Dam

Pas de commentaires      1 046
Annee de sortie: 2010
Interview réalisé par mail, en français, avec Nathanael Underwood, chanteur et guitariste de Däm.

Tout d’abord, j’aimerais d’ailleurs vous demandez ce que vous pensez de cet étiquette et ce que signifie pour vous le terme progressif ?

Une étiquette qui tente de saisir un courant musical ou autre doit d’abord être consciente du contexte culturel. Par exemple, que signifie le terme death metal? Personnellement, je préfère la notion du death metal des années quatre-vingt qui le voit en tant qu’une esthétique morbide, plutôt que et au delà de l’enveloppe qu’est la sonorité elle-même.

Dès le début des années quatre vingt-dix, le death metal avait déjà été étiqueté en tant qu’un son assez strictement défini. Qu’il sorte des USA (Morbid Angel, Suffocation), du Royaume Uni (Napalm Death / Carcass circa ’91) ou de Suède (Entombed, Dismember), il lui fallait un certain son de guitare, de batterie, ainsi que de voix.

Songez que des groupes aussi divers en termes de leur sons propres, tels que Possessed, Death, Celtic Frost ou même Bathory ont étés caractérisés en tant que death metal dans la décennie précédente. Il faut se demander quand les mots ont perdu leur signification et sont devenu une nouvelle case de triage journalistique.

Ensuite le Black metal est né en choisissant de se démarquer et de se nommer en tant que tel, car ses créateurs jugeaient que le death metal s’était égaré en cessant de représenter les valeurs du morbide primordial et cru de leurs prédécesseurs des années 80.

En ce qui me concerne, l’esthétique du death metal qui compte c’est l’esthétique du morbide, quelle que soit la facette d’où on choisit de l’observer. Il n’est pas lié à un son particulier.

Progressif – encore une étiquette fade de chroniqueur paresseux. Mais bon: il faut quand même décrire la musique par les mots, n’est-ce pas? Ça se compare un peu à une danse interprétative de l’influence de l’architecture des années 60 sur le climat social de la première moitié des années 80 qui mena à la chute du mur de Berlin en 1989, devant un public de poissons assortis, tirés de leur milieu naturel et hurlant en un silence assourdissant leur ultime agonie. En effet: la danse interprétative ils s’en foutent. Il aurait fallut être là, à la chute du mur pour que ça nous fasse chaud ou froid leur HLM de béton glauques à la con et leurs structures métalliques qui n’avaient guère évoluées depuis 1945.

Bref – je pourrais dire que nous comptons parmi nos influences des groupes dits progressifs tels que Death, Meshuggah, Emperor et Pestilence, sans compter une multitude de groupes non métal dont l’influence et tangible mais sublimée sous une nappe de subconscient, mais je subodore que ça ne rimerait à rien.

Dans ma chronique de votre album, The Difference engine, je mentionne Morbid Angel et Immolation comme des points de comparaison pour les riffs que vous composez. Est ce que ce sont des références qui font parties de vos influences et pourriez vous citer certains des groupes ou artistes (qui peuvent donc ne pas être dans la musique) que vous considérez comme des sources d’influences ?

Justement, en parlant de liste insipide qui ne rime à rien… Alors, en ce qui concerne Morbid Angel et Immolation, oui, en effet ces groupes se comptent parmi nos influences. Autrement, vous aves toute la panoplie classique du début des années 90, c’est à dire Death, Carcass, Napalm Death, Entombed, Emperor, Cannibal Corpse, Obituary, Emperor, Godflesh, Autopsy. Étant donné que je suis trop paresseux pour introduire le reste correctement, voici une liste incomplète et en vrac:

Celtic Frost, Bathory, Nuclear Assault, Sepultura (le vrai avec Max), Slayer (jusqu’à Decade), Sonic Youth, Kyuss, King Crimson, Bohren, Mr Bungle, FNM, Aphex Twin, Christoph de Babalon, Emperor, Blut Aus Nord, Akercocke, Meshuggah, Overkill, Dissection, Atrocity, Tiamat, Pyaemia, Suffocation, Devin Townsend/SYL, Nile, Burnt By The Sun, The Cure, Deftones, Eighties Matchbox B-Line Disaster, Gorguts, Iron Maiden, The Young Gods, etcetera…

Mais autant qu’on puisse être séduit par le son, il faut transcender la formule qui y mène. Comme l’ont prouvé mille et un groupes, n’importe qui peut mettre les mêmes ingrédients synthétiques que l’on a achetés à la quincaillerie de ses groupes préférés. Tout le monde peut régurgiter les mêmes accords, le même son de guitare, la même grosse caisse, le même blast-beat plastique avec la même production linéaire et stérile. C’est comme la restauration rapide si populaire en ce moment qui satisfait le mélomane de base écervelé avec une explosion instantanée de goût sans substance ni profondeur, sans parler de la lacune totale de propriétés nutritives. Ce qui est plus difficile, c’est de construire sa propre recette avec des ingrédients qui ne sortent pas d’une usine.

