L’année 2007 fut chargée d’excellentes sorties black metal tandis que le death metal se tordait dans son coin en hurlant de douleur, ne sachant comment ce renouveler. L’éthique black metal, si l’on peut appeler cela ainsi, donne l’avantage à ce « genre » car il permet aux groupes de s’aventurer dans des tas de directions différentes tout en étant encore considérés comme des groupes de black metal. L’exemple d’Ulver le montre bien. Même en étant à mille lieu aujourd’hui de ce qu’ils étaient à leur début, leur passé de groupe de black metal norvégien les poursuit encore dès que l’on mentionne leur musique. Les groupes de death metal en comparaison ont une marge de manoeuvre moins large et doivent donc, pour être encore affiliés à ce domaine, jouer avec les bases du genre. C’est-à-dire, des riffs techniques et une atmosphère morbide soulignée par une violence sonore crée par des cris gutturaux, des riffs discordants et une batterie déchainée qui enfile blast après blast. Les jeunes groupes de death metal s’orientent donc généralement vers des riffs gras, massifs, dans l’optique de faire bouger les têtes et les cheveux avant de faire se remuer les neurones. Le death metal, genre de metal qui privilégie la performance physique et la technique pure, s’enterre très souvent dans le répétitif et le bas du front.
Ulcerate, à l’instar de Psycroptic, ne délaisse pas la violence pure et dure pour mériter sa place dans le monde du death metal mais, car il y a toujours un mais, use tellement de capacités techniques chaotiques que l’atmosphère ainsi crée est beaucoup plus interessante. Les riffs ne sont pas anguleux mais tortueux. On ne peut pas parler de sonorités grasses mais, de fil enmêlés dans une toile qui ferait passer le cube, dans le film du même nom, pour un simple rubix cube. Influencés par Hate Eternal, la déferlante de technique fait d’abord penser au dernier disque de ce même groupe, I, monarch. Même genre de production, même obsession pour la technique. Mais là où Hate Eternal était encore proche d’un format de chanson classique, Ulcerate se la joue éléphant dans un jeu de quille et mélange tout avec force tout en faisant preuve de précision. L’éléphant renverse mais, remet tout dans un nouvel ordre que vous pourrez observer à loisir pendant de longs moment, sans comprendre ce qu’il vient de se passer comment on a pu en arriver là. Le jeu du batteur est tout particulièrement attractif car, il délaisse le blast bête et linéaire et l’enrichit de multiples mouvements vers les cymbales ou de roulements. Une sorte de version plus compréhensible du batteur de Crowpath avec la dynamique en moins.
Malgré les clichés associés au genre, Ulcerate est un groupe que je qualifierais de cérébral. Le fan de brutal death « de base » aura du mal à aimer ce disque car, il lui manquera les accroches qui le feront partir en furie en faisant le ménage avec ses cheveux. Of fracture and failure s’écoute attentivement et s’apprécie pour la merveille de technique qu’il représente ainsi que l’atmosphère morbide qui s’en dégage. De plages en plages on retrouve le même chaos explosif seulement interrompu par quelques notes sombres, de brèves interruptions procurant un peu de relief mais, trop rare pour rendre le disque plus approchable par autre chose que des fans de death ou de technique. Dommage car, si j’en juge par la présence d’un sweet shirt Isis sur une des photos promo, il y a fort à parier qu’Ulcerate gagnera sur son prochain disque en ouverture vers d’autres domaines. Peut être un peu moins death. Peut être encore plus cérébral. Peut être pas plus technique par contre. Bien que la barrière ne cesse d’être franchie constamment avec toujours plus de jeunes groupes plus fous et rapides les uns que les autres, dans le cas de Ulcerate, rechercher à faire plus fou et plus technique reviendrait à délaisser l’aspect atmosphérique et, plus que tout, c’est cela qui fait de Ulcerate un excellent groupe de death metal, progressif et très intéressant.
- praise and negation
- ad nauseam
- the mask of the satyr
- becoming the lycanthrope
- to fell goliath
- martyr of the soil
- failure
- the coming of genocide
- defaeco
Bonne chronique qui a l’intérêt de resituer dans le contexte général du Death Metal. Je crois beaucoup en ce groupe.