Psykup

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Le rendez vous était prit à 18h45 auprès de la responsable de chez Jerkov pour 20 minutes d’interview avec Psykup. Après avoir réussi à passer « l’aimable » sécurité de la Loco, nous nous dirigeons vers les loges où nous attendent les membres du groupe. L’ambiance est détendue et familiale. Pendant que Pelot, nouveau bassiste, profite d’un moment de calme pour s’affaler sur le canapé et tenter de se reposer, Julien et David s’installent pour répondre à nos questions.


Bonjour, on commence par la traditionnelle présentation du groupe pour ceux qui n’auraient pas suivis les derniers changements de Line up.


David : Moi c’est David, le guitariste.
Julien : Moi c’est Julien, je suis, euh… (hésitation) chanteur, guitariste ! J’ai oublié ce que je faisais !!
David : Tu es batteur ! euh non !! (rires) La formation originale du groupe c’est Julien, à la guitare et au chant, Mathieu au chant, Brice à la batterie et il y a eu beaucoup de bassiste ! C’est la malédiction des bassistes, il y en a eu une quinzaine je crois non ? (rires)
Julien : Oui entre dix et quinze. Pour revenir sur notre parcours, David était à la basse pendant un an et il est passé à la guitare suite au départ de Yannick notre ancien guitariste.
David : Comme je suis guitariste à la base, c’était plus facile que je remplace Yannick plutôt que de trouver un nouveau guitariste. En plus je connaissais déjà les morceaux et tout ça….
Julien : Donc il nous manquait un bassiste et on a prit Pelot qui est affalé derrière nous
David : Il dort parce qu’on fatigué
Julien : Pelot, le bleu, qui est donc le nouveau bassiste du groupe.


L’ombre et la proie a été enregistré au studio des Milans, le fief de Gojira, dans des circonstances un peu particulières. Expliquez nous comment s’est passé cette rencontre ?

David : Gojira ça fait pas mal de temps qu’on les connaît, depuis 1999 en fait. Il y a pas mal de trucs qui nous rapprochent, on a beaucoup d’affinités musicales et puis on vient tous du sud de la France. Alors comme on se croisaient tout le temps sur les dates, et qu’un jour ils nous on dit qu’ils montaient un studio on en a profité pour aller enregistrer chez eux. La première fois c’était avec Manimal, notre projet parallèle avec Brice, Julien et moi. L’enregistrement a été idyllique, c’était parfait à tous les niveaux, humain, technique… Pour Psykup, on devait enregistrer le nouvel album dans le studio de Yannick l’ancien guitariste. Mais il a décidé de partir et on s’est donc retrouvé, pendant l’enregistrement, sans guitariste et sans studio. Alors j’ai eu une semaine pour trouver des plans à la guitare. C’est pour ça que je suis un peu frustré de la façon dont ça s’est fait, complètement à l’arrache et de manière assez chaotique.


Mais il y a quand même le processus d’écriture qui avait été fait ?

Julien : Oui, les riffs ils étaient là, les structures elles étaient là mais il manquait une guitare.
David : En fait Yannick l’ancien guitariste avait également un rôle d’arrangeur sur les morceaux. Donc on s’est retrouvé après une semaine de studio avec Julien qui avait composé des trucs et qui s’était dit, à cet endroit là, il y aura une autre guitare qui fera ceci ou cela. Et moi, pendant une semaine j’ai dû me lever tous les matins pour essayer de trouver tel riff à tel endroit, à me dire : là il faut absolument un riff… et c’est horrible de composer comme ça ! Moi j’ai jamais composé en me disant : à cet endroit là il faut ça, et non ça marche pas… merde !
Julien : Et pour en revenir au studio, on s’est retrouvé dans une situation d’urgence. Il était hors de question que l’on ne sorte pas l’album parce que là, le moral des troupes aurait été au plus bas. On s’est dit que la seule solution c’était de se ressouder tous les quatre et d’enregistrer l’album pour qu’il sorte rapidement. Au final il a seulement été repoussé d’un mois je crois. Mais on n’y serait jamais arrivé sans l’aide des Gojira. Ils ont fait tout leur possible pour nous aider à trouver des créneaux horaires, ils ont modifié leur planning pour nous.… Ils ont joué un rôle très important dans la conception de cet album.


L’ombre et la proie est plus cohérent, moins patchwork que Le temps de la réflexion. Vous pensez que c’est cette urgence qui donne une couleur plus sombre à votre album ?

