Orgone – Pleroma
Chronique Death Technique/Avant Garde

Orgone – Pleroma

jonben
jonben
Auteur
19 novembre 2024
il y a 9 mois
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Année de sortie
2024
Note
L'album propose une exploration musicale ambitieuse qui transcende les conventions du genre, mêlant des éléments de death metal à des influences variées, créant une expérience immersive et complexe, où chaque écoute révèle de nouvelles nuances et une profondeur musicale captivante.
Orgone – Pleroma

Encore une surprise qui déboule d’on ne sait où. Étant amateur de death technique depuis un bail, je me rappelle avoir écouté le premier album de cet obscur groupe américain, The Goliath, qui date de 2007. La pochette m’est clairement familière, mais j’avoue avoir délaissé cet album depuis, et j’en ai bien sur profité pour le réécouter. C’était déjà une belle performance et un album iconoclaste dans le genre, en revanche, avec Pleroma, Orgone offre une toute nouvelle perspective musicale qui dépasse largement les conventions du death metal.

C’est un voyage ambitieux et immersif, fusionnant des genres divers pour créer une expérience unique, fourre-tout mais cohérente, avec des compositions labyrinthiques (près de 18 minutes pour le morceau fleuve « Traveling the Depths »). Cet album exige de la patience pour se déployer, mais une fois qu’on est dedans on ne peut qu’etre captivépar chaque couche d’éléments. Les guitares sont uniques, angulaires et acérées, ajoutant des couleurs au-delà du riffing traditionnel du death metal, certains citeront Gorguts, j’y retrouve des touches de The Odious tandis que l’accompagnement orchestral élève la musique dans une dimension grandiose, semblable à des « suites », donnant l’impression d’une véritable narration musicale. L’épopée « Trawling The Depths » déjà citée met en lumière la maîtrise du groupe, combinant complexité technique avec des influences folkloriques et jazz, créant un son à la fois éclectique et cohérent, meme quand les transitions sont soudaines et intenses.

Pleroma parvient à équilibrer la brutalité du metal avec des passages de musique de chambre et des harmonies vocales envoûtantes. Cet assemblage complexe de sons – avec des chœurs, des voix féminines sur du piano, des flutes et autres orchestrations, et des touches de jazz moderne – plonge l’auditeur dans un univers presque cinématographique. Leur musique est vraiment unique, meme si des groupes comme Maudlin the Well, Unexpect ou  Sleepytime Gorilla Museum ont déjà exploré par le passé à leur manière ce genre de mélange des genres entre férocité et burlesque.

Je ne sais pas d’où leur vient l’idée d’intégrer du chant féminin en français, mais c’est le cas sur plusieurs morceaux, avec un léger accent anglais qui montre bien que le choix du français est volontaire et pas naturel. Le morceau « Hymne à la beauté » est d’ailleurs un poème de Baudelaire mis en musique. Cela dit, ce chant est superbe, même si l’on ne comprend pas forcément chaque mot.

Ce n’est pas un album de tubes isolés, mais plutôt une tapisserie dense où chaque écoute révèle de nouveaux moments et connexions. La prouesse technique d’Orgone est égalée par une musicalité profonde qui, bien que exigeante, récompense l’écoute attentive. La durée de l’album peut sembler longue, mais chaque minute est justifiée, construisant un opéra avant-gardiste complexe. Ce groupe a mis la barre haute et il va sans dire que quiconque apprécie un des – excellents et uniques – groupes mentionnés précédemment devrait tester Orgone qui l’est tout autant.

Artistes / Groupes

Genre selon le Chroniqueur

Death technique/Avant Garde

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Krakoukass et moi avons fondé Eklektik en 2004, peu après mon installation à Paris, à la suite de la disparition du webzine dont le forum avait été notre terrain d’échanges. Avec des parcours musicaux proches, entre rock et metal, nous partagions le goût de l’ouverture et de la découverte permanente de nouveaux sons. Au fil du temps, mes goûts se sont affinés : je m’intéresse surtout aux groupes et styles des années 90 à aujourd’hui, avec une touche de 70s. J’ai longtemps profité des concerts parisiens et des festivals européens, et j’ai également joué de la guitare plusieurs années au sein d’Abzalon. Mes terrains de prédilection restent le metal/hardcore, le death technique, le sludge/postcore et le rock/metal progressif, avec des escapades régulières du côté du jazz fusion et du funk.

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