Le rendez-vous est fixé à 15h. Nous patientons sagement devant l’entrée de la salle. Le batteur Brandon Saller passe devant nous plusieurs fois. 15h40. Il commence à pleuvoir et l’attente se fait longue. Nous entrons dans la Boule Noire. Le tour manager nous fait encore attendre, il faut qu’il trouve Brandon Saller. C’est lui qui va répondre aux interviews. Brandon Saller arrive enfin, passablement énervé. 16h. Nous voila dans les loges. C’est parti pour 25 min de talking avec Brandon, beaucoup plus grand en vrai qu’en photo. Assis dans un divan, il mange du pain tout en regardant ses creepers. « Désolé je suis en retard. Je croyais que les itws étaient prévues à 16h… »
Comment vous situez-vous par rapport à toute la déferlante émo ?
On jouait dans un groupe de punk avant, c’était fashion à l’époque. Puis on a voulu changer et faire quelque chose d’un peu différent. A l’époque il n’y avait pas tant de groupe que ça qui faisaient la musique que l’on fait maintenant. Et nous on voulait jouer une musique plus heavy sans pour autant faire un style particulier. C’est venu comme ça, naturellement. C’est cool.
Au début, est-ce que tu chantais déjà ou pas du tout ?
Oui je chantais un petit peu et Alex aussi. Et, en fait, on s’est aperçu que je chantais un peu mieux. Maintenant je chante bien parce que j’ai pris confiance en moi. Au début ce n’était pas évident, je ne pensais pas être capable de le faire et on n’était pas sur que le mélange voix douce et hurlée fonctionne. Mais si…
Donc tu t’es découvert un talent de chanteur ?
Et ben… je jouais juste de la batterie… Dan, le guitariste, et moi on faisait partie d’un autre groupe et j’ai chanté sur une démo pour eux et ça sonnait plutôt bien. J’étais le premier surpris ‘wouah, je peux chanter !’. Alors du coup j’ai commencé à chanter pour Atreyu aussi. Mais tout est parti d’un malentendu.
Sur scène, est-ce dur de gérer les deux: chant plus batterie ?
Ca peut être super dur. Je me suis retrouvé dans la merde plein de fois après avoir enregistré parce que j’avais écrit les parties mélodiques et les parties de batterie séparément et quand il fallait s’assoir et jouer tous ensemble, c’était une vraie prise de tête. Mais la plupart du temps ça va. Maintenant ça fait tellement longtemps que je le fais que c’est devenu quelque chose de naturel. Mais ça a vraiment mis du temps à se mettre en place. La ça va, je gère bien. rire.
Votre musique a évolué entre le premier et le deuxième album et est devenue plus métal. Comment cela s’est-il produit ?
Le premier album a été écrit en quelques mois et enregistré en 10 jours. Cette fois-ci, on a eu beaucoup plus de temps. On a pu se poser en tant que groupe, réfléchir en commun à nos chansons… On a enregistré quelques démos. Ca te permet déjà de faire un tri : garder les chansons qui te plaisent, modifier celles que tu n’aimes pas etc. Puis ensuite au moment de l’enregistrement, la aussi, on a eu plus de temps. En fait je crois que l’album a un meilleur son, et est plus mature du fait que l’on a eu le temps de faire vraiment ce que l’on voulait faire, sans se presser.
Les guitares sont plus techniques, est-ce un aspect que vous allez garder, développer, dans le futur ?
On essaie toujours de faire mieux. Donc je ne sais pas si ça va être plus technique, mais je suis sur qu’il y aura encore plus de riffs accrocheurs. On préfère se concentrer sur la teneur des chansons, sur l’ensemble, plutôt que de se focaliser sur la technique. Il y aura des riffs techniques parce que c’est ce qu’on aime faire, mais ce n’est pas une priorité.
Et le côté heavy ? Vous allez accentuer le trait ou pas ?
arfff… il y a toujours des groupes qui te disent « on va faire un album plus agressif « . Nous on aime la musique agressive, mais aussi le rock. Moi par exemple je préfère le rock à tous les trucs heavy. C’est plus facile pour moi d’écrire des chansons rock. Mais j’aime jouer des chansons heavy. Ce que les gens ne comprennent pas c’est que quand tu es dans un groupe depuis 5 ans et que tu joues la même musique, forcément tu écoutes différents groupes, et tu as envie de jouer des morceaux plus lourds. Or, quand ta musique s’adoucie, les gens croient que tu es un vendu. C’est peut-être vrai pour certains groupes, mais souvent c’est juste une évolution normale. Tu voudrais écouter 3 fois d’affilée le même album ? Nous non. Bien sur on sera toujours heavy, mais il y aura des nouvautés, des aspects que l’on trouvera intéressant de développer.
Et se sera toujours influencé par les 80’s?