Julien : Je ne pense pas, en fait les riffs j’avais déjà commencé à les écrire. C’est plus une évolution naturelle. Le premier album justement, c’était vraiment un gros patchwork de huit ans d’écriture. Dedans on retrouvait tous les aspects “jeunistes“, des trucs qu’on avait fait sans réfléchir et le coté un peu délire. Mais on a tous mûri, on a évolué. Et puis le fait d’écrire sur une période plus courte ça donne à l’album un aspect plus homogène. Avant on écrivait à deux, moi et le gratteux, alors que L’ombre et la proie correspond plus à un univers commun vu que j’ai écris l’ensemble des riffs et des structures. Après, si tu regardes il y a toujours pas mal d’influences diverses qui continuent de se mélanger. Moi je trouve à ça plus homogène, ça fait plus bloc, c’est plus cohérent.


Vous pratiquez une musique difficile à appréhender avec des compositions riches et complexes. Psykup à aussi la particularité d’avoir deux chanteurs. Comment se passe le processus d’écriture ?

Julien : On essaie de faire simple, de vraiment bien partager les tâches. Comme je t’ai dit j’écris les riffs et les structures. Ensuite avec le batteur on bosse un truc qui se tient et on montre ça aux autres. David n’a pas pu faire tout ce qu’il voulait mais désormais ça se passera comme ça, avec une guitare qui viendra se greffer par la suite. Et au niveau des voix on se dispatche le boulot, on a fait moitié-moitié au niveau de l’écriture des mélodies, des voix et des textes. On se connaît bien, ça fait longtemps qu’on joue ensemble alors on sait exactement qui fait mieux quoi et les rôles qu’on veut jouer. C’est un travail spontané et naturel, on se comprend bien.


(Pause boisson, coupée au montage.)

Vous vous amusez à éclater le cadre de la chanson traditionnelle. Est-il difficile de conserver une certaine dynamique sans sombrer dans la démonstration technique ou dans la musique pour musiciens ?

David : On voit ça plus comme un film que comme un morceau. Il n’y a pas de couplet refrain, c’est plus une aventure.
Julien : Oui voila, c’est un voyage. Un peu comme dans la vie, on passe par différents états, d’un état super excité, super agressif à un trip super joyeux ou dépressif. Après, moi je n’ai pas envie de tomber dans la démonstration technique non plus. Donc on est bien en dessous des groupes à la Dillinger ou à la Meshuggah qui sont vraiment très, très techniques. Chez nous ce que j’aime bien c’est qu’il y a de temps en temps des cotés qui envoient, bien rentre dedans, des trucs beaucoup plus simples et des passages plus compliqués.


En fait ça dépend de votre humeur. C’est spontané et vous ne vous donnez pas de limites.

Julien : C’est ça, exactement. Moi quand j’ai écris j’étais dans une période un peu dark, je ne sais pas, j’avais un peu envie d’envoyer. On ne s’est pas dit on va faire comme ça ou quoi. On n’a aucune limite de temps, on se fout de la longueur et de ce qu’il y aura dedans. Sur cet album il y a un morceau qui est tout calme du début à la fin avec un riff et un tempo. On n’avait jamais fait ça de notre vie mais ça collait bien avec l’esprit du texte et ça s’est fait comme ça. Il y aussi un morceau acoustique et d’autres morceaux comme « L’ombre et la proie » qui dure 9 minutes 20. C’est parti comme ça et puis voila on ne va pas se dire c’est trop long, ou quoi que se soit, c’est ça qui est intéressant.


Sur ce nouvel album il y a un véritable travail sur les voix. L’alternance entre un chant grave, presque sensuel et des hurlements suraigus pousse encore plus loin l’aspect schizophrène des compositions.

Julien : On fait tous les deux pas mal de voix différentes. Apres on a chacun nos préférences. Moi je suis plus dans les aigus et Mathieu plus dans les graves. On a tous les deux des influences très diverses au chant donc il y a un peu de tout c’est vrai. Le fait d’être deux et de pouvoir faire plein de voix différentes chacun plutôt que de se cantonner juste à un rôle bien défini ça ouvre plein de voies. On peut faire des jolies harmos, des polyphonies, comme on peut chacun partir dans un délire différent, faire des trucs très agressifs, de plus en plus horribles. On joue à fond sur la complémentarité des voix mais aussi des guitares et même des samples. On essaie d’en mettre, il n’y en a pas beaucoup, beaucoup mais ça rajoute une voix supplémentaire.


