C’est un album bien barré que nous propose là le groupe norvégien Shining, qu’il ne faudra surtout pas confondre avec le Shining suédois (celui avec le non moins barré Kvarforth aux commandes), plus connu des amateurs de métal et plus précisément de black un rien dépressif. Ne pas les confondre non, car au-delà du patronyme commun, il y a vraiment un monde entre les deux.
Ces Shining là offrent pourtant eux aussi une musique bien extrême qui ne plaira pas à toutes les oreilles, mais qui va pour sa part davantage taper dans un improbable mélange de genres, entre free jazz, métal et indus.
Le résultat est pour le moins agressif, criard même, et même si l’étiquette free jazz vaut probablement davantage pour les profanes à la culture jazz peu développée, elle décrit assez bien la structuration particulière de cette musique (qui contient en outre régulièrement un saxophone, confirmant l’affiliation revendiquée par le groupe lui-même), sur laquelle le psychopathe en chef au micro vient littéralement hurler ses « couplets » si l’on peut les qualifier ainsi.
De prime abord déroutante voire même rebutante car extrêmement saturée (tant au niveau des guitares que de la voix), cette musique dévoile pourtant rapidement un caractère addictif et une dynamique qui vient vraiment s’emparer du pauvre auditeur qui aura laissé traîner ses cages à miel sur Blackjazz. On pense parfois aux italiens barrés du coude, Zu, dans une texturation plus saturée et presque industrielle (ou pas), mais avec ce goût commun pour la fusion du métal et d’un jazz premier niveau qui trouvera du fait de cette approche très métôl, sans problème grâce aux non amateurs éclairés de jazz. C’est pour cette même raison et aussi de par cette approche quelque peu vulgarisée du free jazz, qu’il est probable que la réciproque ne soit pas vraie et que Shining exerce à l’inverse un véritable effet repoussoir vis-à-vis des jazzeux confirmés. Hypothèse à confirmer grandeur réelle bien sûr.
L’approche bruitiste et saturée qui rend certains titres quand même passablement hermétiques aux habitués des structures classiques en 4/4 (cf l’excellent mais exigeant morceau « Healter Skelter » par exemple), n’empêche cependant pas le combo de faire montre ici d’une réelle capacité à balancer des morceaux efficaces et prenants comme l’excellent « Fisheye » qu’on pourra même se risque à chanter sous la douche avant d’aller bosser, ou là à mettre en musique des ambiances sombres presque cinématographiques (« The Madness and the Damage Done Part 2 » qui reprend finalement la thématique de l’excellent part 1, ou l’inquiétant et bien frappé aux entournures, «Omen »).
Cette approche complexe qui reste rock, peut par certains côtés rappeler le King Crimson de « 21st Century Schizoid Man » et c’est donc assez naturellement que les norvégiens ont choisi de reprendre cet hymne pour clôturer leur nouvel album, avec une réussite malheureusement pas à la hauteur de ce qu’on était en droit d’espérer. On réalise en effet que l’alchimie complexe qu’avait trouvé le roi cramoisi entre saturation et dynamique, s’effondre littéralement lorsqu’on pousse les potards comme le fait Shining, pour basculer dans l’imbitable et l’inutile. Comme quoi la surenchère ne sert pas toujours l’œuvre, même dans un genre aussi extrême que celui-ci.
Malgré ce léger faux pas, Blackjazz reste une expérience aussi intense que réussie truffée de moments incroyables et jouissifs (comme cette hallucinante « Blackjazz Deathtrance » qui porte son nom à merveille et se termine dans une explosion de saturation). Expérience à tenter absolument ne serait-ce que pour choisir son camp entre les pro et les anti…
Tracklist :
- the madness and the damage done part 1
- fisheye
- exit sun part 1
- exit sun part 2
- healter skelter
- the madness and the damage done part 2
- blackjazz deathtrance
- omen
- 21st century schizoid man (king crimson cover)
aaaah …. en voila un album qu’il est bien !
puissant , riche, oppressant , anxiogène… mais terriblement bon !
De plus ils sont passés a Lyon le 16 Mars pour leur premier concert en France !
En live on retrouve toute la puissance et la folie présente sur l’album . avec cela quel vieux mais bon titre tel « In the kingdom of kitch you will be a monster » ou « Goretex Weather Report ». le groupe finissant sur » 21st Century Schizoid Man » bien meilleur en live que sur le CD !
bref on bien bon concert pour un bon groupe !
allez en bonus voila mes photos prise pendant le concert de lyon =>
http://www.flickr.com/photos/35373239@N02/sets/72157623641293188/
xum