Psychoville

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Annee de sortie: 2010

Il est des séries qui vous marquent plus que d’autres car, en dépit de gros moyens à l’américaine et leurs modestes échos (pas de publicité, aucune diffusion en France…), elles réussissent à adopter un ton unique les élevant au-dessus des productions archi marketées et convenues. Dans la matière, force est de constater que les anglais tant dans l’humour (The IT Crowd) que dans l’horreur (Dead Set) sont de véritables professionnels. Ils ont, en effet, compris que l’essentiel d’une série repose avant tout sur des personnages atypiques que l’intrigue est là pour servir.

Psychoville en est la parfaite illustration et respecte scrupuleusement son cahier des charges. La série comprend deux saisons et raconte, sur un ton caustique et truffé d’humour noir, l’histoire de cinq personnages habitant chacun une ville différente d’Angleterre. Leur seul point commun est d’avoir tous reçu la lettre d’un même corbeau indiquant « I Know What You Did… ». La description de chacun de ces anti-héros suffit à susciter la curiosité: une sage-femme susceptible qui prend un poupon pour son enfant de chair et de sang, un clown misanthrope à la main amputée et remplacée par un crochet, un fils quarantenaire vivant seul avec sa mère et vouant tous deux une passion pour les tueurs en série, un nain ancien acteur porno doté de pouvoirs kinesthésiques et, enfin, un riche aveugle reclus dans son manoir et grand collectionneur de… peluches.

Cette incroyable galerie est d’autant plus mise en valeur que s’y glisse involontairement un jeu délectable, consistant à identifier les acteurs qui incarnent plusieurs rôles. Les maquillages et les performances savoureuses des deux créateurs et acteurs principaux de la série – Reece Shearsmith et Steve Pemberton – , tout en déguisement, travestissement, changement de voix et d’attitude, rendent l’exercice difficile. De l’ensemble du casting, émerge aussi la remarquable Dawn French, épatante de sadisme et folie dans le rôle de la sage-femme.

Comme évoqué plus haut, si la distribution est aussi solide et pleine de relief, c’est aussi parce que les scénari des deux saisons donnent la part belle aux états d’âme et évolutions de chacun des personnages. Mais, au-delà de cette épaisseur psychologique, l’intrigue est en elle-même très bien ficelée et les renversements de situations et révélations bien sentis. La mise en scène, quant à elle, se permet de temps à autre des clins d’œil au cinéma de genre du thriller à l’horreur (souvent très kingiens: Carrie, ça…), voire à la littérature et aux contes de fées.

En somme, rien ne cloche ou tout du moins pas grand chose. Même la musique de Joby Talbot contribue à installer l’ambiance de la série avec brio, en appuyant la présence d’un mystérieux thérémin dans le générique. Le seul défaut de la série serait – peut-être – d’être trop courte, car en seulement quatorze épisodes, Shearsmith et Pemberton ont l’honneur de surpasser leurs compatriotes américains en matière de thriller en mélangeant glauque et légèreté. So british.

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