Vos textes sont plus rentre dedans, même si le coté introspectif est toujours présent, par moment vous lâchez carrément les chiens. Je pense notamment à « Rock’n’roll assistance » ou à « L’ombre et la proie » avec Lego et Exiter ?

Julien : On a toujours été un peu comme ça mais avant peut être qu’on l’assumait moins. On faisait plus la langue de bois, je ne sais pas. En vieillissant on n’a plus envie de faire de concessions. Il y a des trucs qui nous ont fait réagir ou choqué. On a préféré en rire et jeter des pavés, c’est jamais méchant, c’est toujours de l’humour. On aime bien le cynisme et le second degré. Sur scène il y a pas mal de second degré, d’humour. Même dans les passages assez tendus, on essaie toujours de garder un coté pas trop sérieux. Il y des moments ou l’on est obligé mais avec des morceaux comme « Love is dead » on peut se permettre de déconner. « L’ombre et la proie » on ne la joue pas encore sur scène, mais on le fera et le délire du dialogue il va durer beaucoup plus longtemps. On fera participer les gens, on les laissera s’exprimer. « L’autruche », qui fait 14 min 25 on la joue en rappel et ça dure 20 min. Tous les soirs il y a toujours des conneries qui se rajoutent et c’est à celui qui fera la plus grosse. On aime bien le coté théâtral dans la musique et sur scène ça ressort à fond. On ne sait jamais ce que l’autre va faire, c’est le coté spontané. On a vraiment envie de se permettre ce que l’on veut.


Et vous allez vous dirigez vers quelque chose de beaucoup plus théâtral justement?

Julien : Je ne sais pas, peut être. On est en train d’y aller c’est sûr, on repousse de plus en plus nos limites. Sur L’ombre et la proie on a expérimenté de nouvelles choses, peut être que sur le prochain on essaiera des trucs encore plus cons. C’est le plaisir de faire de la musique, on a aussi envie de se surprendre nous même. Si on commence à s’enfermer dans des clichés on ne va plus apprécier. C’est vrai qu’au niveau des textes c’est un petit peu partagé entre des paroles plus métaphoriques, plus obscures, plus personnelles et ce coté pavé rentre dedans. Il y a deux, trois textes qui y vont vraiment : « L’ombre et la proie », « Rock’n Roll assistance » et « Teenager Genocide ». C’était un peu l’humeur du moment, des trucs qui nous avaient fait réagir à ce moment là et c’est parti comme ça.


Tu parlais du cinéma tout à l’heure et le titre de l’album L’ombre et la proie fait référence au film du même nom. Quelle place occupe le cinéma dans le processus d’écriture et de composition ?

Julien : En fait moi je suis super cinéphile, donc comme c’est moi qui écrit les textes.


Oui mais pas uniquement les textes même au niveau musical, il y a vraiment un langage cinématographique, respirations, accélérations, scènes épiques ou intimistes.

David : C’est parce que on se connaît bien et que le cinéma est omniprésent, tout le monde en parle.
Julien : Sur scène on fait référence à des films pour déconner, pendant les morceaux parfois il y a deux, trois dialogues de films qui fusent. L’ombre et la proie c’est un clin d’œil au film mais ça fait surtout référence à la légende d’où est tiré ce titre. La légende du chien qui poursuit un animal, il suit son ombre au soleil et au bout d’un moment il se perd et se met à suivre sa propre ombre. En se chassant lui-même il tombe dans une rivière et il se perd. Du coup c’est une vision métaphorique, à force de chasser l’autre finalement on ne chasse que soit même. Et puis il y a le coté L’ombre et la proie, l’ombre c’est tout ce qui est grosse boite, grosse major, les gens qui sont dans la lumière, qui sont super charismatiques, qui ont beaucoup de temps de paroles et que l’on écoute aveuglement, et la proie ce sont les ados, jeunes, malléables avec qui c’est facile d’en faire ce que tu veux, facile de leur faire faire tout et n’importe quoi. Les mouvements de masse c’est très dangereux, ça nous a toujours fait flipper et donc on essaie d’en rire, de désamorcer et de dénoncer tout ça. C’est ce que l’on fait dans « Teenager Genocide », il y a un sample de Pinochet à un moment et on dirait un discours sympa, la musique est plutôt joyeuse mais si tu écoutes vraiment c’est Pinochet. Il faut faire gaffe à l’ambiance générale du truc.


