Aside From A Day

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Aside From A Day sur scène est une expérience unique. Lancé
à pleine vitesse leur hardcore noisy émotionnel ne laisse
personne indemne. Après un set intense le groupe quitte la scène
sous les applaudissements d’un public conquis. Quelques minutes plus
tard Fred, chanteur du groupe, profite d’une courte accalmie pour répondre
à ces quelques questions.


On commence par une petite présentation du groupe ?


Fred :
Aside From A Day a commencé en 2000 avec cinq musiciens
dont deux guitaristes. Notre premier mini album Maïeutics est sorti
en 2001, puis l’un des guitaristes, Charles a quitté le groupe
au bout de deux ans. Ce n’était pas trop son truc de bouger.
On a refait un quatre titres Setting in motion fin 2003 et notre premier
album, Divine proportion est sorti il y a un mois à peu près.


Il y a (hélas)
encore beaucoup de gens qui ne connaissent pas
Aside From A Day, tu peux les éclairer et nous dire quelle genre
de musique vous pratiquez ?

Fred :
On mélange beaucoup de choses, plusieurs styles c’est
un peu hardcore emo, math, noise rock… C’est un peu difficile à
qualifier il faudrait un nom à rallonge bien compliqué.
On écoute plein de choses différentes et on a envie de mixer
tout ce que l’on aime.

Justement quelles sont vos influences,
qu’est ce que tu écoutes en ce moment ?

Fred :
Qu’est ce que j’écoute en ce moment ? Isis, Envy,
Anodyne, The Minor Times, Gantz on aime beaucoup des trucs un peu plus
instrumentaux, genre From Monument To Masses, Actarus, Mono…


Vous avez commencé avec un son beaucoup plus metal hardcore
sur Maïeutics notamment et vous tendez avec Divine Proportion vers
un truc plus noise, plus moderne. Comment s’est passée cette
évolution ?

Fred :
En fait au départ quand on était cinq, Charles le
deuxième guitariste avait énormément d’influences
metal et ça se ressentait énormément sur les compos.
Quand il a quitté le groupe l’évolution s’est
faite naturellement avec Nico, l’autre guitariste, qui est beaucoup
plus noise, rock, des trucs lourds à la Cult of Luna. Puis toute
la musique autour s’est adaptée, le jeu de batterie a un peu
changé, moi je ne chante plus comme sur Maïeutics par exemple.
Tout s’est aéré un petit peu, ça s’est
rempli soit de manière plus chaotique, mathématique ou de
façon plus épurée, mélodique ou plus lourde,
plus mid tempo.


Il y a un véritable travail sur la mélodie qui fait
partie intégrante de votre musique. Comment ça se passe
lors du processus de composition ?

Fred :
Ce que l’on fait, ça va être un peu difficile
à expliquer mais on construit la rythmique sur le milieu de manche,
c’est-à-dire entre ce qui est vraiment très mélodique
et ce qui est très lourd. Par rapport au studio, où forcément
tu mets des couches de guitares qui amplifient la chose, en concert on
essaie toujours d’être un peu entre les deux pour avoir de
la lourdeur mais aussi de la mélodie. En restant en milieu de manche
on peut soit vraiment jouer du lourd très lourd, soit vraiment
jouer des petits passages un petit peu plus aigus. Parce que avec une
gratte tu peux très vite tomber dans le hachuré, simple
et métallique. Donc on bosse vachement la mélodie sur les
riffs qui peuvent paraître à la base « hardcore metal
».


Justement à la première écoute Divine Proportion
semble un peu plus terne et ce n’est qu’au fur et à mesure
des écoutes que l’on commence à distinguer la richesse
des arrangements et des compositions. Est-ce que votre travail avec Ed
Brooks a participé à l’élaboration de ce son
?

