Live-report – Yell Fest 2014

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Annee de sortie: 2014

Déjà la quatrième édition du Hellf… Yell Fest pardon, jeune festival lozérien qui a pour particularité de se dérouler au milieu de rien si ce n’est le merveilleux décor qu’offre le Causse-Méjean et le lieu-dit Chambalon où se trouve « Le loup dans la bergerie », très joli corps de ferme (entouré de forêts où camper) au milieu duquel trône une imposante scène. Comptant y aller en tant que spectateur étant donnée l’affiche particulièrement alléchante de cette année, j’ai été contacté quelques jours auparavant par l’organisation pour leur donner un coup de main pour les entrées et l’accueil des groupes, offre que j’ai bien naturellement acceptée.

Jour 1:

Arrivé vendredi 22 en début d’après-midi sur le magnifique site (incroyable panorama des Cévennes au-dessus de Florac) après l’avoir cherché un petit moment (j’étais venu pour la première édition en 2011 mais avais lamentablement loupé les deux suivantes, je ne me souvenais donc plus très bien du chemin), j’ai découvert l’envers du décor d’un festival. De la mise en place du fléchage au pillage de toutes les frites du Carrefour de Florac en passant par la confection de sandwiches pour les groupes, je n’ai pas eu le temps de m’ennuyer avant le début officiel du festival. Le reste l’équipe de bénévoles a elle aussi été appelée à donner de sa personne entre les techniciens et les cuisiniers, tout a été fin prêt pour l’ouverture des portes. Celle-ci s’effectuant en début de soirée, je me suis donc retrouvé aux entrées en attendant que les groupes débutent, ce qui se passera aux alentours de 21h40.

Feral: (Facebook)

Remplaçant Renfield au pied levé (Yattai a aussi annulé mais ne sera pas remplacé), le quartet sudiste a donc eu la mission d’ouvrir les hostilités devant un parterre en train de se remplir gentiment. Mené par Rodolphe, chanteur de Stuntman très en verve en ce début de soirée, le groupe composé de membres de Burne, Morse et d’un ex-Superstatic Revolution/Morgue a balancé un set massif et véhément entre grind, crust et hardcore chaotique. Pour son second concert, le « jeune » groupe a joué carré en dépit de petits soucis techniques pas trop gênants et a obtenu un accueil plutôt enthousiaste, de bonne augure pour la suite du festival.

Warfuck: (Facebook)

On reste ensuite dans le grind avec le power duo lyonnais Warfuck. Plutôt attaché au son traditionnel du style, le groupe va nous offrir un set quasi constamment dans le rouge (avec force blastbeats) couplé à un grain noisy un peu dans un esprit Pig Destroyer meets Magrudergrind. Petite déception pour moi: le fait de ne pas avoir pu complètement m’imprégner de leur set car j’étais aux entrées à ce moment-là (et c’était le coup de feu !). A revoir très prochainement car ça avait l’air d’envoyer quelque chose !

Black Code: (Facebook)

Changement de registre avec les bisontins de Black Code. Officiant dans un crustcore énergique et sans temps mort, le groupe a remporté les faveurs du public. Il faut avouer que leurs compos sont mine de rien ouvertes, touchant autant au crust/punk qu’au metal extrême (j’y ai notamment perçu des réminiscences d’All Pigs Must Die). Bref, une excellente découverte.

Cowards: (Facebook)

Vient enfin le tour d’un groupe dont je maitrise la discographie (j’ai eu l’occasion de chroniquer leurs albums), Cowards vient de Paris et avait prévenu que leurs sets étaient souvent la justification de leur nom tant ils se jouent sur la provoc à la manière de Kickback. Je m’attendais à une réelle confrontation avec le public mais il n’en a finalement pas du tout été ainsi. Bien que violent et malsain (grâce notamment au chant criard de Julien, il était là le côté Kickback en fait), les compos de Cowards passent sans souci l’épreuve du live, enfin en apparence seulement: ayant été pas mal sollicité pendant leur set, j’ai eu, comme pendant Warfuck, un peu de mal à tout suivre. Ce qui n’a semble-t-il pas été le cas du public, plutôt réceptif aux assauts sludgecore des parisiens.

