Gateway, c’est un mystérieux projet belge sortant des albums/EP de manière assez régulière ces dernières années. Très peu d’infos ont filtré: on sait juste que c’est le projet d’un seul homme (dont on ignore donc l’identité), localisé à Bruges, actif depuis 2014 et dont le second long-format Scriptures Of Grief (2016) a titillé la curiosité de Sentient Ruin Laboratories qui le ressort cette année avec une bien meilleure exposition. De quoi mettre un peu en lumière ce groupe de l’ombre, ombre dans laquelle demeure d’ailleurs aussi leur musique…
Scriptures Of Grief nous offre en effet une plongée abyssale aux confins du death/doom le plus lugubre. « I » et ses douze minutes au compteur démarre cet album par une intro étrange avant de déclencher de leeents riffs pesant si lourd qu’on jugerait voir débarquer un troupeau de Jean-Marie Bigard obèses, puis hop sans prévenir, Gateway accélère soudain le pas, conservant la lourdeur mais à la vitesse beaucoup plus rapide. Surtout, c’est le moment où la monstrueuse voix apparaît, certainement que le gaillard est détenteur du record du monde du rototo le plus long. Les influences Disembowelment, Winter et autres Thorr’s Hammer annoncées sont effectivement perceptibles mais notre gaillard parvient à nous imprégner dans une atmosphère singulière assez unique, très oppressante mais envoûtante.
Sans transition « II » prend la suite, la voix prenant cette fois un peu plus les devants, un peu comme si la monstruosité vivant dans les profondeur souhaitait remonter à la surface. Une fois de plus l’ambiance parvient à maintenir alerte grâce à une gestion au petits oignons des effets, des échos, des changements rythmiques ainsi que des moments davantage « ritualistiques ». « III » nous donne enfin le coup de grâce, incorporant même quelques voix de gargouilles un poil plus aiguës pendant un titre au feeling équivalent aux précédents: un mur de gras poisseux, suintant d’immondes effluves, le tout avec un tel groove qu’on ne voit pas le temps passer.
Scriptures Of Grief nous offre une effroyable plongée dans les limbes ténébreuses, dans lesquelles sommeille une créature infernale venant nous jouer une sérénade apocalyptique. Car derrière l’horreur et l’atmosphère putréfiée, il y a finalement quelque chose de très séduisant chez Gateway, et une envie de vite y replonger !
- I
- II
- III