Le brutal death n’est pas ma tasse de thé en général, mais comme avec tout bon principe, celui-ci comporte son lot d’exceptions notables.
La dernière fois avant Retromorphosis (parce que vous avez bien compris que Retromorphosis serait de ces exceptions), il y avait eu Archspire, et c’était en 2021 avec la sortie de l’énorme Bleed the Future. Retromorphosis est une bête un peu différente (misant moi sur le débit affolant et les BPM), tout aussi technique néanmoins et pour cause : ce groupe suédois s’est formé avec la quasi totalité des membres de Spawn of Possession (complétés de KC Howard, membre de Decrepit Birth à la batterie) un groupe qui avait offert son dernier album en 2012, avec le très acclamé Incurso, considéré par beaucoup comme un mètre étalon du genre brutal death technique.
Mais ce qui est bien avec Retromorphosis, qui marche évidemment dans les traces de cette entité disparue, c’est que la technique, évidente au demeurant, n’est que secondaire et permet surtout de servir des compositions étonnamment efficaces et ce d’autant plus que la production et le son, ont fait l’objet d’un soin particulier, et qu’ils surpassent aisément ceux d’Incurso qui paraissent en comparaison beaucoup plus étouffés et moins lisibles. Psalmus Mortis est au contraire très clair et compréhensible, ce qui le rend assimilable assez rapidement (en quelques écoutes disons), même pour des non-initiés du genre. Constat renforcé par la durée idéale du disque (42 minutes, introduction comprise) qui permet d’en accélerer la digestion.
Et puis, et peut-être surtout, loin de nous massacrer la tronche comme on était en droit de s’y attendre de la part d’une galette de brutal death technique, et au-delà même de l’aspect « accrocheur » (avec les guillements car ça manque peut-être de refrains à gueuler le poing levé comme il peut y en avoir chez les canadiens d’Archspire), les suédois ont la bonne idée d’introduire des petits éléments habilement distillés qui viennent apporter une touche d’originalité et qui permettent là aussi de les distinguer de ce qu’ils ont pu réaliser par le passé sous le nom de Spawn of Possession. De rares passages écrasants, qui cassent un peu le côté speed de la chose (cf « Never to Awake ») mais surtout de nombreuses parties de synthés, certes situées dans l’arrière-plan, mais qui apportent beaucoup en élargissant la scène musicale et en installant une ambiance quelque peu fantomatico/symphonique (à défaut d’un meilleur adjectif), ambiance renforcée par quelques chœurs discrets (comme sur « Vanished ») qui sont également un grand plus et subliment des compositions comme « Retromorphosis » (le morceau). Et je n’ai pas encore parlé de « Machine » pièce maîtresse de l’album, avec ses 9 minutes et quelques miettes, qui démarre avec un orgue lugubre, et sur lequel sont distillées des sonorités de synthés lointaines qui amènent même à demander, si l’on n’écoute pas l’album au casque (ce que je ne peux que recommander), s’il ne s’agit pas du produit de notre imagination ou d’interférences venues d’ailleurs. Et je n’ai pas encore évoqué ce passage épico/symphonique à mi-titre proprement formidable, qui revient à 7min40 et qui ne manquera pas d’attirer votre attention dès la première écoute.
Toutes ces petites « nouveautés » bien malignes apportent encore une fois de la profondeur aux compositions déjà franchement bien troussées du groupe.
Si j’avais une critique mineure à formuler ce serait peut-être que la pochette est un peu trop clichesque et que l’album aurait sûrement mérité un peu mieux compte tenu de sa qualité. Mais qu’importe : dans les exceptions à mon non-goût pour le brutal death technique, j’ajoute désormais cet excellent album de Retromorphosis, que je vous recommande plus que chaudement !
Tracklist :
01 – Obscure Exordium
02 – Vanished
03 – Aunt Christie’s Will
04 – Never to Awake
05 – The Tree
06 – Retromorphosis
07 – Machine
08 – Exalted Splendour
C’est en effet la parfaite continuité de Spawn of Possession sous un autre nom, on y retrouve tout, y compris ce recours constant au néoclassique de BO. La ressemblance avec Archspire était déjà patente à cette époque, où les Canadiens n’étaient pas encore très connus.