The Evpatoria Report

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Allant souvent rendre visite à de la famille en Suisse pour mes vacances, j’ai pris l’habitude de toujours me rendre à un concert local. La dernière fois j’avaisi eu la chance de découvrir le groupe Anglais Todd dans le complexe artistique de l’Usine à Genève (en passant, on était une petite trentaine et ce groupe monstrueux nous a retourné!!!)

Coup de chance. Dans un magasin de cd à Lausanne, en discutant avec le patron et en lui demandant s’il avait un bon plan niveau concert, un client nous indique que le groupe de post-rock suisse The Evpatoria Report jouerait le lendemain à l’université dans un complexe autogéré, le concert étant organisé par une association d’étudiants nommée ZELIG. A ce moment j’explose de joie, je remercie le patron de « disques à brac », ce cher client, et retourne vite à l’appartement pour préparer ce fameux soir. Sur la route je me dis que l’occasion de ce concert pourrait amener une rencontre avec les musiciens et pourquoi pas une petite interview. C’est vrai que le groupe a sorti un excellent 1er album cette année, Golevka, et que ce serait sympa de connaître un peu plus les musiciens. Décidé, je me rends sur le site du groupe. J’envois un petit mail à Laurent le guitariste. La réponse ne se fait pas attendre. Laurent est motivé à l’idée de cette rencontre. Maintenant au boulot mon petit Damien, il va falloir rédiger les questions et s’organiser pour le concert. Dernier gros effort, on décide de mettre les pneus anti-neige pour ce soir car la météo en a annoncé, ce serait bête de rester immobilisé. En compagnie de ma copine et de son frère, nous prenons la route direction l’université de Lausanne. Nous sortons de la voiture et nous nous dirigeons vers les bâtiments. Là débute une lutte acharnée de plus de vingt minutes pour trouver ce fameux endroit que l’on nomme Zelig !!! L’université est gigantesque, et nous nous perdons assez rapidement. Forcement lorsque que l’on a enfin croisé un charmant étudiant, il est imbibé d’alcool (rappelez vous nous sommes un jeudi soir) et difficilement réceptif a notre simple requête : Mais où est cette putain de salle !!!

Avec difficulté nous arrivons enfin à trouver ZELIG. Cet endroit est vraiment sympa, respire la bonne humeur et la beuverie !!! Un groupe est en train de se préparer. Je me renseigne et ce sera donc The Evpatoria Report qui commencera la soirée. Allez je me prends une bière et je vais à la rencontre de Laurent le guitariste pour confirmer notre interview. Limite timide mais souriant, Laurent me dit qu’on se verra après le concert. Ok pour moi je me retire pour les laisser finir de monter le matos et je prépare mon appareil photo. Plusieurs questions me viennent à l’esprit, réussiront-ils à faire exploser en live leur musique riche émotionnellement ? Leur montée en puissance sera-t-elle à la hauteur de leur album Golevka ? Une lumière rouge enveloppe la salle, les musiciens se mettent en place. Premières notes, le son est bon !!! Je sens que je vais m’éclater, les gens autour de moi sont plus qu’excités et encouragent les musiciens. Je confirme, la musique de The Evpatoria Report transporte et touche droit au cœur. Ce qui est impressionnant avec ces petits Suisses c’est qu’ils arrivent à distiller des ambiances intimistes et des parties grandiloquentes sans que cela me choque. Je prends une véritable claque, ces gars me retournent. Quand l’écho de «Prognoz » résonne, une atmosphère de songes se répand. Je m’éloigne de plus en plus de la Terre. J’ai le sentiment d’être dans un espace infini parsemé d’étoiles. Je voyage à présent au croisement de plusieurs constellations. Voilà la grande puissance de The Evpatoria Report, ils nous dirigent tout en finesse vers les hautes sphères !!! Nous aurons le droit à deux nouvelles compositions. Que dire de ces nouveaux morceaux ? Toujours dans la même lignée de leur premier album, j’ai trouvé qu’il y avait plus de rage, plus de partie noise. Ce n’est qu’une impression live et fugace en même temps. Le concert se termine sur les notes de « Optmal Region Selector », je redescends sur terre. Mon excursion dans les astres est maintenant achevée !!! Les lumières réapparaissent brutalement. Je laisse au groupe le temps de prendre une bière bien méritée et je leur propose de sortir pour se rendre à l’intérieur de l’université. Car à l’intérieur du Zelig c’est l’effervescence. Les gens s’amusent et naturellement pour l’enregistrement de l’interview il va falloir un peu plus de calme.