Le travail sur l’artwork s’inscrit dans cette réflexion. Le manège clinquant au cœur duquel se dissimule une chaise électrique.

Julien : Tout à fait. Tu es attiré mais en fait il y a une chaise électrique au milieu et tu peux t’asseoir dessus sans t’en rendre compte.


De plus en plus souvent les cinéastes font appel à des artistes pour composer la musique de leur film. La composition d’une bande originale c’est une aventure qui vous tente ? Avec quels réalisateurs ?

Julien : J’aimerais bosser avec Gaspard Noé moi ! (rires) En France c’est vraiment le mec avec qui j’aimerais bosser, je trouve qu’il fait bien avancer les choses. En plus je suis sur qu’il en serai capable.


Il est capable de tout, je pense.

Julien : Mais c’est sûr que ça me ferait très, très plaisir. Si tu nous entends Gaspar ! On passe un appel.


Est-ce que vous êtes impliqués dans le travail visuel et graphique ?

Julien : C’est notre graphiste, Pierre Guiol, qui travaille avec nous depuis le maxi, Sur la tête et sur Le temps de la réflexion et le dernier. Il est libre de tout ce qu’il fait, c’est lui qui a vraiment lancé l’idée du carrousel, la chaise et tout. On lui a envoyé les pré prods, on lui a expliqué le concept de l’album et comme on lui fait confiance et qu’il est proche de nous il a très bien saisi l’idée. Nous on a juste retouché deux trois conneries. On veut que se soit super cohérent quand même.
David : Mais l’idée du carrousel ça vient de lui, il a saisi tout de suite.


Lorsque l’on parle des influences de Psykup on fait souvent référence à Mike Patton. Vous le revendiquez ou c’est quelque chose qui vous ennuie ?

Julien : Ca commence à nous ennuyer plus qu’autre chose.
David : Mais parce que c’est répétitif surtout. On dirait qu’il n’y a que ça.
Julien : C’est un peu ce à quoi les gens font référence en premier, parce que c’est un type qui a fait avancer les choses à un moment et qui continue, même si aujourd’hui je trouve qu’il se mord un peu la queue. Il a fait des mélanges que les autres ne faisaient pas, mélanger du metal avec des trucs de crooner, de jazz… Nous on a une même vision des choses, après les similitudes sont de moins en moins évidentes. Je pense que sur L’ombre et la proie, Mike Patton il n’y a que un ou deux passages auxquels tu peux y penser mais c’est quand même vachement plus dark, plus bourrin et plus sérieux dans les textes aussi. Et puis Bungle il a fini mais tu vois la gueule de California par exemple, le dernier qu’il a sorti, c’était très cohérent, tout dans le même esprit, il n’y avait pas 36 esprits dedans. En général Il fait des albums un peu concept, le premier c’était plus funky, le deuxième plus expérimental et le troisième c’était rockabilly, bien chantant. Nous on a toujours pratiqué le mélange, bien avant de connaître Patton. Moi je l’ai connu un peu sur le tard, je connaissais plus Faith No More en fait, qui est nettement moins mélangé, plus metal. En fait je me reconnais plus dans Faith No More période King for a day… que dans Bungle. Après il y a des albums de Bungle qui tuent, voilà, effectivement. Il y a Fantômas aussi qui est très bien. Moi j’adore surtout les Directors cut, tu vois de Fantômas, « la Malédiction »…


C’est pareil chaque album a un concept bien précis, c’est ça qui est intéressant.

Julien : Le nouveau là je ne l’ai pas écouté, avec les jouets…


C’est très cartoon dans l’esprit, plus proche de leur premier album, très rentre dedans, très influencé par Tex Avery.

Julien : Maintenant c’est vrai que niveau influences on se revendique plus de ce qui est Devin Townsend pas mal, Alice In Chains au niveau des harmos de voix.


Un peu SOAD aussi ?

