Ne pas pouvoir définir un album que l’on apprécie est un assez bon signe quand on est avide d’originalité. Placer des mots avec facilité sur la musique d’un groupe revient souvent à les dénigrer en partie car cela signifie qu’ils n’ont pas fait beaucoup d’efforts pour tirer partie de leurs influences. A l’inverse, accoler un tout nouveau terme au travail d’artistes tellement leur œuvre sort du lot peut aussi être perçu comme réducteur, comme si on essayait alors de mettre dans une petite boite un travail bien plus complexe.
Avec A shaman steering the vessel of vastness, Thralldom dépose les armes tout en offrant un univers neuf à qui voudrait bien l’exploiter. En effet, ceci est le dernier album que composeront ensemble Killusion (aka Ryan Lipynski, chanteur / guitariste de Unearthly Trance) et celui que je ne connais que sous le nom de Jaldagar qui officie en tant que batteur. Le premier souffrant de différence artistique avec le second, ils ont donc décidé de donner le coup de grâce a ce projet pour en former d’autres a coté, et autant dire que ce coup de grâce est un coup de maître. Débarrassé des morceaux de black metal qui restaient encore accrochés a leur précèdent album, Black sun resistance, Thralldom continue sa voix psychédélique en jouant une sorte de drone blackisant que certain raccrocheront au Black one de SunnO))) afin de faire plus court mais que l’on ne peut décemment pas réduire à une équation aussi simple tellement il existe de différences entre ces deux groupes. Car si Black sun resistance ne l’avait pas déjà assez prouvé, Thralldom n’a de black metal que l’ambiance et la production mais navigue dans des mers bien différentes. Tout comme dans Unearthly Trance d’ailleurs, mais je suppose que les passionnés de ces derniers se sont déjà jetés sur cet album. Pour les autres voila en gros a quoi vous attendre.
A shaman steering the vessel of vastness n’a donc plus grand-chose de black metal alors que c’était d’abord l’objectif de ce projet. Plus d’accélération, pas vraiment de solos à l’horizon, reste encore des cordes qui résonnent en partie de ce que la Norvège a pu apporter dans le monde de la musique sombre mais ici la rage est remplacée par une sorte d’exercice de méditation où l’on se plairait à éteindre la lumière pour mieux se découvrir sois même. 7 chansons pour un durée d’un peu plus une demi heure, la plage d’introduction couverte de hurlements lointains ne laisse pas planer le doute quand aux intentions néfastes du duo mais ceci n’est pas le prélude à une déferlante de destruction massive armée de guitares acérés. On ne plaisante pas avec la violence ici, on la rend sous jacente et on l’intériorise mieux pour créer une tension qui durera tout le long de l’album. Les riffs sont répétés de manière à créer un mouvement hypnotique tandis que les cris déchirés et incompréhensibles renforcent l’animalité de tout ceci. En s’éloignant du black metal, Thralldom est devenu plus primitif mais pas moins intéressant. Alors que Black sun resistance proposait un mélange de Darkthrone et de musiques psychédéliques, un grand pas vient ici d’être franchi pour emmener ces sonorités froides et nordiques dans une transe étourdissante.
Alors bien sur, certain ne goûteront pas a ce type d’analogie et n’y verront que du blah blah de chroniqueur décérébré mais même sans sur-analyser ce disque on peut aussi le prendre pour une superbe collection de morceaux sombres que chaque amateur de musique un peu aventureuse saura apprécier si il recherche un matériel qui lui procurera une toile de fond sonore froide et mystique. Cependant, ceci n’est pas un disque à écouter juste en fond sonore. Il n’est pas encore venu le temps ou un type associé à une des grandes merveilles du doom pondra un album que l’on peut écouter comme une compile Buddha Bar. Pour vraiment apprécier cet album il ne faut pas juste le laisser tourner dans le fond mais prêter attention a tout ce qui se passe. C’est là que l’émotion prend vraiment forme. Les effets électroniques apparaissent alors avec plus de clarté et chaque riffs métallique vous dévore de plus en plus à chaque nouvelle plage. J’attend de voir avec impatience ce que la suite des aventures expérimentales de Killusion nous apportera car au même titre que le dernier enfant de Unearthly Trance, ceci est à ranger dans la catégorie des albums a ne pas manquer pour peu que la noirceur sois une couleur qui sied à merveille à vos oreilles. Si il fallait citer quelques références par ci par là je dirais que Thralldom emprunte un peu au Darkthrone des débuts, un peu à Earth et puis aussi sûrement un peu au kraut rock. Il n’en reste pas moins que le mélange qui en découle n’est pas analysable comme une recette de cuisine et qu’il faudrait, comme je le disais au début, inventer un tout nouveau terme pour dire exactement ce que Thralldom fait comme musique. démonique conviendra parfaitement et personne n’ira me contredire en écoutant cet opus.
- anticipation of an obituary
- quantum frost
- only the dead speak the truth
- the wolf will never die
- ultra extinction
- narrow road
- the mentu dynasty
Chef d’oeuvre total !!!