Defrag – Lament Element

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Style: breakcore / dubstepAnnee de sortie: 2009Label: Hymen

Entre deux citations de Lovecraft, le visage du mannequin de la couverture finit de se craqueler et de révéler les étranges mandibules de cet être insectoïde dont on ne devine encore que trop peu. L’obscurité et la peur ne font qu’un, car on ne craint que ce que l’on ne peut pas voir. Lovecraft l’avait bien compris et ses phobies dévorantes lui faisaient voir le monde sous l’angle d’un perpétuel inquiet, incapable de se rassurer de quoi que ce soit.

La peur était aussi le centre d’intérêt du Black Mass Radio Show, une émission radio anglaise indépendante qui débuta en 1963. Le but de ses acteurs était de retranscrire sous la forme radiophonique des histoires fantastiques écrites par des auteurs qui n’ont pas pour habitude de traiter ce genre.

Les divers emprunts de voix proviennent exclusivement de ce programme mais projettent le fantastique dans la science fiction du mélange de breakcore et de dubstep de Defrag, aka Jeff Dodson. Courir à travers les canalisations du sous-sol d’une métropole en quête de lumière. Les explosions de beat rebondissent sur le sol et le plafond avec des frappes métalliques. Des cordes s’entendent au lointain, dernières traces d’une civilisation humaine quand tout est dévoré par les battements découpés, tournés en boucle et interrompus pour former de complexes rythmes digitaux entre breakbeat et industriel.

Employées pour les performances d’acteurs des auteurs, les voix du Black Mass Radio Show alimentent à leur tour le souffle dub step qui fait de tout son une rythmique. La phrase est découpée de telle manière que ne restent que les syllabes qui, tout comme les breaks, s’articulent et s’interrogent dans cette course poursuite à bout de souffle dans les dédales où l’on ne distingue plus les battements de son coeur de ceux des menaces environnantes. Lament element est toutefois un disque très dansant où l’on imagine parfaitement des cyborgs s’animer sur ce même rythme dans ce chaos où ils se reconnaissent. L’effrayant monstre détenu dans sa carapace humaine n’est alors qu’un invité de plus à apprivoiser dans cet échange de beat aussi organique que mécanique.

  1. till it disappeared
  2. long horrible shadows
  3. the stones
  4. madness rides the starwind
  5. the old growth
  6. infinitely old
  7. infinitely horrible
  8. tommy
  9. element l1
  10. color my dreams
  11. pale shotguns
  12. worrit betrake
  13. carrion signal

Chroniqueur

Mathieu Lubrun

Hororo est chroniqueur depuis 2004 sur Eklektik, bibliothécaire de profession, passionné de musique (metal, jazz, hip hop, electro …) et de comics. Alcoolique de concert et de disques, bavard et effervescent dès qu’il rentre en contact avec un artiste qu’il apprécie. Contactez-le pour lui dire tout ce que vous voulez à son adresse personnelle xhororox [AT] gmail [DOT] com et/ou suivez-le sur Twitter.

hororo a écrit 395 articles sur Eklektik.

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