Fer de lance de cette scène punk qui se féminise en compagnie de Scowl ou Mannequin Pussy, Destroy Boys faisait escale à Prague ce 15 février 2025 afin de défendre son sympathique dernier album Funeral Soundtrack #4. Sitôt entré dans le Rock Café, salle située en plein centre-ville de la capitale tchèque, je me rends compte que je suis l’un des plus vieux de la soirée. En effet, la moyenne d’âge est très basse et aussi très lookée entre l’attirail punk « classique » (crête colorée, piques en tous genres), néo grunge et autres looks farfelus variés.
Girlband!, trio britannique 100% féminin, aura l’honneur d’ouvrir devant un parterre déjà bien garni et répondant déjà chaleureusement à leur son. Pour le caractériser, je dirais qu’on a là une sorte de rock assez classique (avec incartades hard rock à l’ancienne) et de punk mélodique chanté avec une voix bien puissante, un mélange pas vraiment dans mes goûts mais je décide de leur laisser une chance. Malheureusement, entre quelques soucis techniques et des compos manquant d’un envol pour me convaincre, je décide de m’éclipser après le troisième morceau malgré toute leur sympathie. Malgré tout, le trio aura reçu un bel accueil durant la demi-heure leur étant allouée (d’après les applaudissements entendus de l’autre côté de la porte).
Destroy Boys débarque une demi-heure plus tard sur scène devant une salle visiblement plus excitée, le groupe californien a de la bouteille (il célèbre cette année ses dix ans) et cela se voit dès leurs premiers instants sur scène. Démarrant avec le gros tube du dernier album « Shadow (I’m Breaking Down) », je suis assez surpris, pensant qu’ils auraient gardé ce titre pour un éventuel rappel tant c’est un hit. Mené par la charismatique Alexia Roditis (chant/guitare), le concert démarre puissamment malgré un son un poil brouillon (les soucis de micro rendant régulièrement la voix inaudible) mais cela se stabilisera par la suite.
Après deux morceaux, la frontwoman prendra enfin la parole pour la première fois, d’abord pour remercier puis pour demander à chacun de se respecter et de ne pas hésiter à se signaler si quelqu’un est victime d’une quelconque forme de violence ou de harcèlement durant le concert. Sachant très bien que son public est jeune, le groupe montre là toute sa bienveillance. Les titres s’enchainent ensuite, nerveux mais aux refrains fédérateurs (« Plucked » par exemple), parcourant là une partie de leur discographie.
Moment amusant, la chanteuse/guitariste laissera la place centrale à la seconde guitariste Violet Mayugba pour deux vieux titres interprétés de manière très énergique et énervée, venant secouer le pit à la manière d’un show hardcore ! Roditis reprendra ensuite la parole, déplorant les actes de Trump (« our dictator ») envers la communauté LGBTQ+, fortement représentée ce soir-là (ndlr: elle ne se doutait alors sûrement pas de tout ce qui a suivi depuis !) avant de chanter « Boyfeel » qui exprime là l’interrogation sur le genre.
Terminant le set sur l’énergique « You Hear Yes », le quintet sort de scène sous les vivas avant de revenir pour un rappel, laissant à nouveau sa chanteuse s’exprimer sur la politique. Celle-ci a ici semble-t-il voulu tout aborder, de la crise économique à la situation à Gaza en passant par les différentes inégalités de par le monde. Le punk a toujours été politique mais prendre plus de dix minutes d’un concert pour passer d’un sujet à l’autre comme cela (carrément du coq à l’âne par moment), j’ai eu l’impression d’un retour en arrière lors d’une assemblée générale de ma fac bloquée avec des gens qui parlaient de plein de sujets (mais peu du pourquoi du blocage). Alors certes le public réagira au quart de tour, mais les deux titres joués ensuite (« Piedmont » puis « I Threw Glass at My Friend’s Eyes and Now I’m on Probation ») auront un léger goût d’inachevé après cette trop longue pause, dommage.
Malgré ça, Destroy Boys s’est montré fidèle à sa réputation de groupe de scène, plein de punch et de tubes entêtants. Un concert sympathique et à message qui aurait pleinement eu sa place au feu-Fluff Fest.
Merci à Eros et Marina de Kinda Agency pour l’accred !