Alec Empire – 25 mai 2005 – Trabendo – Paris

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Le pape du digital hardcore fait salle comble sans panache.

Après une date avortée pour raison de santé, Alec Empire revient à Paris, en ce mercredi 25 Mai faire son show.

« Sur scène à 23h30 précise » dit le mail. L’heure convenue est plutôt tardive pour un concert en milieu de semaine. Ouverture des portes à 22h, début des hostilités 1h30 plus tard, il fallait être motivé pour voir Alec Empire aujourd’hui. L’attente précédent le set est longue et laisse le temps au Dj de s’exprimer en bombardant l’assemblée de tubes technos aux paroles d’une finesse exemplaire. Quelques morceaux goth/indus s’immiscent ça et là, et la partie dansante s’achève sur un titre de Rammstein. Certains amateurs lookés au possible ‘trippent à mort’ et se déhanchent les yeux fermés.

Sur la gauche de la scène le guitariste sort son instrument d’un étui recouvert d’un énorme sticker Amen. Voila qui recadre de suite notre affaire. Amen, groupe trash punk américain de Casey Chaos, frontman schizophrénique et anti-Bush, dont les cds sont censurés au pays de l’oncle Sam. Alec Empire, de son vrai nom Alexander Wilke, n’a pas oublié pourquoi il fait de la musique : « libérer la classe ouvrière de son carcan ».
Que se soit avec sa formation Atari Teenage Riot (groupe de techno bruitiste qu’il fonda en 1992, précurseur du mouvement « digital hardcore ») ou en solo, son but est d’éveiller les masses et les intéresser à la politique. « Je suis né à Berlin en 1972. J’ai grandi dans une ville entourée d’un mur, une zone de conflit qui a inspirée David Bowie et Iggy Pop. » Forcément, ça vous colle à la peau. Son dernier cd en date « The futurist » aborde d’ailleurs les thèmes de la rébellion, de la violence…
Au niveau musical, c’est back to basics, avec une rythmique punk crado à souhait. La première musique qu’il joua et qui marqua le début de sa longue carrière. Reste le penchant techno / machines assuré par Nic Endo aussi responsable des ‘bruits’ pour Atari Teenage Riot. Féministe dans l’âme, d’un père allemand et d’une mère japonaise, elle apporte beaucoup plus que les sons samplés, elle y met toute sa rage. Pour couronner le tout, les clichés ornant la pochette de l’album ont été pris par Miron Zownir, photographe atypique allemand dont l’ouvre est basée sur le mouvement punk de Berlin, et les exclus de la société : criminels, sans-abri. Ultime clin d’oil au passé sulfureux du sieur Alex.

Après avoir préparé son matériel, le guitariste disparaît aussi vite qu’il est venu. L’attente continue. Enfin le groupe surgit de nulle part avec à sa tête Alec Empire, torse nu, seulement vêtu d’un pantalon de cuir noir moulant. Nic Endo, prend sa place derrière ses machines sur la droite de la scène. Contrairement à d’habitude, elle n’arbore pas le signe japonais « résistance » qui orne en temps normal la moitié de son visage. Le groupe entame son set… sans jeter le moindre regard à l’assemblée. Les titres s’enchaînent, mais la communion avec le public très statique ne se fait pas. Le dernier album est joué dans sa quasi intégralité.

C’est pro, bruyant mais l’impression de bouilli que dégage une concert d’Atari Teenage Riot ne se fait guère sentir ici. Peut-être est-ce dû à la présence de vrais musiciens qui jouent de vrais instruments ? Alec esquive quelques gestes en direction du public, lâche son micro au gars du premier rang, avant de se saisir d’une guitare. Et c’est la que ça dérape. Il s’énerve contre sa guitare, tripote nerveusement les boutons de sa pédale, puis ceux des amplis… sans grand succès. Ca s’appelle un couac. Du coup, il la jette dans un accès de rage et reprend le micro. Le show continue, comme si de rien n’était. Au moins il a su retomber sur ses pattes…

Deux chansons de plus et voila que le groupe quitte la scène sans un mot. On ne peut pas dire qu’Alec soit un grand communiquant. Idem pour ses musiciens. En même temps il est difficile de le leur reprocher, c’est un peu le style de la maison qui veut ça. Un concert, c’est du sérieux ! Peut-être un trop d’ailleurs. Ce fut bien exécuté, mais un tantinet trop froid et distant. Le public ne s’épanche pas en applaudissement et quitte la salle avec précipitation : c’est l’heure du dernier métro. La terre continue de tourner. L’idéologie anarcho- punk de la tête d’affiche, n’aura pas réussit à franchir les portes de la salle de concert ce soir.

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