J’aimerais aussi vous demander quels sont les influences musicales de votre batteur dont le jeu est très différent de celui des batteurs de death metal traditionnels ?

Il serait flatté. Regardez la liste ci-dessus. C’est la mienne, mais son éclectisme à lui est comparable. Enfin, il ne fait plus partie du groupe. Croyez-moi que le prochain batteur sera à la hauteur et fera preuve d’une même capacité à exploiter son individualité à des fins créatives.

Ensuite, pour continuer sur la question des influences, j’aimerais savoir si The Difference engine fait référence au roman du même nom de William Gibson et si oui, en quoi ce roman vous a inspiré pour l’écriture du disque ?

Rien à voir. Avec la machine de Babbage non plus. L’engin de la différence c’est tout mécanisme interne qui mène à un changement profond de la perception de la réalité, qu’il s’agisse du rêve, de la drogue ou d’évènements importants et significatifs du point de vue de l’individu. C’est ça « The Difference Engine ». Nous ne sommes pas non plus parmi ceux qui se sont fait séduire par l’esthétique steampunk.

De quoi traitait aussi votre premier disque pour Candlelight, Purity [The Darwinian paradox] ?

Comme le plus récent: de la condition humaine et de mon point de vue de prédilection sur ce sujet, c’est à dire le mien.

Que signifie le nom de votre groupe ?

Le sang.

Comment en êtes vous venu à collaborer avec Daniel O’Sullivan qui est un musicien qui me semble très éloigné de la « scène » death metal ?

Pas si éloigné que ça. Tout d’abord c’est un des musiciens les plus talentueux avec qui j’ai eu la chance de collaborer. Ensuite il apprécie ce que l’on fait. Il a ajouté des synthés sur des chansons déjà écrites. Ce n’est pas quelque chose d’évident. N’importe qui peut ajouter des sons de chorale ou un ensemble de violons à un franc cinquante, tout comme mille et un groupes de black métal polycopiés d’un original qui était un bon début mais laissait beaucoup à désirer. Donc, il s’est creusé les méninges pour nous trouver des sonorités originales qui contribuaient à notre travail quelque chose de plus, quelque chose de différent. En sorte, des sonorités qui transformerait notre musique et la rendrait autre.

Avez-vous déjà commencé à composer des chansons pour votre troisième album ?

Oui. Plusieurs, même. Il n’y a pas de formule et c’est lent ainsi qu’assez laborieux.

Pourriez vous parler du festival « Causing chaos for cancer » auquel vous participez car les festival metal crée pour recueillir des fonds sont assez rare. Qui est à l’origine de ce festival et est ce que ce genre d’événement sont fréquent en Angleterre ?

Parmi les membres du groupe qui ont à l’origine conçu ce festival, trois ont assez récemment perdu un proche au cancer. C’est aussi simple que ça. Je pense que tout le monde d’un certain âge a l’occasion de faire face à cette expérience des plus énormes et désagréables que la vie nous réserve. Aussi, je pense que le Royaume Uni a une culture qui est, en général, plus propice à ce genre d’événement que, par exemple, la France. Ca n’est pas seulement les programmes genre Téléthon etc – il y a beaucoup d’initiatives de ce genre à un niveau individuel ou même régional. Pour en revenir au ‘métal’ par exemple Jon Rushforth qui a joué ce concert avec nous s’est récemment fait sponsorisé pour un saut en parachute au bénéfice de ‘Help the Aged’.

Enfin, puisque cette interview vient d’être menée en français, avez-vous en projet d’écrire des paroles de chansons en français ?

Suis-je capable de créer des paroles dignes de la langue de Molière? Pas sûr. J’aimerais d’ailleurs qu’un plus grand nombre de ceux qui se disent artistes, chanteurs, auteurs-compositeurs ou autres charlatans du vers en France et ailleurs se pose cette même question.

Honnêtement, je ne le pense pas. Si oui, ça risque d’être une histoire à la Mustaine, du genre à tout le monde… dont le monde n’a justement aucun besoin.

Chroniqueur

Mathieu Lubrun

Hororo est chroniqueur depuis 2004 sur Eklektik, bibliothécaire de profession, passionné de musique (metal, jazz, hip hop, electro …) et de comics. Alcoolique de concert et de disques, bavard et effervescent dès qu’il rentre en contact avec un artiste qu’il apprécie. Contactez-le pour lui dire tout ce que vous voulez à son adresse personnelle xhororox [AT] gmail [DOT] com et/ou suivez-le sur Twitter.

hororo a écrit 395 articles sur Eklektik.

Up Next

Du meme groupe

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *