Avec Cutting the Throat of God, Ulcerate continue de défricher son propre territoire sonore. Depuis leurs débuts avec Of Fracture and Failure (2007), les Néo-Zélandais ont démontré une capacité impressionnante à repousser les limites du Death Metal, avec une identité sonore unique marquée par une atmosphère écrasante et des compositions exigeantes. Ce nouvel opus, leur septième, ne fait pas exception. Il pousse encore plus loin l’exploration d’une musique à la fois sombre, viscérale et réfléchie, basée sur les dissonances et l’abrasivité.
Dès l’introduction de To Flow Through Ashen Hearts, l’album se distingue par une approche plus mélodique, flirtant parfois avec les ambiances post-metal sans pour autant sacrifier l’intensité et la complexité qui caractérisent le trio. La guitare de Michael Hoggard tisse des nappes dissonantes et organiques, évoquant à la fois le chaos et une étrange beauté. La batterie de Jamie Saint Merat, toujours au sommet de son art, jongle entre brutalité implacable et subtilité rythmique, incarnant une force motrice essentielle.
L’album frappe particulièrement par sa production, qui semble faire écho à l’approche plus aérée de Stare Into Death and Be Still (2020). Cependant, là où ce dernier ouvrait des espaces contemplatifs, Cutting the Throat of God resserre l’étau, privilégiant une tension constante. Des morceaux comme « Transfiguration In and Out of Worlds » et « To See Death Just Once » mêlent des passages atmosphériques d’une densité suffocante à des attaques frénétiques d’une précision chirurgicale.
Les thématiques de l’album, bien qu’implicites, paraissent évoquer une destruction totale, à la fois physique et spirituelle. On y retrouve cette dualité entre le contrôle absolu et le chaos incontrôlé, qui traverse l’œuvre du groupe depuis Everything is Fire (2009). Ce qui est fascinant ici, c’est la façon dont Ulcerate parvient à intégrer des éléments post-metal tout en gardant cette aura de menace apocalyptique.
En résumé, Cutting the Throat of God est un album d’une intensité rare, qui poursuit la quête du groupe pour transcender les conventions du Death Metal. Moins accessible que Stare Into Death and Be Still, mais tout aussi marquant, il s’impose déjà comme l’un des grands moments de 2024 pour les amateurs de musiques extrêmes. Ulcerate confirme une fois de plus qu’il n’y a, à ce jour, aucun autre groupe capable de rivaliser avec leur approche unique et visionnaire.
Je suis un vieux fidèle, ils m’ont régalé encore cette année. L’éternel retour à l’inspiration Sludge était déjà observable sur le précédent, elle est ici plus affirmée encore. L’influence de Neurosis sur Ulcerate reste déterminante. Il suffit de quelques plans bien placés pour que cela fasse mouche. En concert dans une ancienne chapelle, c’était un des grands moments de 2024.