En vrai Autumn is the End est un choix sûr pour pénétrer le jardin bien particulier de Steven R. Smith. Ce n’est ni le meilleur ni le plus marqué, et sans être tiède ni trop élémentaire il initie à la grammaire smithienne de manière très pédagogique. Il permet de s’approprier sagement ces capsules dépaysantes où se croisent dans une parfaite absence de pression cordes glissées ou pincées, réverbération oxygénante, filtres granitiques, fonds acoustiques de culture mi-neo folk, mi-orientale et fascination prononcée envers le tintement furtif, qu’il soit de cuivre, de verre ou de porcelaine, autre renvoi respectueux aux musiques indo-persanes, dont l’influence traverse l’album comme un fil d’Ariane jamais saisi à pleine main dans le souci de développer un langage pour les choses du monde, sans exclusivité.
L’album introduit déjà un casting resserré des instruments façonnés ou modifiés dans l’atelier personnel de l’artiste. Incorporés sans éclat ni fumée au flux des compositions, psaltérion, mandoline ou vielle artisanale participent par leur nature même à consolider ce côté rétro qui donne l’impression, délicieuse à l’écoute, de contempler un ballet d’ombres aqueuses à travers une toile sépia. En quelques occasions s’y invite l’écho vaporeux de vocalises féminines. Mais en accord avec la philosophie acceptée, elles ne viennent jamais réclamer le premier rôle. Si des translations subtiles entre les instruments s’occupent de produire les altérations motrices des morceaux, l’osmose des sons ne se lézarde en aucun endroit. Quitte à laisser un goût d’égalité à la limite du lisse, ne seraient la pureté enivrante du timbre et la justesse tranquille du rythme qui justifient le parti pris d’effacement du faiseur derrière le mouvement qu’il imprime.
Plus qu’un diffuseur d’ambiances, cette musique se nourrit de petites découvertes et finit par en dire autant sur le monde que sur elle-même. Elle se trouve chez elle dans l’air comme au sol, sous le feu du désert arizonien comme au bord d’un ruisseau paresseux à deux pas de chez vous. A bien des idylles l’automne est la fin. Pour Steven ce n’est que le prologue…
- redivivus
- sifting chimelle
- this fleeced reel
- to this nothing already then
- in held ambit
- gilding
- wan and smiling assent
- ohne… – long, long hence