Ah enfin ! Enfin une vraie bonne claque en 2010 dans le genre des musiques extrêmes et saturées… C’est que jusque-là l’année semblait plutôt calme, et on se sera plutôt tourné vers des disques tranquilles, pop, pour trouver du son satisfaisant… Mais ça y est, le voilà l’outsider de l’année, incarné par (Sic)Monic qui se fait aussi appeler tout simplement Sicmonic, on vous laisse donc choisir ce qui vous arrange…
Décrire la musique de ce groupe américain relève de la gageure, tant les genres s’entrechoquent, autant d’ailleurs que les registres vocaux de leur chanteur, registres qui sont juste incroyables de diversité et de qualité dans TOUS les styles abordés… Il faut dire que Sicmonic s’est longtemps cherché vocalement passant par la case « groupe à chanteuse » avant d’évoluer vers un mix « homme / femme » qui n’a (heureusement) pas duré. Le groupe a alors fait passer de nombreuses auditions pour dénicher un chanteur unique, la perle rare, et le choix s’est porté sur un certain Taylor Hession, heureusement assez peu vraisemblablement choisi pour son physique (le bonhomme est aussi laid qu’il est talentueux… Et il est extrêmement talentueux). Le groupe de beaux gosses à minettes, c’était la porte à côté désolé faudra repasser.
Fort de son line-up au complet, le groupe a sorti en 2006 un premier album, Look to the Skies, avant d’être repéré par Aural Music, qui a sorti en 2009 ce Somnambulist avant de le rééditer en 2010.
Que dire, sinon que le choc est brutal à l’écoute de cet album qui mélange tout sur une grosse base prog, du deathcore (quelques rares moshparts au menu comme sur « To The Fiendz… ») au néo, rock alternatif, world (léger, essentiellement ces percussions et ce côté latino sur les 7 minutes de « Till the Morning Light » et quelques mélodies qui font un peu voyager)… Un truc complètement improbable qu’il faut absolument écouter pour en percevoir toute la richesse.
Le meilleur rapprochement auquel je pense à l’écoute de Sicmonic, c’est Between the Buried and Me, même si cette comparaison qui n’engage que moi, ne me semble pas complètement satisfaisante ni juste, et vaut surtout pour le côté « melting-pot », tant la personnalité du combo se suffit à elle-même. On pense parfois aussi à System of a Down, Life of Agony, Dredg, Lingua, Earthtone 9, Opus Dai, The Red Chord, The Black Dahlia Murder, Karnivool et j’en passe…
Leur musique est donc un complexe mélange qui comme chez BTBAM réussit l’exploit d’être digeste (voire même efficace et parfois même directe, il n’y a qu’à voir le titre éponyme le seul à faire moins de 4 minutes), techniquement très abouti sans être pénible (le guitariste est loin d’être un manche, vous vous en rendrez vite compte), qui voit en 2 minutes la fureur death la plus totale côtoyer des passages d’une vraie douceur et surtout beaux à couper le souffle, comme sur « Illumination » qui reflète bien cette dualité et cette variété, richesse qui rend l’écoute de cet album absolument passionnante.
Un tel mélange de genres ne serait rien sans un vocaliste de talent, et on l’a déjà abordé en début de chronique, ce Taylor Hession nous semble avoir tout du –n’ayons pas peur des mots- prodige. Je n’ai pas entendu un vocaliste aussi brillant dans un groupe de métal, depuis très longtemps. Ce cher Taylor use lors des passages les plus doux (comme sur les superbes et épurés « Requiem » et « Paradiseum », vrais moments d’émotion pure, chair de poule au rendez-vous) d’un timbre magnifique (évoquant rien de moins que les vocalistes de Dredg, Lingua, Opus Dai ou encore Karnivool), mais utilise tout autant un registre chanté puissant avec des intonations à la Keith Caputo (Life of Agony). Il passe aussi d’un seul coup à un registre purement death (core ou gruiky selon les cas), tout en faisant une halte par des cris hardcore là encore plus que convaincants. Et je n’ai pas parlé des quelques passages presque rapés (très rares ne fuyez pas), là encore bluffants de qualité. Cet homme-là sait vraiment tout faire et il le démontre constamment sur Somnambulist.