Ah oui, ça c’est sur ! Tant que Dan (guitariste et compositeur principal) sera dans le groupe, il y aura forcément des influences 80’s. Il est vraiment fou des 80’s. J’aime bien quelques trucs, mais pas tout. Lui, il aime tout ce qui date de cette époque. Il veut toujours faire des trucs ridicules sur scène et nous ça nous fait rire. Tout le maquillage, et les fringues débiles sur scène, ça vient de lui. Je pense qu’on a tous nos défauts ! Mais c’est tellement sincère, il est vraiment dans son trip. Donc que ça nous plaise ou non, il y aura toujours cette note 80’s sur le prochain album. Dans un sens, c’est un peu lui qui nous a donné une identité et qui nous a amené la où on est.
Est-ce que vous avez pré-produit votre « the curse » ?
En quelque sorte. On a enregistré nos premières démos, puis on a enregistré le cd avec Karl Rejenson. Il nous a dit « Je ne veux rien changer ». Il était seulementlà pour nous aider à sortir le meilleur de nous-même durant les sessions d’enregistrement.
Allez-vous travailler de la même façon pour le prochain album ?
Oui on va essayer de faire la même chose, écrire de bonne chansons, les enregistrer nous même. Et peu importe avec qui on va travailler, on lui enverra les démos… On est un groupe très ouvert. On aime bien les producteurs qui prennent de risques, qui sont inventifs.
Quel album vous a mis le plus sous pression ?
The Curse. Le premier album, quand on l’a sorti, on était encore des gamins. On ne savait pas du tout comment ça marchait. On ne savait pas comment faire une tournée etc. On a sorti le cd et puis on est parti en tournée. Et on a plus fait que ça : tourner, tourner, et encore tourner. Et on ne s’attendait à rien. On espérait que notre album se vende, mais on ne savait même pas que ça marchait si bien. On s’est mis la pression nous-même pour ce second album. Pour nous, quand on se met à écrire un album, il faut que ça détruise le précédent ! J’ai grandi et en écoutant le premier album et je trouve certains aspects vraiment mauvais, alors je voulais que le deuxième soit parfait. Donc, il y a eu la pression que l’on s’est mis nous-même et puis il y a aussi celle de nos fans. Est-ce qu’ils vont aimer les nouveaux titres ? C’était vraiment plus de pression pour le second album parce qu’on avait des attentes supérieures par rapport au premier.
Et sur scène, ressentez-vous cette pression ?
On est un groupe qui joue pour s’amuser et pour faire en sorte que le public s’amuse aussi. Il y a tellement de groupes qui sont sérieux et qui prennent ça au sérieux, qui sont en colère… Nous aussi on a des chansons sérieuses et on est en colère, mais à partir du moment où tu es sur scène, tu es la pour prendre du bon temps, donc bon… On essaie de se surpasser à chaque fois. Les gens ne viennent pas te voir en concert pour voir 10 fois la même chose, donc à chaque fois on essaie de faire évoluer notre jeu de scène.
Vous jouez systématiquement la reprise de Bon Jovi ?
Non ! La première qu’on l’a joué les gens n’ont pas compris. ils se rergardaient entre eux du genre « hein ? ». Maintenant qu’elle est sur cd, les gens la connaissent, donc ça marche mieux. Dans notre public, certains sont trop jeunes pour connaître Bon Jovi. C’est bien, ça leur à fait découvrir un nouveau chanteur. Moi j’adore Bon Jovi, il est génial ! On a toujours voulu faire une reprise, mais on n’a jamais pu se mettre d’accord sur un groupe, sauf Bon Jovi.
Allez-vous être sur la route pendant encore longtemps ?
On va finir cette tournée. Puis en Mai on se repose un peu avant de tourner tout cet été avec le Warped Tour. Je suis super excité de jouer sur ce festival. L’année dernière on a fait le Ozzfest, donc tu as 1/2 heure de concert. J’ai eu de bons échos en ce qui concerne le Warped Tour. Je pense que ça va être sympa. Chaque fois que l’on joue sur un festival comme ça, on gagne de nouveaux fans parce que tu joues avec des groupes tellement différents…
Tu sais que vos t-shirts sont super chers ?
Ah oui ? Sérieux ? Vraiment ? inquiet.
Oui, c’est en livres anglaises!
rire. Ah c’est en livres ! C’est la première date que l’on fait en Europe, on a oublié de mettre les sigles "euro", désolé. rire.
Vous les avez dessiné vous-mêmes ?
Oui c’est notre bassiste qui les fait.
Une rumeur court comme quoi vous allez quitter Victory. Est-ce vrai ?
Oui c’est vrai. Il y a eu des problèmes entre nous et eux. On est toujours sur le label, mais on n’en est pas très content donc… Pour l’instant on n’a pas cherché ailleurs, mais c’est vrai que l’on n’est plus trop excité à l’idée d’être signé sur Victory. Au début c’était génial.. mais… Quand j’y repense je ne sais pas quand est-ce que ça a commencé à merder…