Ca faisait un bail que le Gibus, boite parisienne proche de République n’avait pas accueilli de concerts metal, la petite scène du lieu ayant autrefois accueilli les plus grands noms de l’époque (Sepultura en 1989 par exemple). Y refaire des concerts n’est pas une mauvaise idée, le lieu est assez bien foutu mais ça serait aussi bien que les prix du bar (6€ le demi) s’adaptent à la clientèle car il restara ce soir-là quasiment désert, un comble vu l’affiche fleurant bon la clope et l’alcool. Enfin vu la musique jouée ce soir, mieux valait certainement tourner au whisky.
C’est donc High On Fire qui réintroduit le metal au Gibus, et alors que je craignais de trouver salle vide, un certain public fit le déplacement malgré le prix pas des plus doux et la concurence du match introductif de la coupe du monde de Rugby. Sans compter que le groupe est un habitué des salles parisiennes (4ème passage en 2 ans), mais c’est tout à leur honneur.
Formé sur les cendres de Sleep, groupe des 90s porté sur les tempos lents, le gros son et le psychédélisme, par son leader, le guitariste/chanteur Matt Pike, High On Fire en est son incarnation metal, en beaucoup plus rapide, inspirée par les groupes de heavy/thrash des 80s qui ont bercé sa jeunesse. Ca joue vite, lourd, en gros power chords plaqués, riffs thrash hachés, aux mélodies embourbées. Le son est cradingue mais c’est l’effet recherché, il n’est pas beaucoup plus net sur album, le propos du groupe n’est de toutes manières pas la subtilité, même si Pike se lance périodiquement dans des solos bluesy endiablés.
La dernière fois que j’ai vu le groupe en 2005, Joe Preston tenait la basse, il est désormais remplacé par un ancien Zeke, qui ne montre pas une motivation des plus démonstrative mais joue son rôle d’assise du groupe avec un gros son de basse saturé. Derrière le batteur assure de manière impeccable, assurant une assise solide d’un martèlement continu. De son côté Matt Pike est un guitariste fougueux mais assez immobile derrière son micro, dans lequel il braille épisodiquement… si bien que le groupe et finalement assez statique là où on pourrait s’attendre à plus de folie. Cependant, les morceaux sont bien interprétés, la mise en place est solide et le rendu puissant, le tout étant joué avec un esprit « live » évidemment plus cru et agressif que sur album. N’étant pas un grand connaisseur du groupe, je ne reconnaitrais que quelques morceaux du seul album que je connais bien, Blessed Black Wings et apprécierais dans l’ensemble le concert même si j’avoue être un peu lassé par certains morceaux de la setlist, aux riffs un peu trop old school à mon goût. Cela dit, le groupe arrive sans peine à faire headbanguer un public de fans dont les premiers rangs s’agiteront sur les morceaux les plus rapides. Le groupe étant de retour pour présenter sur scène leur nouvel album à la sortie imminente, Death Is This Communion, on aura le droit à quelques extraits, dont un instrumental assez épique.
Finalement, je partage le même avis que sur Motorhead, auxquels ils sont souvent comparés musicalement, c’est à dire que le groupe me gonfle à la longue sur album mais j’apprécie un de leurs concerts de temps en temps, histoire de retrouver ce bon esprit metal/rock n’roll de bikers.
En première partie, il y avait 2 groupes qu’on voit souvent jouer ensemble ces derniers temps à Paris, Eibon et Hangman’s Chair (vus à Lair of the Minotaur/Capricorns, Rising Dust, Heavy Lord), ils ont d’ailleurs sorti un split commun dernièrement. Eibon pratique un mélange de 2 styles assez distincts, sludge assez lourd et baveux parcouru de voix hurlées linéaires et doom/stoner psyché où le guitariste s’épanche en solos mélodiques. Pas mal mais je trouve que le groupe manque de présence et de maitrise instrumentale sur scène, comme si à certains moments, on se demandait où ils veulent en venir.
Hangman’s Chair ont plus d’attitude sur scène, les guitaristes en font même un peu trop mais on sent bien que la série de concerts qu’ils ont derrière eux depuis quelques mois leur ont été bénéfique.
On peut décrire leur musique comme une sorte de stoner qui s’inspirerait d’Alice In Chains au niveau mélodique, le chanteur du groupe singeant d’ailleurs le vibrato de Layne Staley de manière assez troublante. La similitude entre les 2 groupes n’est tout de même pas si flagrante, Hangman’s Chair persistant à user de riffs stoner assez habituels, qui ne mettent pas assez en valeur de mélodies assez marquantes à mon goût. Le -par ailleurs assez bon- chanteur se retrouve donc cloisonné sur des lignes mélodiques banales. Malgré cela, leur concert reste une bonne expérience, un groupe qui a certainement de quoi marquer les esprits si ils se lançaient dans des compos un peu plus personnelles, à l’image des anglais End of Level Boss.
Pour un début de « saison concerts », on est loin d’une déception, avec 2 premières parties appréciables et High On Fire qui ont encore une fois démontré qu’ils ont quelque chose à apporter à la scène metal actuelle, au moins en concert, leur une musique n’apportant certes pas grand chose de neuf par ailleurs.