Dredg

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Annee de sortie: 2010
Une interview de Gavin Hayes, chanteur d’un des groupes rock les plus intéressants du moment selon nous lors de leur passage en concert à la Boule Noire de Paris.

Tout d’abord, bienvenue en France à la Boule Noire.

On est content d’être de retour, c’est d’ailleurs notre premier concert en tête d’affiche, dommage que nous n’arrivions que si tard, on a pas eu le temps de trop en profiter.

Est-ce que vous êtes conscients du fait que vous avez de plus en plus de fans à travers le monde?

Je le vois de certains e-mails mais je ne me rend pas compte du nombre de gens. C’est sûr que ça grandit.

Est-ce que tu dirais que Dredg est un groupe connu aux Etats-Unis?

On est plutôt un gros groupe underground, en particulier en Californie où on a joué dans des salles de 3000 personnes.

A vos débuts, vous vous êtes fait connaître grâce à internet.

Oui, le bouche à oreille à l’échelle mondiale que permet Internet est fabuleux, tu peux habiter n’importe où et être au courant de toutes les musiques.

Quelle est ton avis, par contre, sur le fait que vos albums soient disponibles en téléchargement mp3?

On n’est pas vraiment content de ça mais ce n’est pas trop grave. On est plus en colère quand c’est des versions démo de nos morceaux qui arrivent sur le net sans notre accord, des morceaux sur lesquels on est en train de travailler. Au moins quand c’est l’album à sa sortie, c’est vraiment les morceaux finalisés.

Il y eu il y a plus d’un an la « Coquette demo » sur le net, vous en avez entendu parler?

Oui et je ne sais pas comment elle est arrivée sur le net. Ca doit être quelqu’un du label ou des studios qui nous l’a volée, je ne sais pas mais ça arrive à beaucoup de groupes en fait.

Vous avez mis sur le web une version acoustique de « Bug Eyes », c’est juste un essai ou vous comptez réitérer ça, faire un album live acoustique?

C’est un enregistrement live à la radio. Concernant un album, je ne veut pas dire non, c’est une possibilité. On a pensé à une tournée acoustique, changer notre set et tourner avec des groupes plus calmes, histoire de changer un peu mais on a pas de projet réel de ce type pour l’instant.

D’un autre côté, votre musique s’est quand même très calmée depuis vos début, l’Orph EP en particulier, est-ce qu’un jour vous pensez revenir à des titres plus percutants?

On veut continuer à évoluer, dans toutes les directions, on veut que ça reste intéressant pour nous comme pour nos fans. Ca peut se traduire par un retour au sources comme une nouvelle évolution.

L’album Catch Without Arms m’a surpris parce qu’il est plus conventionnel que vos autres albums, il n’y a pas d’instrumentaux et d’expérimentations sonores dessus.

On a voulu se concentrer sur les morceaux, et surtout ne pas refaire un El Cielo bis. On a d’ailleurs réduit certains morceaux à une version organique pouvant être jouée facilement seulement avec voix et guitare acoustique. Au final, ça a été beaucoup plus dur de créer cet album qu’El Cielo, qui est très libre, qu’on avait composé sans trop de réflection alors que celui là a nécessité de la concentration. On a plus réfléchi sur la composition, les structures.

Les critiques média d’El Cielo ont toutes été excellentes, est-ce que ça ne vous a pas fait un peu peur au moment de créer ce nouvel album de devoir atteindre ce même niveau au moment de rentrer en studio?

On n’y a pas trop pensé. Inconsciemment sûrement, on a voulu que nos fans se retrouvent dans nos nouveaux morceaux, d’ailleurs certains morceaux de Catch Without Arms pourraient être sur El Cielo. Enfin on est vraiment content de ce qu’on a produit.
On est allé en studio à San Francisco, ça s’est passé différemment que pour El Cielo, c’était comme un vrai travail, 5 jours par semaine, 6 heures par jour, on arrivait on jouait et on repartait le soir. Pour El Cielo, l’enregistrement s’est fait dans la maison où on vivait, on enregistrait à n’importe quel moment. C’est une approche différente, c’est pour ça que ça se ressent dans la musique.
Je suis persuadé que cet album est aussi recherché que le précédent, c’est peut-être moins évident mais il y a plus de piano, de slide guitars, on y a incorporé des boucles de batteries, on s’est essayé à d’autre types d’écriture. Des gens nous ont dit aussi en Allemagne que l’album leur semblait plus commercial. Il y avait plus de cris sur El Cielo, peut-être est-ce pour ça.