Fred :
On a enregistré en France avec un copain à nous
qui bosse dans un studio. C’était la première fois
qu’on allait dans un vrai studio et comme c’était un
pote il nous a permis de faire des heures en plus par rapport au forfait
studio “classique“. On a passé beaucoup de temps avec
lui et comme il est dans ce style de zik, il joue dans un groupe un peu
rockin emo, il s’est super investi. En fait c’était plus
un boulot d’amitié, un investissement personnel plutôt
qu’une relation groupe ingé-son. On a passé beaucoup
d’heures à travailler les mélodies, les doublages guitares,
les harmonisations. On a passé du temps à mixer les niveaux,
les endroits où on voulait accentuer la mélodie ou le coté
lourd. Et en parallèle, quand on a commencé à être
un peu avancé dans le mix, on s’est mis en relation avec Ed
Brooks, pour savoir ce qu’il nous fallait ou pas au niveau du master
et ce que l’on voulait nous en terme de résultat. On voulait
absolument que ça ne sonne pas soit très très gros
soit hyper rock. On voulait arriver à trouver un mix entre les
deux parce que justement on est entre ces deux choses là. Donc
Ed Brooks nous a envoyé un premier master, on l’a écouté,
dit ce qui allait, ce qui n’allait pas il l’a refait et la deuxième
fois c’était bon. Après il a généré
le master final et puis c’était fait. Mais lui aussi il s’est
bien motivé dessus, surpris de voir qu’il y avait des groupes
français qui sonnent comme ça. On est allé chez lui
parce que on est fan d’Isis et Botch et les deux master de Oceanic
et We Are The Romans ont été fait chez lui. On c’est
pas vraiment posé de question, c’était un peu idiot
d’aller ailleurs alors que l’on aime ce qu’il fait. Même
si au niveau du tarif c’était un peu cher mais on s’est
dit voila on sort un album on se fait plaisir et on a mis ce qu’il
fallait pour. Du coup il s’est bien investi et le résultat
on trouve qu’il est là. Bien sûr il y a toujours mieux
à faire c’est évident mais globalement on est super
content. Il ne faut pas oublier qu’on ne reste qu’un petit groupe,
il faut rester à sa place tout en essayant de faire les choses
le mieux possible.


On retrouve également un véritable travail sur l’artwork,
vous êtes impliqué dans ce travail graphique ?

Fred :
C’est Nico notre guitariste qui s’occupe de tout. Il
est infographiste et il fait les pochettes, les T-shirts, les affiches,
les stickers…


Tous vos textes sont en anglais c’était quelque chose
d’évident dès le départ ?

Fred :
Tous les groupes hardcore que j’écoutais adolescent
chantaient en anglais. Quand on a commencé il n’y avait aucun
groupe de hardcore français qui chantait français, les seuls
c’était Lofofora et ça n’a rien à voir.
Finalement je trouve que les sonorités de l’anglais sont beaucoup
plus ouvertes, au niveau de l’ampleur des sons, des voyelles, des
longueurs… Personnellement pour notre musique je pense que le français
ça n’irait pas. Tu prends Mihai Edrisch ou Gantz il y a plus
de place pour la syllabique française qui est beaucoup plus découpée,
ça passe mieux. Mais je pense que sur des trucs un peu plus «
métallisés » l’ouverture de l’anglais fait
que c’est beaucoup plus intense et ça correspond plus à
notre zik.


D’où tires tu tes influences pour l’écriture
des textes ?

Fred :
C’est surtout ma vie personnelle et plus le temps avançait
plus c’est devenue personnel. Je traite de thème de société
de mon point de vue, même si ça peut paraître con puisque
c’est toujours de mon point de vue, mais c’est vraiment devenu
personnel, chose qui n’était pas avant. C’était
beaucoup plus slogan, revendicatif, plus d’une manière «
hardcoreux » pas old school mais plus slogan, politisé et
franc. Là maintenant c’est plus personnel.


C’est difficile de vivre de sa propre musique aujourd’hui
comment ça se passe au sein du groupe ?