On sort donc de la salle. Première galère, la porte donnant à l’intérieur de l’université est fermée. Plus trop de solutions, l’interview se fera dehors sous un lampadaire et par «-2°». Et juste avant de commencer l’interview, dans une bonne humeur générale et mort de rire vu la situation, la neige commence à tomber. Les premiers flocons de l’année, j’ai adoré ce moment le rendant magique et collant parfaitement avec l’imagerie du groupe.

SETLIST :
1 Prognoz
2 Nouvelle 1
3 Taijin Kyofusho
4 Nouvelle 2
5 Optimal Region Selector

Pouvez vous nous raconter la genèse de The Evpatoria Report ?


Simon (guitariste): Ca fait quatre ans bientôt qu’on joue ensemble. En fait on se connaît depuis 1999. Le groupe existe depuis janvier 2002. On a Dilo qui est notre nouveau bassiste intérimaire !!!

Laurent (guitariste): Il est à l’essai (Rire générale)

Simon : On a commencé à faire deux morceaux, et puis on s’est dit allez on enregistre. Donc c’est notre premier deux titres. On l’a vraiment fait à l’arrache !!! Puis nickel, pas trop d’ambitions !!!


Qu’elle est la signification de ce nom ainsi que du titre de votre album « Golevka » ?


Simon : Alors ça c’est Laurent !!!!

Laurent : Evpatoria se situe dans une région en Ukraine. Dans cette ville il y avait une antenne. Ils avaient fait un message interstellaire pour communiquer avec les extraterrestres donc qui se nomme « Evpatoria Message ». Le nom de l’album « Golevka » vient d’un astéroïde.


Vous venez d’enregistrer et de mixer votre album chez Serge Morattel, quels souvenirs gardez vous de cette expérience ?


Simon : C’était génial, Serge il est impeccable. Il nous a mis super à l’aise. Il est intervenu et il nous a poussé dans un morceau qu’on n’avait jamais joué en entier. Cela faisait deux ans qu’on essayait. Il a un peu bidouillé des trucs, c’était très surprenant et cool !!!

Bacs (claviériste, violoniste) : C’était la première fois qu’il enregistrait ce genre de musique, ça été aussi une surprise pour lui. Avec les cordes on a eu quelques soucis que Serge a vite résolus. Par exemple le passage dernier titre avec la pièce de la chorale, l’orchestre et le choeur a été enregistré deux semaines avant la session studio et on a travaillé dessus avant le studio, on aurait du faire le contraire

Laurent : Pour le groupe c’était une bonne expérience humainement et musicalement.


Pourquoi votre choix s’est il porté sur Glenn Miller pour le mastering ?


Simon : C’est un peu le meilleur qu’on connaisse de nom. Il a fait d’ailleurs du super bon boulot. Il a pas un grain à lui mais quand tu lui amènes ton album, tu sais qu’il va sonner super bien de toute façon. C’est simplement ça, on ne connaît pas grand monde aussi compétent que lui !!!


L’artwork d’un album est une étape délicate pour un groupe, comment s’est déroulée cette phase pour « Golevka » ?


