Surmonté d’un phare qui illumine les quais, le Batofar est un lieu atypique où se retrouvent les mélomanes égarés. Ce soir les cales de cet étrange navire accueillent un groupe qui ne l’est pas moins : Flying Pooh. Aux alentours de 20h00 c’est une foule encore clairsemée qui accueille les parisiens de Lazy chargés d’ouvrir le bal.
Lazy s’attaque à un Batofar en petite forme que même les premiers riffs de leur hardcore metal énergique et poisseux peinent à réveiller. Pourtant, très vite l’ensemble du public largue les amarres pour rejoindre les cieux capricieux d’une musique furieuse aux influences rock, stoner et metal. Si leur dernier EP en avait surpris plus d’un par la qualité du son et l’urgence rock qui s’en dégageait, Lazy prend toute son ampleur sur scène. Leur public d’un soir ne s’y trompe pas, face à l’énergie déployée par l’ensemble du groupe, les têtes remuent et les bras se lèvent. Très vite la salle transpire sur les rythmes plombés de guitares stoner. Les titres s’enchaînent sans répit, d’une efficacité à toute épreuve, comme ce « Koma White » fulgurant, ou ce nouveau titre « Target Me » aux riffs imparables. Des problèmes de micros récurrents et un retour voix qui rend l’âme n’empêchent pas le chanteur de faire étalage de ses talents. Le groupe balaye tout sur son passage, à l’image d’un « Promotional song » sur lequel se mêlent dans un sabbat plein de sueur, de sexe et de rock’n’roll, hurlements death, chants rocailleux et solos de guitares. Le chanteur invite même les plus furieux à venir tâter du micro tandis que les guitares finissent de se consumer sur scène. Avec un « Irresponsible Riot Act » final, asséné avec l’énergie du désespoir, Lazy mettra tout le monde d’accord. Et le groupe de sortir sous les applaudissements d’un public conquis.
Suite à cette débauche d’énergie c’est un Batofar désormais bien rempli qui profite de ce répit pour se rafraîchir et arpenter les coins et recoins du navire. Ce soir Flying Pooh se trouve en terrain conquis et c’est au son de « Vive les cacas volants » que l’on patiente une bière à la main. De nombreux couples s’enlacent pendant que sur scène s’effectuent les derniers réglages. Après de longues minutes d’attentes, (dû à un ampli récalcitrant) les lumières s’éteignent enfin et Flying Pooh entre en scène.
Dans une quasi-pénombre résonne le sample de « Me and Myself ». Les pleurs se mêlent aux rires nerveux jusqu’à ce que s’élèvent les premiers riffs d’un « Get Drunk » explosif. Les projecteurs éclairent désormais les chemises noires et cravates blanches des six membres du groupe. Satanus, en véritable acteur-chanteur studio joue les dégâts causés par l’abus de boisson en hurlant comme un damné « I want to get drunk, I want to kick your ass» et ses compères de reprendre en cour « Want a drink ». Le Batofar tangue désormais au rythme des vagues d’un strange rock fougueux. Le groupe privilégie les titres les plus efficaces du dernier album. « Wanna kill a rock superstar », « Spanking Day », « Be fat » ou « Your life » sont ainsi joués devant une fosse de plus en plus remuante. Aux cotés des guitares rock et d’une batterie débridée, Nox, derrière son clavier, participe fortement à la folie contagieuse exercée par ce kaléidoscope musical. La température augmente de plusieurs degrés quand Satanus nous annonce une soirée pleine de promesses avec fist fucking au programme Des gants en plastique sont gratuitement distribués au bar pour ceux qui auraient peur de se salir le dessous des ongles ». Faisant mine de quitter la scène « Public de merde, allez viens on se casse » Satanus se saisit d’une bouteille d’eau et arrose une partie de la foule déjà bien échaudé. Puis c’est au tour du conte horrifique « Des bleus dans les yeux » puis du dansant « Benny’s party » alors que la fièvre s’empare des corps. Soudain le clavier entame un crescendo hystérique, les guitares laissent échapper des riffs massifs et le flow d’un Satanus habité d’entamer le classique « Psykatrik Core ». La fosse réagit au quart de tour de reprendre le refrain en chour : « Psykatik core, réveiller, déchirer, faire bouger les corps ». Le groupe reprend avec un bonheur partagé des compos issus de leurs deux premiers efforts discographiques. Sur scène, Satanus s’en donne à cour joie en accentuant le coté cartoon de son chant tandis que les musiciens poursuivent avec les sonorités tziganes de « Meecztow revolution ». Les sonorités surf musique de l’entraînant « Super pin up » viennent mettre un terme au concert. Le groupe quitte la scène sous les acclamations d’une foule en délire. Mais la pause sera de courte durée et Flying Pooh revient achever la salle avec un « Special K » de feu.
Lazy et Flying Pooh ont offert une prestation tout en énergie et en folie, impossible de résister aux flots impétueux qui se sont emparés du Batofar. Malgré quelques problèmes de micro et d’ampli, les deux groupes ont montré ce soir que la scène était leur territoire et qu’ils étaient armés pour le défendre.
Messieurs, merci.