Thuja – Pine Cone Temples

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Style: ambient expérimentaleAnnee de sortie: 2005Label: Strange Attractors

Amusant paradoxe que Thuja dans la galaxie Smith. La seule expression collective de son portefeuille de projets se distingue par un profil secret, fermé à toute exubérance et à toute prouesse de musicien. La répartition des gestes en son sein est souvent une énigme, pourtant ils sont bien quatre à s’activer au gouvernail, à tenter de soutirer des histoires à des objets n’ayant pour certains pas vocation à parler. Outre Steven R. Smith, Thuja se compose de Rob Reger, pianiste expérimental, ainsi que de Glenn Donaldson et Loren Chasse, tous deux spécialistes du collage sonore et de la manipulation de fréquences. On est loin du line-up classique, ce qui n’empêche pas Thuja de se produire sur scène, parfois en plein air dans des endroits improbables (clairières, terrains vagues) où l’on conçoit que l’improvisation est la règle, et le son le maître unique de l’estrade.

Par son titre, Pine Cone Temples ne laisse planer aucun doute sur la volonté du collectif de coller son stéthoscope sur le cœur de la forêt, d’ausculter les froissements et les signaux de locataires invisibles qui se font la confidence dans le dos du promeneur inattentif. De manière appropriée, la “musique” baigne constamment dans un halo crépusculaire et délivre une impression de grande fraîcheur et de calme, en dépit de nombreuses rumeurs et autres bourdons, dont la nature en soi plus ou moins menaçante est dépourvue de toute visée prédatrice. L’illusion d’aléatoire se transmet aux instruments à cordes, qui semblent animés par une mystérieuse énergie cinétique, artisan sans mains et sans visage d’une beauté aussi pure qu’éphémère, vouée à n’être reproduite à l’identique que par le truchement du support enregistré. On peut penser dans ces moments au groupe de psych folk expérimental Third Ear Band, qui voilà plus de vingt ans pérennisait déjà cette approche environnementale dans des œuvres fascinantes, où plus récemment au non moins excellent projet portugais The Joy of Nature, maître du drone “blanc” et habité de petites muses. Sans vouloir métaphoriser l’ensemble à outrance, il n’est pas nécessaire de déployer des trésors d’imagination pour attribuer à chaque son, sinon une identité, au moins un rôle passager dans ce théâtre des sens : le chant du grillon, le vent dans les feuillages, le chuchotement du ruisseau… Quel refuge plus indiqué pour la méditation ?

Dans le champ de vision de Thuja tout est desseins et petites choses fuyantes. Rien n’est matière, rien n’est prouvé. La meilleure façon de traverser sans se cogner aux ombres est encore de fermer les yeux.

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