Après avoir essayé pendant des années d’encourager des dizaines de personnes à venir assister à de bien meilleures affiches, je dois rendre hommage au talent d’organisateur de l’homme autour de qui la soirée était centrée. A défaut d’avoir choisi des artistes valables, il a pris des artistes qui ramènent du monde pour garantir à Zu et au Glaz’art un public conséquent. Pour la qualité musicale, on repassera.
Une fois rentré dans la salle, une dame me tend un DVD qui se révèlera être une collection de courts métrages réalisés, avec la collaboration d’une autre personne non identifiée, par l’organisateur se trouvant au même moment sur scène derrière le micro. Rien que ça ! Dans la salle du fond, un organiste s’escrime sur son instrument pour sortir une musique qui pourrait aisément partager un split EP avec Yvette Turner. La soirée commence bien.
Bien avisé d’avoir écouté un peu les pages myspace des groupes annoncés, j’ai pu obtenir l’heure de passage de Zu auprès d’un pote pour ne me radiner qu’après 22h. Point besoin de connexion mafieuse, il lui aura suffit d’appeler la salle. Une leçon que bien d’autres devraient retenir en cas d’occasions similaires.
Vers 22h30, Zu passe sur la grande scène. L’organisation a, en effet, aussi pris le parti de faire jouer d’autres groupes à côté de la scène pour accélérer les changements de plateaux. L’heure de concert commence alors dans une salle attentive et excitée. Au bout de quelque morceaux une petite fosse se déclenche même où une tripotée de bobos sautillent et se bousculent. La retraite est donc prise sur le côté pour apprécier correctement le concert. Car des choses à apprécier, il y en avait ! Le spectre de Godflesh et de Mr Bungle vole par moment dans mon esprit mais Zu n’en reste pas moins une bête unique. La combinaison basse / batterie / saxophone est plombée pour un résultat aussi lourd qu’à un concert de metal.
La basse est grasse et métallique. Le jeu du batteur aussi précis qu’il est riche. Les dix années d’expérience se sentent à chaque break et dans les parties plus free où le groupe démontre sa maitrise à la fois par son expérimentation et sa capacité à déchainer un groove monstrueux.
Les sons se mélangent malgré les univers différents qu’ils occupent et donnent au set une couleur particulière renforcée par l’enchainement sans temps mort des titres. Pas-même entre la "fin" du concert et le rappel où le sample de grognement de chien sur lequel le dernier titre était joué continua de tourner pendant la courte absence de scène des musiciens.
Autour de moi un public éclectique hoche la tête et rentre dans le jeu des musiciens. La musique de Zu est tellement riche qu’elle invite tous les publics et toutes les réactions. Des plus attentives aux plus énergiques. Certaines viennent pour la puissance du son, d’autres pour l’énergie,, le groove, l"originalité. Une diversité que l’affiche voulait peut-être émuler ? Seulement, ce soir, rien n’arrive à la cheville du trio italien. Seul des titres de Carboniferous seront interprétés pour un tour d’horizon pratiquement complet de cet album qui en aura surement marqué plus d’un cette année, tout comme ce concert que l’on ne pourrait qualifier de rien moins qu’irréprochable.