Simon : Et bien Fabian Sbarro qui a fait la pochette, c’est déjà un ami et en plus il est super bon dans ce qu’il fait. On a quand même de la chance d’avoir bossé avec toutes ces personnes (Rire) Heureusement qu’on est bien entouré finalement. Lui avait déjà une idée, on lui a donné une maquette qu’on avait réalisé. Fabian a écouté et a bossé dessus. On ne lui a pas proposé de direction précise. Il avait une idée assez fixe, la première était pas tout à fait …huuummm on aimait bien le concept mais pas la réalisation. Et puis il nous a présenté la pochette de l’album et là ça ressortait vraiment impeccable !!!


À l’intérieur de votre pochette, il y a une photo d’un homme mûre qui pleure du sang et qui a la tête abîmée. Quel lien a cette photo avec votre album ?


TOUS ENSEMBLE : On ne sait pas trop en fait, en fait c’est très artistique (Rire générale) !!!
Laurent : En fait si tu vois bien on est à l’intérieur de sa tête quand tu déplies, ensuite il y a des images. (???!!!) Et après je ne sais pas trop !!!!! (rire).
Simon : Les trois photos du milieu, on ne sait pas du tout (Rire) !!!

Vous citez dans votre bio des influences de Mogwai, Explosions in the sky, Godspeed You ! Black Emperor, n’avez-vous pas peur d’être enfermé, étiqueté « Post Rock » ?


Simon : Ce n’est pas une peur mais une réalité. Déjà ce sont des références, tout le monde les connaît et puis ils ne connaissent pas franchement d’autres groupes à côté !!! On n’est forcement mis dans le même sac. Maintenant, ce sont des groupes qu’on n’écoute absolument plus je dirais. On en n’écoute vraiment beaucoup d’autres !!! Mais c’est clair que cela reste des influences d’une musique qu’on aime et qu’on sait faire aussi.


Cette appellation à une tendance commerciale ces derniers temps, cela vous déplait il d’être dans cette catégorie en vogue ?


Simon : Non je ne crois pas en ce terme « en vogue » !!!

Laurent : Et puis ce n’était pas un choix délibéré de notre part de jouer cette musique. Elle s’est imposée naturellement à nous !!!


Vous composez une musique émotionnelle, la pureté peut laisser place à l’angoisse… De quoi vous êtes vous nourris (au niveau culturel, cinématographique, musical) pour arriver à donner à « Golevka » autant d’émotions ?


Bacs : On a des perceptions et des influences différentes. Ce côté émotionnel que l’on écoute dans nos influences différentes se retrouve dans ce que l’on fait à cinq !!!

Laurent : Et puis il y a la vie de tous les jours !!!


Vous avez collaboré pour « Golevka » avec de nombreux invités notamment avec l’orchestre de Ribaupierre. Comment est née cette idée ?


Bacs : Alors là étant donné que je suis violoniste, ça vient plutôt de mon côté. Donc je jouais dans cet orchestre, qui est un bon orchestre amateur. Le projet était de savoir si le groupe voulait incorporer des cordes et faire un grand ensemble avec aussi une chorale. Le groupe était motivé donc on est parti sur cette idée là. Donc j’ai écris, ensuite sont venus s’incorporer la guitare et une interlude au milieu avec Reverse Engineering (prélude, interlude et postlude). Le chœur et l’orchestre étaient vraiment contents de faire cette expérience avec nous. Et puis pour nous on a vraiment appris avec l’enregistrement comme j’ai dit tout à l’heure assez particulier. Au départ on était un peu sceptique, après la prise de son et la clôture du morceau mais les gens sont surpris et cela fait plaisir !!!


Comment avez vous réussi à concilier votre processus d’écriture avec la rigueur de cet orchestre ?


Bacs : En général c’est assez simpliste dans le post rock, on ne fait pas forcement des choses assez difficiles. Là il ne s’agissait pas de faire quelque chose de dure pour l’orchestre et pour nous non plus (Rire générale). On était plutôt parti dans les émotions et les sensations de cette musique Donc on n’a pas écrit quelque chose de difficile par contre ce qui était difficile c’était le déchiffrage, la prise de son, l’enregistrement, tout ça en deux heures avec des amateurs qui venaient pour leur plaisir à huit heures le soir !!!