David : Non pas tellement, en fait on s’est rendue compte qu’il y avait deux trois trucs en commun alors que l’on a connu un peu tard.
Julien : Moi j’ai connu le premier album alors qu’on était déjà partis dans cette voie. Apres eux c’est beaucoup plus couplet, refrain, ils ont pris une voie bien plus carrée dès le deuxième album. Même si il y a des morceaux que j’adore. Primus, Suicidal Tendencies, on est pas mal hardcore aussi, Refused à fond. Sur notre dernier album il y a pas mal de riffs qui font Refused je trouve. On aime l’énergie du hardcore, on est très fan de Biohazard, la bonne époque. Ca se reconnaît peut être moins parce que l’on varie beaucoup au niveau des chants. On est pas mal influencé par le post rock mais aussi par les artistes des années 70, les Doors, Zappa… C’est vrai que ça a tellement ouvert de voies, ils ont apporté des choses à un moment dans la musique, et tu ambitionnes de faire pareil. Après on en est loin mais… On écoute aussi pas mal de pop.


Alex Pouzioux de DHAM a écrit la musique de "On se sait jamais" et on retrouvait Elodie la sœur de Julien sur « Libido » dans votre premier album. Comment se sont passées ces collaborations ? Vous comptez renouvelez l’expérience ?

Julien : Ma sœur on lui a demandé comme ça, parce que elle est chanteuse lyrique à la base. Elle a chanté sur « Libido » un titre un peu plus calme. C’était complètement improvisé et on est super content du résultat. On pense à la reprendre pour le nouveau Manimal. Alex c’est avant tout une aventure humaine. C’est un pote et on était content de bosser avec lui. A la base on ne sait jamais, moi j’avais écris le texte il y a un moment, vraiment comme ça c’était plus pour moi qu’autre chose. Je ne comptais même pas m’en servir puisque je ne le voyais pas trop dans un morceau de Psykup. Mathieu il aimait bien le texte, il voulait en faire quelque chose, essayer un truc complètement différent, acoustique. On a tout de suite pensé à Alex, qui a écrit la musique tout seul à partir des textes que je lui avait donné et c’est Mathieu qui a écris les mélodies. C’était vraiment un travail choral. Au début on a hésité à le mettre sur l’album, on se disait que ça tranchait avec le reste et puis en fait… En plus l’album acquiert une certaine logique, ça commence super violent, ça se calme un peu plus après et puis ça fait une petite pause, une respiration. J’aime bien le coté varié, pouvoir changer de plages sans que se soit tout le temps pareil.


Votre dernier album est signé sur le label Jerkov dont Mathieu est l’un des fondateur.

Peut tu nous en dire un peu plus sur les raisons qui vous ont poussé à vous investir dans un tel projet ?

David : Jerkov c’est un label qui a été monté par des potes. A la base on ne devait pas forcément être chez Jerkov, mais c’est parce que les propositions que l’on a eues ailleurs ne nous intéressaient pas. Alors on s’est dit « Do it yourself », voila on va chez Jerkov et on maîtrisera tout parce que se ne sont que des potes. Nous on y est déjà avec Manimal et Matthieu avec son projet parallèle Agora Fidelio et voilà. C’est vachement plus maniables et ils bossent super bien. En fait ils font tout pour nous éviter ce que eux ont déjà vécu en tant que musiciens : se faire enfler par des labels, avoir des pauvres affiches sans que l’on te demande comment tu veux qu’elles soient. Et c’est vrai que eux comme ils ont vécu tout ça pas mal de fois, ils ne reproduisent pas les même erreurs. Moi j’ai deux groupes, tous deux chez Jerkov et je suis très content tout va très bien, merci.


Un petit mot sur le collectif toulousain Antistatic ?

David : Antistatic est né il y a quatre, cinq ans avec Psykup, Delicatessen et Sidilarsen. A l’époque il y avait moins de groupes à Toulouse. Le but du collectif c’est l’ouverture musicale à plein de choses. Tu vois Delicatessen et Psykup ce n’est pas la même chose, et maintenant si tu rajoutes Leiden et Mary Slut l’esprit est complètement différent. Mais c’est bien, ça permet d’essayer de faire découvrir Psykup au public de Sidilarsen et inversement. C’est une bande d’amis, une bonne ambiance.


Dans quelques instants vous allez monter sur scène, comment abordez-vous cette étape parisienne ?

David : Fatigué. On n’a pas dormi alors forcément. On a joué hier au Pays basque et on est parti à l’arrache à 23h du soir pour arrivé ici à 11h ce matin.
Julien : On est un peu rincé, mais sur les nerfs ça peut faire des trucs bien.
David : On va essayer de se concentrer pendant 1h20.
Julien : Ca va peut être encore plus « mongol » que d’habitude.


La fatigue a du bon finalement.

