Auteurs d’une démo intitulée Seelennacht en 2004 et d’un très bon split en 2008 avec les excellents Membaris, les allemands de Weird Fate viennent de sortir leur premier album The Collapse of All That Has Been chez Cold Dimensions. Appréciant fortement Into Nevermore et Grenzgänger de Membaris, qui je trouve, est un groupe largement sous estimé et dont personne ne parle (il faudra d’ailleurs que je leur rende hommage un jour sur Eklektik) et voyant que certains membres de ce groupe partagent également leur talent musical chez Weird Fate, je n’ai pas hésité une seule seconde pour commander The Collapse of All That Has Been. L’achat compulsif a du bon parfois…
Pour sa première sortie longue durée, Weird Fate nous propose 55 minutes de musique étalées sur 10 morceaux. Passée l’introduction « Creeping Corrosion » qui ne représente pas à un grand intérêt, on rentre rapidement dans le vif du sujet avec le premier coup de massue qu’est « Mirage of a Star ». La patte Membaris se fait immédiatement ressentir dans la composition. C’est technique sans trop en faire, les assauts rythmiques sont sauvages et variés, la basse est omniprésente et ressort du mix à merveille, les riffs de guitares sont mélodiques sans verser dans le mièvre. Du break en arpèges à 3’10 » suivi des leads de guitares extrêmement accrocheuses qui nous portent jusqu’à un final au paysage désolé d’où émanent quelques claviers judicieusement placés, tout est parfaitement en place sur ce premier titre de 10 minutes qui force tout simplement le respect.
Même combat sur « Nacht » et « The Collapse of All that Has Been » qui proposent un parfait mélange de black traditionnel, agressif et rapide, et de black atmosphérique à tomber. Les vocaux de N.W. ne sont pas sans rappeler les grands moments d’écorchements de larynx sur les albums de Luror. Mieux que ça, N.W. module constamment son chant, entre voix black granuleuse tantôt éraillée parfois « dépressive » et chœurs bien appréciables sur les deux dernières minutes du titre éponyme. C’est sans nul doute un des gros points forts de cet album en compagnie des usines à riffs que sont les guitares et la basse. Cette dernière n’est effectivement pas en reste et apporte un feeling inestimable notamment sur « Manifest of the Crestfallen » de par ses sursauts secs et techniques, un peu à la sauce Hope Dies de Misery’s Omen. Il suffit d’écouter la ligne proposée sur les dernières minutes du morceau pour s’en convaincre. « In Stille » est quant à lui un titre plus calme néanmoins touché par cette ambiance noirâtre et froide qui plane sur l’intégralité de l’album. Et puis il y a « Futile Words » qui tel un char d’assaut vient nous déloger avec brutalité pour un dernier tour de 8 minutes durant lesquelles tout y passe avec brio: le fabuleux break à 3’20 », mid-tempos, ascension des saturations dans les dernières secondes.
Pour conclure, The Collapse of All That Has Been est un excellent premier album, concluant par bien des aspects. Weird Fate passe haut la main son premier examen en proposant un black à la forte identité teutonne (normal me direz-vous) et dans le respect des règles de la scène germanique. Les bonshommes maîtrisent leur art, aucun doute là-dessus mais ne négligent jamais les ambiances. Ici la technique est parfaitement utilisée afin de proposer des titres accrocheurs avec un minimum d’âme. Hautement recommandable.
Tracklist:
1- Creeping Corrosion (0:59)
2- Mirage of A Star (9:31)
3- Nacht (8:33)
4- And Utter Emptiness (2:06)
5- The Collapse of All that Has Been (6:52)
6- Manifest of the Crestfallen (7:55)
7- 1709 (1:47)
8- In Stille (7:29)
9- Anguish (1:52)
10- Futile Words (8:17)