Au Pays Bas il se passe des choses bien étranges. Des choses sur lesquelles j’aimerais tout savoir. Dont j’aimerais ne rien connaître. Gnaw Their Tongues est l’essence de ce sentiment. La petite pulsation qui nous force à regarder une vidéo passée par un pote alors que l’on sait très bien que l’on aura du mal à s’en remettre. Dans une moindre mesure, c’est aussi la curiosité malsaine avec laquelle on s’invite à se mettre devant une image en attendant que la chose surprenante apparaisse, pour se laisser prendre encore une fois à ce jeu débile, alors que l’on sait parfaitement ce qui va se passer quand le gamin bizarre va apparaitre à l’écran.
La curiosité morbide existait bien avant internet mais la passion de la nouveauté l’a exacerbée, l’a démocratisée. C’est peut-être pour cela que Gnaw Their Tongues rencontre autant de « succès » alors que sa musique racle les profondeurs pour en ressortir les plus stridentes et affolantes des compositions. Associé au black metal pour faire plus simple pour tout le monde, Die Mutter Wählt das Totenkleidchen (ce qui veut dire « la mère choisit la petite robe pour l’enterrement de son enfant » selon Ellestin) est pourtant beaucoup plus noise qu’An Epiphanic Vomiting of Blood, son chef d’œuvre de l’année dernière.
Moins de sample de voix. Beaucoup plus de grondement métallique. Gnaw Their Tongues se fait des amis chez Wolf Eyes et nage dans le même marais que Human Animal si tant est que celui-ci serait gonflé de nappes de cordes perdues sous la distorsion.
Réédité en 2009, après son édition limitée en 2007, Die Mutter Wählt das Totenkleidchen réussit à être plus difficile d’accès, plus abrasif. Rien ne rattache plus le son au metal, aussi black soit-il, ce qui rend l’exploration encore plus impraticable. Un peu comme si l’on avait retiré de vos mains la carte de la cave dont vous avez toujours eu peur pendant toute votre enfance et que l’on éteignait la lumière. Extrême et toujours très travaillé, la grande différence avec Wolf Eyes est toutefois que les compositions se veulent très ordonnées autour d’une atmosphère ou d’une mélodie sous-jacente. L’accroche subsiste donc comme la petite lumière que l’on continue de chercher des yeux pour ne pas perdre espoir sans que l’on sache vers quoi elle va mener. Heureusement, seulement vers la fin du disque. En contre partie, le voyage sera douloureux, comme il se doit. Parce qu’il faut être honnête, si vous êtes là, c’est bien pour ça, non ?
- leichenbergen
- and the waters shall prevail upon the earth
- eaten by the messenger of the light
- tod ist nur tod
- 29 needles
- die mutter wählt das todtenkeidchen
- blood drenched altars
- knife… martyr… despair
- dawn breaks open like a wound that bleeds afresh
- i am the lord and there is no other; i make up the light, i
ça a l’air fun en tout cas