Les amateurs de metal extrême le savent, le continent asiatique est une terre promise pour les projets qui développent une sympathie pour la brutalité. Combien sont ils ces groupes locaux , inconnus au bataillon, qui mettent une raclée à des entités bien plus institutionnelles de ce côté là de la planète ? Des tas, voilà, ils sont des tas, comme les marchés qui habitent les grandes villes orientales, à chaque coin de rue, et dont on garde un souvenir flou si on n’est pas un habitant du coin. Du côté de Singapour par exemple, certains ont même le vent en poupe, c’est le cas de Wormrot, ce sympathique trio de coupeurs de têtes qui a signé l’année dernière chez Earache après avoir vomi un Abuse des plus tonitruants en 2009. Les choses se passent jeune pédé.
Une signature qui fait du bien au moral; quand on pratique la ponction montée sur sur châssis hydroliques, quand on frappe cradingue, et qu’on rejoint le label qui a abrité des alphas rayonnants comme Napalm Death, on entre un peu dans l’histoire à sa manière, par la porte de derrière s’il le faut, les histoires de cul ça sent la merde, on pratique tous sans déplaisir. Avec Abuse Wormrot avait frappé de sa masse d’arme la porte de nos enceintes, flashy, énergique, frelaté comme un Insect Warfare, un Magrudergrind ou un Noisear sauraient le faire, direct dans la gueule, sans chichi aucun. C’était énervé comme un poseur de bombe à une réunion du G8, ça faisait dans le concis et le carré, pas besoin de développer des équations à plusieurs inconnues pour comprendre que le résultat se focalisait sur le rapport masse / énergie, la claque en bout de chaîne n’avait rien de relatif, elle était physique. Tu sens la sueur ?
On attendait donc de voir ce que ces jeunes pourritures asiatiques allaient nous servir avec ce second album. Dirge, c’est son nom, nous avait d’abord été livré gratuitement à l’écoute par le groupe, la tradition ça a du bon, de quoi se rendre compte que les 3 gars avaient de la suite dans les idées. Ce qui saute aux oreilles aux premières plâtrées : la production, ça claque sec, mais on perd du côté molosse d’Abuse se dit-on, un côté core presque jeté aux orties, pour laisser place à des attaques plus ferreuses, heureusement le vortex a de la gueule. Les morceaux développent cette énergie processionnaire qui fait toujours autant plaisir aux feuilles, ça joue l’immédiateté, rien à faire de la bretture, ça deale le brut comme une monnaie granitique sans forcer son talent. Wormrot est resté naturel, il perd juste en impact ce qu’on aurait aimé le voir gagner en vice. Mais la livraison est solide, taillée pour la scène, un disque que l’on a tendance à oublier mais qui à chaque fois qu’il s’invite sur la platine nous rappelle que ce groupe est totalement killer dans son genre.
On aurait pu penser la sortie de virage difficile pour le combo, mais Wormrot reste sur la route. Efficace et jamais rassasié, toujours prêt à asséner un frontkick ou tartiner de cervelles les phalanges que vous trempez dans votre café tous les matins. Does fucking compute.
ça tabasse suffisamment pour que j’y revienne de temps en temps : du beau boulot