Revers éventuel de la médaille (pour certains peut-être en tout cas, mais vraiment pas pour moi), Taylor Hession est très présent sur l’album, il occupe vraiment l’espace même si les musiciens sont par ailleurs très actifs et œuvrent dans une musique bien touffue, riche et complexe (voire même barrée, et ce ne sont pas les violons speed de « Just How Far Down Do You Want to Go? » qui me démentiront).
A noter que cette réédition contient les 11 titres originaux (le dernier étant amputé de sa longue ghost track qui n’était pas indispensable), complétés par 4 bonus qui sont en fait des titres de Look to the Skies, qui permettent de constater que le groupe était déjà excellent en 2006 avec quelques influences encore différentes (un peu de Fear Factory sur « Seven Inches Deep », et un peu de KoRn même sur « Hypnotic » et déjà ces violons barrés sur « Devil Went Down to Georgia »).
Assez de compliments, pour faire simple cet album passe en boucle depuis que je l’ai découvert, et ce n’est pas prêt de s’arrêter (sérieux candidat au podium 2010). J’espère que cette chronique (un peu longue) permettra d’éveiller la curiosité et donnera envie de découvrir ce groupe qui le mérite vraiment.
PS : le titre en écoute (excellentissime) est aussi le plus direct, les autres titres étant plus complexes et variés, soyez donc prévenus que ce n’est pas en 3 minutes 14 que vous percevrez toute la richesse de l’œuvre de ces américains d’autant que l’album est rempli jusqu’à la gueule.
- to the fiendz…
- till the morning light
- somnambulist
- illumination
- of blood and grace
- requiem
- oxygen
- no conscience
- just how far down do you want to go?
- paradiseum
- acidic epiphanies
- fist to throat (bonus réédition 2010)
- seven inches deep (bonus réédition 2010)
- hypnotic (bonus réédition 2010)
- devil went down to georgia (bonus réédition 2010)
Certes c’est très bien composé, joué et chanté. On pense surtout au néo metal des 90s, comme si ils avaient effectué un mix de tous les styles de néo américain, de Adema à Slipknot. Un peu daté donc même si le gros son et les quelques incursions deathcore rappellent qu’on est en 2010.
même constat que jonben.
bonjour,
Trés bonne chronique. Cependant, (c’est valable pour toutes les chroniques), il n’y a plus de lien pour le myspace ou le site du groupe, ce qui est fort désagréable. Ce lien pourrais se trouver dans la description au début de la chronique. De le site n’ai pas adapté pour tous les formats d’écran, je ne peu voir toute la page en une fois ( barre de défilement de droite à gauche).
à écouter sur deezer… 1ère écoute plutôt bien sympa …un petit coté psykup (époque « Temps de la Réflexion ») en bcp plus death et Numétal et bien moins hardcore ?? pas sur de l’analyse pour le coup vu les cotés aussi « pop » et « dub » c’est vraiment compliqué à suivre mais pourtant super simple à apprécier
Franchement ca fait plaisir de retrouver les sons du numetal. Ce style a disparut de la surface (peut être lié à la disparition des groupes far comme korn) avait fusionné plusieurs ethnies du rock et même du rap.
Même si c’est vrai qu’en un album ils ont tout repris, le résultat est très réussi surtout avec le chanteur dont la voix donnent des frissons.
Merci eklektik pour le boulot. Vous êtes ma référence depuis 6 mois.
ah j’ai oublié le coté rap métal…avec un bon débit de malade … la voix fait parfois pensé à Ju (les hurlements bien stridents) plutôt pour le coup quand il chante « hurle » chez Manimal.
Bien sympa ! Dans les passages en voix clean il a une façon hyper intéressante de se placer mélodiquement au chant, ça donne des couleurs parfois très étranges et surprenantes. Très bonne découverte, merci à vous ! =)