David : Elle est importante cette date là, c’est la date intra muros, dans une bonne salle et on aimerait bien y mettre tout ce que l’on a. C’est vrai que ça tombe mal, pile la fois où la veille on est à l’autre bout de la France. Et puis il y a aussi un truc c’est que, à cause du Moulin rouge à coté il ne faut pas faire de bruit entre 14h et 19h. Sinon on aurait pû dormir là bas, partir un peu tôt et arriver ici vers 15h. Mais on ne pouvait pas à cause du bruit. Tant pis, mais on va quand même envoyer tout ce que l’on a et je suis sur que avec la petite montée d’adrénaline ça donnera un truc original. On verra bien.


J’aimerais connaître votre avis sur le téléchargement. Je sais que vous avez laissé des messages sur les forums à propos de votre album qui a été téléchargé avant sa sortie.

David : Personnellement le téléchargement je ne suis pas barré contre mais c’est l’attitude générale qui banalise et qui enlève toute valeur et crédibilité à notre travail. Quand je vois des gens qui ont 30 gigas de mp3 qu’ils n’écoutent même pas je trouve qu’on perd le coté objet. Notre travail devient comme n’importe quoi d’autre, comme l’électricité : quand tu allumes une lumières tu oublies tout ce qui se passe derrière. Après je ne suis pas contre le fait que les gens téléchargent par curiosité, pour découvrir plein de trucs…


Tu ne penses pas que c’est aussi à cause du prix du CD en France qui est beaucoup trop élevé ?

David : Oui mais c’est évident que c’est ça. Alors nous pour résoudre ce problème on propose le CD à 5€, ce qu’on appelle le « CD carton ». C’est-à-dire que pour 5€ tu as le CD, les 11 titres, exactement pareil, de même qualité mais on fait l’économie de thunes sur la pochette. Comme on a pas le droit de le vendre en magasin on ne le vend que sur le stand de concert. Et les gens qui peuvent bien apprécier le groupe mais sans être très très fans, pour 5€… On a fait un petit fly qui explique tout ça, que l’on est pas, bête et méchant, contre le téléchargement mais que en même temps, si on ne vend pas de disques on ne pourra plus en faire. Le mec qui est fan de Psykup, il ira acheter le CD, pour 15€ avec le joli digipack, la pochette, le dessin à faire à l’intérieur…
Julien : 5€ c’est le prix d’une bière, tu n’as pas le joli digipack mais ça va.


Questions de fin d’interview : qu’est ce que vous écoutez en ce moment ? Quels sont vos projets ? Si vous voulez rajouter quelque chose…

David : Moi j’écoute Dead Can Dance ; j’écoute Sol Niger Within, le projet parallèle du guitariste de Meshuggah, un mélange de Meshuggah justement et de jazz prog aussi ; j’écoute Marc Anthony Turnage, un truc contemporain, le mec qui a mélangé le classique avec le jazz, un vrai truc de dingue ; (bien fort) j’écoute MANIMAL ! AGORA FIDELIO ! (rires) Je réécoute un peu de Django Reinhardt, ça me repose. Alors par contre je n’écoute pas trop de metal parce que je suis en train de composer le prochain Manimal donc si j’écoute trop de metal ça va m’influencer. Même si tu ne veux pas, inconsciemment les riffs te trottent dans la tête et je préfère me nourrir d’autre chose. Dans ma discothèque ça va du classique, au jazz, au funk, au métal…
Julien : En ce moment je n’écoute pas du tout de metal, sauf le dernier Strapping (Young Lad). C’est tout.
David : Mais c’est tellement monstrueux ! On ne peut que l’écouter.
Julien : Sinon j’écoute les classiques, Refused, The shape of punk to come il squatte tout le temps la platine. Pas mal de BO de films, la BO de Eyes Wide Shut elle est restée dans ma platine depuis deux ans et Massive Attack le dernier je bloque dessus. Dernièrement je me suis mis à écouter pas mal de disques de funk aussi, les classiques : Earth and Fire, Kool and the Gang…
David : Sinon le matin pour rigoler on se met du Patrick Sébastien, ça détend, ça repose le cerveau. (rires)


Et en fait comment va Bernard ?

David : Bernard ? Bernard tu veux dire ! Mais quel Bernard ? Bernard ou Bernard ?


Bernard bien sûr !


Un grand merci à David et Julien pour leur disponibilité et leur attention, merci à Jerkov, à Violent Solutions et au journaliste de Hard Rock mag pour n’être jamais venu (et nous avoir ainsi permis de prolonger l’interview).

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