Vous n’avez pas de chant féminin ethnique sur cet album et avez utilisé moins d’instruments exotiques, c’est peut-être pour ça aussi.

On a un sample de fille qui rigole, c’est déjà ça. (rires)
En fait, on n’aurait voulu mais on a pas trouvé de morceau sur lequel ça nous semblait vriamenta pproprié, c’était surtout ça.

Par contre le chant a évolué et la place de la voix sur Catch Without Arms est plus importante, par rapport à vos débuts où la voix n’avaient que très peu de paroles et était en retrait.

Sur le premier album, je commençais juste à chanter, j’ai évolué depuis en tant que chanteur et aussi en tant que parolier. Je me sent vraiment beaucoup plus à l’aise sur le nouvel album.

Est-ce que tu peux nous expliquer le concept des paroles du nouvel album?

Tout est basé sur les contrastes, les oppositions, yin et yang, noir et blanc, les confrontations d’opinion.

Les paroles du morceau Catch Without Arms peuvent être interprétées comme un attaque à d’autres groupes, non?

Non, ces paroles sont plutôt adressées à nous même ou à n’importe qui, le fait que tu sois obligé de compromettre tes valeurs personnelles fréquemment pour garder une connexion avec les gens, les paroles de cette chanson parlent aussi de notre relation avec nos fans.

Comment est-ce que tu as choisi un nom français pour un des nouveaux morceaux, « Jamais Vu »?

Je l’ai lu dans un roman. Je ne me rappelle même plus de son titre. Ca m’a rappelé le fait que nous nous déplaçons sans arrêt d’endroit en endroit et que nous voyons toujours des lieus nouveaux, que nous n’avons « jamais vu ». Je ne parle pas français mais je sais que c’est le contraire de « Déja Vu », qui est une expression que nous utilisons en anglais.

Qu’est-ce qui t’inspire dans tes paroles?

La mort, le sexe, les bouquins, le cinéma, nos amis et les conversations qu’on a avec, les voyages.

Vous avez en parallèle avec votre musique une passion pour l’art et la peinture, vous vendez vos peintures sur votre site et les utilisez dans vos albums, qui peint dans Dredg?

Drew (basse) et moi. Notre inspiration vient des même sujets que pour notre musique. Pour Catch Without Arms, nous avons fait 12 peintures qui forment en fait une seule grande peinture, ces zooms sur des zones de la peinture sont dans le livret de l’album. On va en faire des impressions pour les vendre aux gens qui seront intéressés.

Il y a beaucoup de symboles dans les visuels de Dredg.

Ces des symboles orientaux, j’en ai un de tatoué sur le bras, c’est un dessin qui symbolise le changement, l’évolution, c’est une version moderne et stylisée de celui qui figure sur l’album.

Il y a aussi le personnage rose et le pingouin.

Au départ, l’artwork devait être pour un livre d’enfant, et c’était le personnage principal. L’histoire était basée sur la relation entre cette petite fille rose et le pingouin.

Il n’y avait que peu de photos de Dredg et vous n’apparaissiez pas dans les vidéos avant ce nouvel album, est-ce que vous cherchiez à vous cacher?

On voulait que seule notre musique soit disponible pour nos premiers albums, et éviter tout le business habituel autour de la musique. On a vu des groupes dépenser beaucoup d’argent sur des visuels, des photos et finalement ne pas y arriver. Dans la musique, « le plus vite tu montes, le plus vite tu redescends », alors on voulait monter progressivement. Maintenant on se dit qu’on peut faire des photos et apparaître dans des magazines mais on essaye de rester un minimum discrets.