Fred :
Pour un groupe comme nous c’est impossible de vivre de sa
musique alors on travaille tous a coté. Nico vient de lancer sa
boite d’infographie en indépendant et il travaille tout seul
chez lui, il bosse avec des studios, il fait des sites… Dess il est
dans un bureau chez France Telecom il gère une équipe sur
le terrain, Julien, le batteur il est ingénieur qualité
il intervient dans des entreprises pour contrôler la qualité
auprès du personnel et moi je suis educ spé.


Sur la question du téléchargement les positions divergent.
Le plus souvent les petits groupes voient Internet comme un moyen de diffuser
leur musique alors que les groupes signés sur une major considèrent
le net comme un danger commercial.

Fred :
Grand débat. Honnêtement je suis pour le téléchargement
gratuit parce que si tu n’achète pas tes skeuds en distro
à 10 ou 12€, tu les achètes à la Fnac entre
20 et 22€. En plus, globalement les gens qui écoutent ce style
de musique c’est rarement des gens qui sortent du 16ème arrondissement,
ils ont peu de moyens et ont déjà à peine de quoi
payer une entrée de concert. Donc s’ils n’ont que le
CD pour découvrir ta musique et que tu le vends 20€…
Maintenant on n’aurait jamais mis Divine Proportion en téléchargement
entier alors qu’il sortait en même temps dans le commerce.
Mais Maïeutics et les deux premiers titres qu’on avait fait
sur une compil vont bientôt être disponibles gratuitement
sur notre site et on ne va pas tarder à mettre le Setting In Motion,
qui est bientôt sold out en téléchargement gratuit
aussi. Après sur une nouveauté c’est différent
et je ne suis pas pour le proposer tout de suite en téléchargement.
Il faut aussi pouvoir presser des CDs et si c’est pour qu’ils
calent les meubles parce que des mecs ont téléchargé
ton album entier gratuitement c’est chiant. Il faut dire ce qui est,
pour tourner tu as besoin d’argent, pour payer tes instruments tu
as besoin d’argent, quand tu rentres chez toi que tu fais le plein
avec ta carte bleu il faut que ton compte soit alimenté. Tu aimes
bien aussi pouvoir financer au minimum ce qu’il y a à faire
pour pouvoir faire ta musique à peu près correctement. Donc
le téléchargement je suis pour mais pas pour une nouveauté
ou pour un groupe qui a un peu d’espoir et qui espère vendre
les CDs qu’il a pressé dans une proportion raisonnable. Par
exemple nous on a pressé à mille exemplaire je ne crois
pas que ce soit abuser de vouloir espérer les vendre tous sans
pour autant vouloir devenir une star du rock. Même en vendant les
milles on est très très loin de faire tout ce que l’on
aurait envie de faire. Partir loin, au Japon par exemple, il faut payer
ton billet de ta poche parce que ton groupe jamais il ne pourra financer
un billet pour le Japon… Ca ne me dérange pas de le faire
parce que quelque part c’est presque des vacances mais bon toujours
donner, donner au bout d’un moment on est comme tout le monde on
a pas les poches infinies. De temps en temps il faut être réaliste
et rentrer de l’argent pour faire de la zik. C’est un sentiment
très partagé. D’un coté tu as envie d’en
donner un maximum aux gens et le téléchargement peut en
faire partie mais par ailleurs tu as aussi envie de pouvoir toi faire
des choses, et pour pouvoir les faire il faut un minimum de financement.
Mon cœur balance sur cette question à double tranchant.


Vous avez tourné avec de nombreux groupes, tu peux nous raconter
une petite anecdote de tournée ?