Pariso: (Facebook)

Quelle agréable surprise lors de la révélation de l’affiche d’y avoir trouvé le nom de Pariso. Grand amateur du groupe depuis leurs débuts, c’est avec une certaine excitation que j’attendais leur set. Les anglais ont beau paraitre très jeunes, ils en imposent sacrément sur scène et connaissent les classiques (la reprise d’Iron Man de Black Sabbath). Piochant dans quasiment toute leur discographie (même s’il manquait fatalement quelques morceaux phares, notamment de Consanguinity, représenté par un unique Pigs), le groupe est une machine de guerre sur scène: frénésie et morceaux brise-nuque ont été au menu. Parfait pour conclure cette première journée globalement bien violente mine de rien !

Setlist: Feedback – Delirium – Helios, The Demise – Underground Notes – House Of Squalor – Defence Wounds – Pigs – Iron Man – Fuck You, Die Slow – Kezza – Huntsman – Leeches – Lonqvist

S’en est alors suivie une séquence discothèque improvisée dans une bonne humeur générale avant l’extinction des feux.

Jour 2:

Enfin extinction des feux pas pour tout le monde car après seulement quelques petites heures de sommeil, je me suis fait réveiller par un petit groupe de personnes bruyantes. Parmi elles, des membres de Cowards qui ont passé une nuit blanche, je décide finalement de les rejoindre et bien m’en a pris car ce fut un hilarant « Cowards Comedy Show » (et cela a duré jusqu’à l’heure de leur départ, en milieu d’après-midi).

Le réveil est un peu difficile et je peux alors me rendre compte du boulot à effectuer avant de rouvrir les portes: nettoyage du site, réapprovisionnement en boissons et bouffe, accueil des nouveaux groupes… Pas simple de faire tout ça avec la fatigue de la veille et si peu de sommeil réparateur, mais pas le choix !

Reptilicus: (Facebook)

Duo mixte « thrash/crust/pit » de Montpellier que j’ai déjà eu l’occasion de voir une paire de fois, Reptilicus a la mission d’ouvrir cette seconde journée sur les coups de 18h. Énergique et fun (reprises de You Suffer à l’appui), leur set contient tout ce qu’il faut pour démarrer du bon pied ce jour 2, le public encore clairsemé mais néanmoins très agité répond déjà présent. Mention à Hell Lee Za, la batteuse/hurleuse qui jouait là diminuée d’une jambe suite à une chute en skate, elle a assuré comme si elle avait été en condition physique optimale. Respect !

Michel Anoia: (Facebook)

Place maintenant à l’OVNI de ce festival, jusque là plutôt d’obédience grind/crust/hardcore. Michel Anoia est un groupe lyonnais délivrant un mathcore très alambiqué. Succession de plans complexes, petits passages jazzy, tout ça est un peu difficile à suivre au départ (surtout quand on ne s’attend pas à une telle tornade !), on se laisse finalement embarquer dans ce délire à la Psyopus malgré un son de guitare assez bizarrement mixé (détail qui s’arrangera après avoir bougé sur le côté de la scène, et qui permettra d’apprécier notamment un excellent morceau conclusif). A noter que le groupe est accompagné d’un peintre qui œuvrera durant l’intégralité de leur set (notamment d’un sympathique « MichYell ») et par le chanteur de Haut&Court qui s’est révélé très en forme pour sa première (si je ne m’abuse), notamment lorsqu’il s’est fait porter par la foule jusqu’au bar où il a pu se commander une bière, couché sur le comptoir.

Remote: (Facebook)

Autre groupe parisien du festival (ville la plus représentée ce week-end), Remote bénéficiera du son le plus puissant de la soirée. L’écrasante basse accolée au sludge/noise vindicatif du groupe sera sûrement la plus marquante de la soirée. Intense et groovy à souhait, l’une de mes découvertes à suivre de ce festival.

Snodgrass: (Bandcamp)

Vient le tour des belges de Snodgrass, sûrement le groupe le plus mystérieux de l’affiche puisqu’ils n’ont qu’un seul titre d’un peu plus d’une minute dispo sur leur Bandcamp. Malheureusement pour eux, c’est devant un public un peu clairsemé que les flamands ont délivré un set entre noise et chaos rappelant parfois la fureur de Today Is The Day, le tout assez difficile d’accroche. Pris une fois encore par ma mission aux entrées, je n’ai pas pu être attentif à l’intégralité de leur set, ils ont cependant reçu un accueil chaleureux eux aussi.

