Juliette – Rimes Féminines

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Style: Chanson françaiseAnnee de sortie: 2010

Elle est chouette Juliette. Et mine de rien ça fait 25 ans qu’elle se promène dans notre paysage musical. La tignasse brune et frisée, l’œil malicieux qui pétille derrière des lunettes rondes, l’air de ne pas y toucher… Elle est de ces artistes qui valent qu’on écoute un peu ce qu’ils ont à chanter, parce qu’ils ont sans doute des choses à dire. De ces gens qui ne racolent pas à longueur de média. Leur oeuvre suffisamment conséquente parle pour eux. Elle dit  : « Passe donc m’écouter à l’occasion, si tu as un peu de temps ». Alors j’ai tenté le coup, j’ai écouté pour voir, et j’ai vu …et pas qu’un peu.

Son deuxième album Rimes féminines sorti en 1996 est un petit chef-d’oeuvre. Son parolier d’alors, Pierre Philippe, lui dessine sur mesure une galerie de personnages à qui elle prête vie. Tout commence par ces mots : « Dans un corps vide entrer mon âme… ». Le rideau s’écarte, laissant apparaître la chanteuse qui déjà vous prend par la main.

Juliette c’est une voix généreuse teintée de Piaf (mais point trop) pour la gouaille et de Brel (jamais assez) pour l’interprétation et ce talent d’alterner le rire et les larmes. A coup sûr, elle chante, mais elle vit aussi et avant tout les histoires qu’elle raconte avec l’élégance du détachement. Car la qualité principale de la dame est la légèreté dans la fantaisie comme dans l’émotion. Chacune de ses chansons nous embarque pour quelques minutes dans son cabinet des merveilles.

L’émotion d’abord lorsqu’elle évoque le sort malheureux d’un modèle délaissé par son amour de peintre dans L’amour en pointillé, moment de poésie gracile qui la voit décliner le genre de la chanson réaliste sans tomber dans le drame absolu. Elle touche juste encore lorsqu’Heureuse, elle se fait douce-amère, en équilibre sur la corde sensible de la solitude et de l’abandon. Éperdue d’admiration et d’amour maternel, elle nous berce et chante la Berceuse pour Carlito. Et comment ne pas croire en elle lors de l’Oraison où agenouillée en une prière blasphématoire elle déclare un amour irrévérencieux et superbe sur fond de musique sacrée ?

Changement de registre alors que La petite fille au piano entre en scène d’un air innocent. Ne vous y fiez pas. Tout se terminera dans un délire symphonique tonitruant. Vous atterrirez alors dans les bras de La géante pour une pastorale sensuelle et bucolique. Juliette continue d’en abattre en endossant les hardes de La belle abbesse, éclatante clocharde à la voix grasseyante. Un air de cabaret flotte toujours dans l’air, quand tenancière d’un bordel masculin elle fait son inspection et adresse ses Remontrances délicieusement dégueulasses à son personnel.

On ressort de Rimes féminines étourdi par le tourbillon de la mise en scène (et en musique) de ces tranches de vies. La tête pleine d’images et de refrains. Elle est comme ça Juliette, elle donne et se dépense pour nous sans compter. Alors bravo et surtout : merci madame.

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alchemist

Chroniqueur inter mi-temps, amateur de chats, de Metal mélodique sous toutes ses formes, de fromages de caractère, de bons bouquins, de radios intelligibles... et de zombies.

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