Shining (swe) – V – Halmstad
Chronique Black/Dark Gothic Metal

Shining (swe) – V – Halmstad

krakoukass
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Auteur
18 août 2007
il y a 18 ans
8 commentaires
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Année de sortie
2007
Label
Note

Quelle belle réussite que ce nouvel album des suédois de Shining… Incontestablement l’un des meilleurs albums de l’année, pas moins. Kvarforth, le maître de cette sinistre entité a beau apparemment avoir tout du fêlé peu recommandable aux idées malsaines et puantes (avec une fascination morbide pour le suicide – il y a de quoi avoir […]

Shining (swe) – V – Halmstad

Quelle belle réussite que ce nouvel album des suédois de Shining… Incontestablement l’un des meilleurs albums de l’année, pas moins.
Kvarforth, le maître de cette sinistre entité a beau apparemment avoir tout du fêlé peu recommandable aux idées malsaines et puantes (avec une fascination morbide pour le suicide – il y a de quoi avoir peur en sachant que ce type est Papa depuis peu), il est aussi indéniablement extrêmement talentueux, pour avoir accouché d’une si belle œuvre. Décidément, quelle intéressante et fréquente ambivalence entre génie et folie…

Rappelez-vous, Shining a sorti en 2005 un album intitulé IV – The Eerie Cold, accessoirement tout à fait excellent également (n’en déplaise à mon illustre collègue Darkantisthène et à sa honteuse chronique). Cet épisode 4 avait déjà pu désarçonner les amateurs du groupe, en laissant un peu de côté son approche strictement black metal qui caractérisait davantage les œuvres passées du groupe, pour s’ouvrir à de nouvelles choses, et notamment à des passages au feeling bluesy ou rock’n’roll qui rompaient quelque peu avec les passages les plus furieux.

Autant dire que ceux qui criaient déjà à l’hérésie en 2005, ne pourront pas compter sur la cuvée 2007 pour se remettre de leur désamour. L’épisode V que propose Shining cette année continue et va encore plus loin dans la voie empruntée par son prédécesseur, à savoir celle d’un métal sombre, noir, dépressif, à la croisée de plusieurs genres, black, rock, avec toujours ce feeling bluesy désespéré. C’en est même fini des passages furieux à la double que l’on trouvait encore par petites touches, sur The Eerie Cold, étendards d’une tradition black, ici complètement mise à mal. Le tempo est donc majoritairement mid tempo, voire lent, même si quelques accélérations (bien loin des blasts) se font encore parfois sentir et si quelques bribes de riffs rattachent encore la musique au black comme sur le final « Neka Morgondagen ».
Comme l’illustre la pochette au pouvoir évocateur indéniable, tout est en tout cas fait pour enfermer l’auditeur dans un caisson d’obscurité suintante, rempli d’une délicieuse odeur de mort, de rats crevés, avec pour seule perspective de se tailler les veines (ou de se faire sauter la cervelle, si l’on reste dans l’esprit de la pochette)… Ambiance, ambiance ! Horrible mais aussi magnifique, à grand renfort de passages de piano, de violon même (sur « Lat Oss Ta Allt Fran Varandra ») de guitares acoustiques subtiles et tristes (le début de « Langtar Bort Fran Mitt Hjarta » qui rappelle un peu Agalloch), de solos rock électriques flirtant encore avec le blues, le succès, la qualité, et la sincérité de cette ambiance plombée et désespérée tiennent aussi beaucoup à la performance vocale une nouvelle fois complètement habitée, du sieur Kvarforth.

Chantant –si l’on peut dire- toujours exclusivement dans sa langue natale (ce qui renforce le côté guttural de ses interventions), le bougre éructe, gémit, hurle, pleure, bref passe par tous les états de communication vocale possibles, pourvu qu’ils soient tristes, violents, possédés, désespérés !
Et c’est tout simplement une magistrale leçon d’investissement vocal que l’on reçoit à l’entendre ainsi sortir ses tripes et donner tout ce qu’il a. Kvarforth est aussi secondé à plusieurs reprises par une voix féminine (la dame de la pochette ???) qui respire la joie de vivre à chacune de ses interventions et donne envie de brandir le rasoir pour se commencer une veine (particulièrement lorsqu’elle pleure sur « Lat Oss Ta Allt Fran Varandra »). Ceux qui ne connaissent pas encore Shining l’auront peut-être compris : on est très loin d’une banale prestation vocale comme on en entend sur la plupart des disques. Du coup c’est vrai, on adore ou on déteste, mais un tel chant, une telle énergie du désespoir jetée ainsi dans les vocalises ne peuvent laisser indifférent.

Pas économe lorsqu’il s’agit d’user d’effets transmettant la noirceur et le désespoir de ses propos, Mister Kvarforth nous gratifie même du premier mouvement de « La Sonate au Clair de Lune » de Beethoven sur «Åttiosextusenfyrahundra ». Très bien intégré dans l’album, ce passage (en forme d’intermède de courte durée) apporte une louche supplémentaire de tristesse, dans un épais bouillon saumâtre qui n’en demandait pourtant pas tant.

Au final et en mettant bien de côté les ridicules frasques du personnage (sa fausse disparition orchestrée, la récente et pathétique prestation scénique avec Maniac, Attila et autres, visant à mettre en scène son retour parmi les vivants sous le pseudo de Ghoul), il est clair que la réussite de Kvarforth et sa bande est assez incontestable sur ce V – Halmstad dont la seule faiblesse serait d’être un peu court avec ses 42 petites minutes au compteur. Une nouvelle pression sur « play » et ça repart ! C’est vrai quoi, vous reprendrez bien un peu de mort aux rats, non ?

  1. yttligare ett steg närmare total jävla utfrysning
  2. längtar bort från mitt hjärta
  3. låt oss ta allt från varandra
  4. besvikelsens dystra monotoni
  5. Åttiosextusenfyrahundra
  6. neka morgondagen

Artistes / Groupes

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