Fred :
Quand on est parti en tournée en Allemagne avec Anodyne,
un groupe américain, l’année dernière on a eu
une pure galère de camion. On s’est retrouvé en Allemagne
à devoir annuler notre dernière date alors que c’était
un gros fest où on avait vraiment envie d’aller. On s’est
retrouvé sur le bord de l’autoroute avec le camion en panne
coincé à 400km de chez nous. On a du rentrer dans un Ford
Galaxy entouré par le matos et on avait une date la semaine d’après.
On n’avait plus de camion, c’était galère sur
le moment mais ça fait partie des bons souvenirs. On a plein de
photos où tout le monde est blasé. C’est un super souvenir
notamment la rencontre avec Anodyne c’était vraiment quelque
chose de génial. Dernièrement on est parti en tournée
avec Gantz une semaine et maintenant on est super potes. On a joué
avec des groupes qu’on aime vraiment, Cult of luna, Catharsis…
C’est des gens pour qui ont a beaucoup de respect parce que ce sont
eux qui nous ont mis à la musique qui nous ont fait découvrir
d’autres sonorités, d’autres façons de jouer,
d’autres messages… Toutes les choses comme ça qui ne
seraient jamais arrivées si on était resté chez nous
dans notre salon. Ne serait ce que ça c’est déjà
une anecdote en soi même.


Vous avez aussi joué au Printemps de bourges en 2004, c’était
une date plus importante que les autres pour Aside From A Day ?

Fred :
Justement la date du Printemps de Bourges c’était
la semaine après que l’on soit rentré d’Allemagne
avec le matos et ça n’a rien à voir. Tu arrives il
y a dix personnes qui s’occupent de toi, s’il te manque du matos
ils ont ça en douze exemplaire. C’est une organisation de
festoche pro. Nous après on s’est rapidement adapté
à notre environnement et on en a bien profité. On a joué
à 12h30 c’était quand même très particulier.
Globalement ça reste un bon souvenir, après c’est hyper
pro. Le plus intéressant c’est que l’on a pu toucher
un public différent. On a joué devant une salle qui était
remplie, il y avait 600 personnes, chose qui ne nous arrivera plus jamais
je pense. C’est une bonne opportunité aussi de pouvoir faire
découvrir un autre style de zik puis surtout représenter
pas mal de groupes qui n’auront jamais accès à ce genre
de scène pour que les gens sachent que ça aussi existe et
qu’il y a une musicalité, il y a du talent… Je ne parle
pas que pour nous mais par exemple tu apprends qu’Isis joue au festival
de Montreux, voilà ça veut tout dire. Tu as beau faire du
bourrin il y a des notes, il y a plein de choses qui se passent c’est
bien que d’un certain coté que les professionnels de la musique,
au sens très large du terme, se rendent compte que même dans
ce genre de zik il y a une musicalité, il y a des choses intéressantes,
des mecs qui se bougent, il y a du talent… C’est bien que ça
commence à émerger, à sortir du neo metal… Les
gens se rendent compte qu’il y a une musique alternative qui vaut
quelque chose. Et le festival de Bourges on est content de l’avoir
fait au moins pour ça.


Quels sont vos projets futurs ?

Fred :
Divine Proportion est sorti sur Exutoire et Impure et ça
nous aide pas mal. Impure avec Joss qui bosse beaucoup, qui connaît
beaucoup de monde. Ca nous aide pour nous faire connaître en dehors
de la France ce qui n’est pas forcément évident. Exutoire
travaille énormément sur ce qui est territoire national
et ils font un gros boulot, de promo, de booking… Et puis à
la rentrée on part en tournée deux semaines avec Cortez,
la nouvelle prod Exutoire qui va sortir dans pas longtemps. On part 15
jours du 26 septembre au 08 octobre, on devrait aller en France, au Luxembourg,
en Allemagne et en Autriche pour 14 ou 15 dates. Et puis on espère
bien pouvoir choper un groupe loin d’ici pour pouvoir faire un split.
On a des concerts jusqu’à la fin du mois de juin. On joue
le 17 à Orléans, le 18 à Rennes, le 21 pour la fête
de la musique chez nous, à Besançon où ça
va faire deux ans qu’on a pas joué et après c’est
la pause. On va se remettre à composer, juillet, août dans
l’optique de pouvoir trouver soit une participation à une
compilation ou à un split justement. Donc on a pas mal de choses
de prévu. Motivés.

Merci à Fred, Aside From A Day, à Morgan et aux 18 marches.

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