Béni soit last.fm de m’avoir fait savoir que Tim Hecker se produisait ce soir-là à la Fondation Cartier sans quoi j’aurais manqué une occasion de plus de ravir mes oreilles. Comment se tenir au courant de tous les concert de Paris quand ceux-ci reçoivent aussi peu de promotion en dehors de quelque ghetto musicaux ? Tim Hecker transcende pourtant bien largement beaucoup de genre avec ses manipulations sonores et mériterait une meilleure salle. En fait, pour être franc, il mériterait tout d’abord une vraie salle de concert et pas juste une sorte de hall aux vitres colorés façon « art moderne ». Oui, la Fondation Cartier est un espace servant à la promotion de l’Art moderne. Y’a t-il pour autant besoin de disposer sur les vitres des couleurs pour faire le plus « arti » possible ? Bref, cette espace n’avait vraiment rien de l’endroit approprié pour rentrer dans l’espace sonore de ce canadien surdoué.
Une fois l’homme installé derrière ces machines il ne jette plus un regard vers le public et se concentre sur son matériel. Le son devient progressivement de plus en plus puissant après un début hésitant qui m’a fait craindre à un concert semblable à une écoute d’un disque chez soi. Les vagues de basse qui envahiront par la suite l’espace auront raison de mes craintes. La résonance crée fait même qu’une fois les yeux fermés j’aurais même l’impression de dégager des ondes à la manière des dessins que l’on voit des moines bouddhistes quand ils se concentrent. L’atmosphère est apaisante, propice à l’exploration intérieure. Le public assit par terre écoute sagement, concentré sur ce que le magicien extrait de ses machines.
Semblable au mouvement des vagues, la musique de Tim Hecker recrée un environnement naturel à partir de sonorités métalliques. Un instant une mélodie ressemblant à quelque notes d’harmonica évoque un souvenir nostalgique. La musique de Tim Hecker se respire et se consomme en douceur. Le concert se conclut malheureusement au bout de seulement quarante- cinq minutes à l’aide d’un nuage de violon suspendu en boucle avant que, progressivement, la musique ne s’éteigne et que le musicien nous signale par un signe de main qu’il en a terminé pour ce soir. Les applaudissements ne le feront pas revenir et cela aurait été de toute façon dommage car le rêve ne pouvait se prolonger sans que tout soit à recommencer. On ne continue pas une histoire qui vient de se terminer d’aussi belle manière. J’en aurais cependant bien pris encore pour une bonne demi-heure et j’espère qu’à son retour une plus grande salle alors la bonne idée de l’accueillir.