette imagerie servirait un disque glauque et hermétique, et il n’en est rien. Les titres déroulent leur rock poisseux de manière explosive sous les incantations graveleuses d’un Beau Beasley qui, loin de son registre dans Insect Warfare, maintient les débats comme sur un disque de Rock a Billy qui aurait mal tourné pour notre plus grand plaisir. Production ronflante impeccable, un ton singulier, des tournures bien énergiques et une maîtrise avérée, No Talk nous revient bandant et bien plus fun que par le passé. Les hits s’enchaînent vitesse grand V, sans se prendre au sérieux, c’est peut être même ce qui fait que ce disque est si réussi. C’est toujours la même autoroute, mais le paysage a changé. La joie.

 

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