Vous avez participé à la création d’une bande-son pour un film, Waterbanks. Comment est-ce que ça s’est passé?

Un de nos amis est le réalisateur, c’est un vieil ami, il avait réalisé notre vidéo de « Of The Room », mais je ne suis pas impliqué dedans, Mark (guitare) et Dino (batterie/piano) ont composé la bande son, principalement à la guitare et au piano, ils ont composé les 3/4 de la musique du film. Drew et moi on travaillait sur nos peintures pendant ce temps.

Vous n’avez jamais sorti de DVD?

Si mais c’était une version très limitée.

Est-ce que vous y avez déjà pensé? Peut-être faire un DVD mettant en parallèle votre univers musical avec des images?

On travaille sur une chose dans ce genre basé sur la musique de notre première album, Leitmotif, qui est basé sur une histoire. On a encore tout, beaucoup de contenu et on s’en occupe de temps en temps, des idées ressortent mais on n’a pas vraiment le temps de s’y impliquer vraiment.

Comment décririez vous un show de Dredg?

Les gens nous le décrivent dégageant une certaine énergie, beaucoup disent que c’est mieux que sur album, plus vivant. On nous dit que c’est comme ça que nous gagnons des fans, que l’on touche les gens. C’est pour ça que sur notre dernier clip, on a voulu qu’on nous voit jouer, quelque chose de très basique mais vivant, rien de créatif, juste capturer des musiciens qui jouent ensemble.

Dans la scène californienne, est-ce que vous vous sentez à part musicalement? Il y a beaucoup de groupes de métal et d’autres très commerciaux.

Il y a énormément de musique, plein de groupes géniaux mais peu sont vraiment connus, ce sont des groupes locaux. Au final, quand je suis là-bas je n’ai pas l’impression que Dredg soit un groupe étrange, il y a beaucoup de groupes bien plus spéciaux là-bas, plein de styles mélangés. Je prend ça comme un compliment que certaines personnes trouvent notre groupe unique, je veux que notre musique soit unique, qu’on ne puisse pas être catalogués trop facilement. je pense qu’on a mélangé les inspirations de 4 individualités aux goûts différents pour développer quelque chose d’éclectique.

Qu’est-ce que tu écoutes en ce moment?

M83, DJ Shadows, TV on the Radio, Arcade Fire… en fait on a tous des iPod et on passe de tout en aléatoire.

Est-ce que tu connais des groupes français?

Oui Air… j’en connais peut-être d’autres mais je ne sais pas d’où viennent la plupart des groupes que j’écoute (rires).

Vous êtes amis avec d’autres groupes dans votre coin?

On est bons amis avec Strata, on a grandi avec eux, Papa Roach également, ils viennent du même endroit que nous, il y a plein de plus petits groupes aussi.

Est-ce que vous vivez de votre musique?

C’est tout ce qu’on fait pour l’instant mais il va falloir que je me trouve un autre boulot. On a pas gagné d’argent sur El Cielo. C’est pour ça qu’on essaye de vendre nos peintures avec Drew.

Allez vous revenir en concert rapidement en France?

Peut-être avant la fin de l’année. En septembre ou décembre ou sinon ce sera juste au début de 2006.

jonben

Chroniqueur

jonben

Krakoukass et moi avons décidé de créer Eklektik en 2004 suite à mon installation à Paris, alors que disparaissait le webzine sur le forum duquel nous échangions régulièrement, ayant tous deux un parcours musical proche entre rock et metal, et un goût pour l'ouverture musicale et la découverte perpétuelle de nouveautés. Mes goûts se sont affinés au fil du temps, je suis surtout intéressé par les groupes et styles musicaux les plus actuels, des années 90s à aujourd'hui, avec une pointe de 70s. J'ai profité pendant des années des concerts parisiens et des festivals européens. J'ai joué des années de la guitare dans le groupe Abzalon. Mes styles de prédilection sont metal/hardcore, death technique, sludge/postcore, rock/metal prog, avec des incursions dans le jazz fusion et le funk surtout, depuis une île paumée de Thaïlande. 

jonben a écrit 533 articles sur Eklektik.

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