Êtes vous d’accord lorsqu’on compare « Golevka » à une B.O de film ? A quel genre de film verriez vous votre album associé ?


Bacs : Une ambiance un peu de Lynch, tu vois, des moments un peu lent en suspend et des ambiances un peu de malaise !!! Mais avec une photo superbe par contre, très important la photo (Rire) !!!

Laurent : Complètement !!!


Pensez vous être un groupe engagé ?


Laurent : ABSOLUMENT PAS !!! PAS DU TOUT !!! (Rire)

Bacs : C’est pour cela qu’on na jamais voulu des paroles.


Quel regard portez vous sur la scène Suisse  et existe-t-il réellement une coopération amicale entre les groupes Suisses?


Bacs : On va faire très attention à ce que l’on dit (Rire) !!!

Simon : Il n’y a pas des scènes qui se profilent très clairement mais plutôt des clans un petit peu par ville qui travaillent ensemble. Mais il n’y a pas forcement une scène totale.

Laurent : Nous, on est mis un petit peu à l’écart car on habite une ville paumée (Rire générale) !!!


Appréciez vous des groupes Français et si oui vous sentez vous proche de certains de ces groupes ?


Simon : J’adore PURR, incroyable ce groupe. Et puis surtout PROHIBITION, ça c’était de la balle !!! Sinon il y a ARKA, et je ne sais pas….il n’y a pas d’autres qui viennent comme ça !!!


Est il bientôt prévu que The Evpatoria Report vienne en France pour une tournée ?


Laurent : Ce serait avec plaisir !!!

Bacs : Après cela dépendra des disponibilités de chacun car on est tous dans des activités différentes qui ne laissent pas beaucoup de temps libre. C’est difficile de trouver du temps libre pour une tournée. Mais nous aurions grand plaisir de venir en France, ce serait bien cool !!!


Travaillez vous actuellement sur de nouvelles compositions et si oui vers quelles directions s’engage THE EVPATORIA REPORT ?


Laurent : Oui, on aimerait bien intégrer cette fois ci un peu d’électronique

Simon : Sinon on a pas de direction bien précise, à part intégrer comme le disait Laurent plus d’électro.


Avez-vous des groupes annexes à The Evpatoria Report ?


Dilo (basse) : J’ai un autre groupe qui se nomme GOUPIL (http://www.fodge.ch/goupil/) qui est de l’électro-pop !!! On va mettre notre album en ligne gratuitement sur notre site, il sortira en janvier.


Êtes vous pleinement satisfait, avec quelques mois de recul, de « Golevka » ?


Laurent : Je ne sais pas, je ne l’écoute plus (rire)

Simon : Sincèrement, le son il déchire, un grand merci à Serge. Franchement on en a chié pour l’enregistrer et le résultat est cool. On a réussi à avoir du recul par rapport à la composition de titres qu’on traînait depuis deux ou trois ans. Maintenant quand tu prends l’objet et que tu l’écoutes, tu te dis ouais c’est un bon album.

Bacs : Quand on tombe sur une personne qui nous dit que l’album est bon, ça ravive le truc et cela fait plaisir !!!

En chœur : Merci pour tes questions et à bientôt en France !!!


On continue à discuter mais la neige qui tombe en bloc nous oblige à nous réfugier à l’intérieur de la salle. Que dire de ces types ? Super sympathique, j’ai vraiment passé une agréable soirée remplie de neige, de bières et de très bon sons !!! THE EVPATORIA REPORT livre une musique qui respire, vie et prend toute son ampleur sur les planches. Je vous conseille fortement de ne pas les louper lors de leur prochaine venue en France !!!

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