Steven R. Smith – Owl

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Style: atmosphericAnnee de sortie: 2008Label: Digitalis Industries

Après un mini-hiatus consacré à étoffer le catalogue de ses divers exutoires, c’est à la mi-2008 que Steven R. Smith se décide à apposer de nouveau son nom sur un album. Et pour la première fois il y dépose aussi sa voix. Choix étonnant qu’on ne peut pas rapporter à un caprice narcissique quand on connaît l’humilité du personnage, et quand on écoute la confondante simplicité – dans tous les sens du terme – des quelques couplets distribués de ci de là, en prenant soin de ne pas obstruer l’accès aux instruments. Mais l’apport de l’élément vocal, même s’il n’est pas omniprésent, nécessitait un nouvel équilibre, et Owl fait ainsi place à des textures moins chargées et moins phrasées que les albums précédents. Ce qui se devinait d’ailleurs dès la lecture du digi, qui ne fait mention d’aucun des fascinants instruments artisanaux habituellement associés aux réalisations de Steven R. Smith. Rien d’autre que “electric guitar, voice + extras.” Faites vos jeux. La plupart des titres développent une sorte de drone/blues transi avec filets d’orgue ou de piano en hologrammes. Le mix est paramétré pour couvrir la guitare d’une consistance acide, voire abrasive, chargée d’opposer une résistance poreuse contre laquelle viennent se caler les vocaux.

Sans fausse bienveillance, on accordera à Owl le mérite de l’audace, et on lui reconnaîtra un certain nombre d’instants où, à force de tâtonnements, il maintient un équilibre plein et foncièrement élevé dans l’esthétique du son. Souvent dans ce qui ressemble à des embryons de refrains. Mais tout autour l’approximation est trop flagrante pour décrocher l’excuse de l’improvisation prolifique. Trop nombreux et trop longs sont les paragraphes où la guitare mouline de façon inefficace, sans accrocher d’enchaînement astucieux. Manque d’assurance devant un style inaccoutumé, hésitations coupables ou tout simplement inspiration en petite forme, toujours est-il que cette précarité de fond atténue nettement l’attrait de l’habillage sonore mal dégrossi propre à l’artiste. Le grincement vitriolé du delay, les crépitements aléatoires lors des reprises d’accord sont davantage une frustration supplémentaire qu’un atout ou qu’une signature bien trempée.

Alors on peut toujours pester contre ces vocaux qui, c’est vrai, ne passeraient pas le cut à la Nouvelle Star. Mais force est de reconnaître que sans eux Owl n’aurait aucune véritable raison d’exister, alors qu’avec eux reste finalement un album intéressant à défaut d’être bon, sincère à défaut d’être convaincant. Peut-être le brouillon de choses plus probantes. Avec ce premier pas de côté en demi-teinte, Steven R. Smith marche aujourd’hui sur des pointillés mais c’est plutôt une bonne nouvelle : tordre le cou à la routine est sa grande spécialité, souvent pour le plus grand bonheur des oreilles !

  1. across the flats
  2. the pity of all things
  3. bindery
  4. whistling
  5. the tree king
  6. cleft
  7. o, blessed night your sunrise has burned down
  8. in light
  9. upon
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