Watertank: (Facebook)

« Salut on est Watertente », ce sont par ces mots que le sympathique groupe nantais a débuté la demi-heure qui lui a été allouée. Prévu sur l’affiche de l’année dernière, le van de Watertank en avait décidé autrement en tombant en panne sur le chemin. Rien de cela cette année, le groupe était bel et bien là pour balancer son stoner rock à voix claire (ce qui en fait le groupe le plus « soft » du week-end) au groove sacrément ravageur ! Excellent set !

Lodges: (Facebook)

Les parisiens de Lodges prennent la suite. Mêlant des titres de leur premier EP (chroniqué en ces pages) avec des titres sortis sous l’ère Donkey Punch, le groupe a livré une prestation nerveuse et abrasive dans le sillage d’un Trap Them ou d’un New Lows. Et si le groupe a avoué avoir eu quelques soucis techniques pendant le live (lorsque par exemple le chanteur a marché involontairement sur la pédale du guitariste), ceux-ci ne se sont pas du tout vus/entendus tant la machine était bien rodée. Leur hardcore chaotique et sombre a envoyé du lourd !

Rvines: (Facebook)

Originaire de Rouen, Rvines est le dernier groupe présent sur l’affiche qui m’était encore inconnu. Officiant dans un crustcore bien énervé, le groupe a été l’un des plus agités sur scène, surtout son chanteur, multipliant les allées et venues sur scène tout en jouant avec ses majeurs et en titillant ses partenaires. Un set aussi efficace que divertissant.

Daggers: (Facebook)

Second représentant du plat pays de la soirée, Daggers a atomisé l’assistance avec leur « blues-core » sonnant à contre-courant de tout ce qui s’est fait ce week-end. Défendant sur scène leur excellent It’s Not Jazz, It’s Blues, les belges sont sortis du lot en balançant un truc complètement à part, au groove sombre et entêtant tandis que le vocaliste, Lemmyesque ou Anselmesque sur disque, sonnait plus caverneux que jamais ce soir-là. Un show bien croustillant de la part de mecs visiblement pas trop fatigués par leur journée de canoë/kayak.

Fange: (Facebook)

C’est donc aux bretons de Fange de conclure comme il faut ce festival. Rejoint par un certain Matthias Jungbluth (Monsieur Throatruiner pour ceux qui suivent pas) au micro, le trio a donc envoyé son sludge/stoner/noise bien gras bien qu’un peu moins lourd que ce à quoi je m’attendais (étonnamment, le son était plus râpeux que pesant). Quoi qu’il en soit, Poisse, leur premier EP, sonne sacrément bien en live, le trio retrouvant intacte leur maitrise du riff poisseux et l’atmosphère nauséeuse perçue sur album.

 

La fin de soirée fut à nouveau festive et le dodo jusqu’au lendemain un peu court comme la veille. La faute cette fois à une horde de zombies hippies assoiffés de sang venus envahir les lieux pour un festival leur étant dédié commençant le jour même. La remise en état du site se révèle donc très particulière, entre l’arrivée massive de camionnettes fleuries et surtout le tri de nos déchets par une petite équipe énervée pour rien (car dans ce coin, aucun centre de tri à l’horizon). Le temps de donner un coup de main à nettoyer/ranger le site, un peu au radar, je me remets donc en route armé de deux poubelles pas encore triées (pour les balancer dans un vrai container) et « pleines de junk-food » (cri de désespoir de la trieuse en chef à chaque ouverture de sac, elle s’attendait sûrement à y trouver du quinoa). Alors que je quitte les lieux, une autre hippie se met en travers de mon chemin pour me dire que la police fait un barrage pas très loin. Je la remercie pour l’info et lui dit que tout va bien, elle me rétorque alors un magnifique: « Alors tu pars pour toute la vie ? » auquel j’ai feint un sanglot en lui disant « Oui, malheureusement, c’est tellement triste ! ».

Mais en réalité non ! Je ferai en sorte d’être présent l’année prochaine tant l’atmosphère de ce festival est à part. Merci aux groupes et aux gens du public d’avoir été aussi cools ainsi qu’à mes collègues bénévoles qui ont tous assuré à leur(s) poste(s). Enfin un merci spécial aux patrons, Fourmie et Flo, les responsables de ce festival à taille humaine (environ 260 spectateurs en tout, groupes compris), de m’avoir permis de faire partie de cette aventure mémorable de l’intérieur. Longue vie au Yell Fest et see you in 2015 !

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Bandcamp (sampler officiel)
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Photos (copyright Sylvain Cabannes)

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