Quand vous attendez depuis 4 ans le successeur de ce que vous considérez comme la perfection et que l’objet parvient enfin jusqu’à vos sens vous faites quoi vous ? Comme moi probablement : vous abordez avec une craintive confiance ce qui devrait s’avérer comme étant une inévitable déception. Rares sont les albums capables de rassurer dès la première écoute sur leur faculté à au moins égaler leur prédécesseur. Tâchons d’être objectif et reconnaissons, même si cela ne fait pas plaisir, que ce Shining silver skies transporte moins que l’album éponyme vers les sphères bouleversantes qui confinent à l’auto flagellation de l’esprit.
Cependant, l’amertume des premières impressions passée, on se prend à rationaliser : ils ne pouvaient décemment pas atteindre la puissance émotionnelle de leurs débuts sans sombrer dans la redite ou l’auto parodie. Je dirais presque que, le temps ayant fait son office, la tendance à la mélancolie passionnée se fait nécessairement moins prégnante et que ce Shining silver skies est presque la suite idéale d’Ashram.
Malgré cela, et pour éviter les conclusions hâtives que mes propos pourraient faire émerger, les envolées déchirantes de subtilités sont toutefois loin d’être absentes. En effet, le superbe « Sweet autmun (part II) », qui n’a rien à envier à son inspirateur direct présent sur le premier album, ou l’envoûtant « Shining silver skies » sont de véritables odes au doux accablement et démontrent avec grâce que Sergio ne s’est pas privé pour faire des progrès dans la maîtrise de son chant cristallin, ni Alberto pour nous transpercer des habiles flèches qu’il sait asséner à travers son archer.
Pour le reste, on a plus affaire à de calmes atmosphères automnales qui pourraient parfaitement constituer la bande son d’un remake d’Une leçon de piano (le subtil « Rose and air ») par un Roman Polanski hanté et charmé par l’indélicatesse de l’Histoire : une aventure triste mais ne laissant pas la voix de l’espoir être étouffée par la torpeur.
Alors qu’Ashram nous éclairait d’une lumière brumeuse et faisait parvenir à nos sens un parfum de pluie tandis que nous restions prostrés et avachi dans un siège rassurant, Shining silver skies nous permet d’ouvrir la fenêtre vers l’extérieur pour mieux contempler et ressentir ce que la rougeur pâle d’une aurore a à nous apporter.
- 5 steps…
- maria and the violin’s string
- sweet autumn (part ii)
- lullaby
- il mostro
- all’imbrunire
- last kiss
- elizabeth
- for each and every child
- tango para mi padre y marialuna
- lady
- shining silver skies
- rose and air
- ultimo carillon
L’émotivité est bel et bien là, je siège parmi les admirateurs et laisse la magie opérer.
J’ai acheté l’album dès sa sortie, ce qui n’est pas dans mes habitudes. L’ayant prêté (à un infâme qui ose qualifier ce bijou de « mignonnet »), j’avais sous-estimé les signes du manque, et suis bien aise de récupérer ce concentré d’émotions dès demain.
Toujours alléchant et bien exécuté mais toujours un peu guimauve et répétitif, j’ai du mal.