Je viens de découvrir Brass Camel avec leur deuxième album, Camel — le premier s’appelait Brass… peu importe — et c’est un vrai régal. Ce groupe canadien distille une forte sensibilité seventies sans tomber dans le cosplay, en mariant rock progressif, funk et hard rock dans une fusion serrée et groovy. Imaginez les cassures malicieuses façon Frank Zappa, un soupçon des harmonies empilées et théâtrales de Queen, et le prog agile et centré sur la chanson des Norvégiens Anti-Depressive Delivery — le tout passé dans une production moderne et percutante qui rend chaque accent audible.
Sur environ 40 minutes et six morceaux, le disque est intelligemment séquencé : deux longues pièces épiques encadrent l’album, tandis que quatre titres plus compacts au milieu concentrent l’attaque funk-prog. Les morceaux étendus avancent en suites à plusieurs parties — changements de mesures, motifs en reprise, passages du strut au clavinet à la poussée hard rock — sans jamais perdre le groove. Les mesures peu communes sont partout, mais tombent comme des refrains plutôt que comme des obstacles ; la batterie et la basse verrouillent des syncopes qui rendent ces métriques naturelles, voire dansantes. Entre les deux, les titres plus courts condensent les mêmes outils : appels/réponses de riffs, montées d’Hammond, virages rapides vers des couleurs d’accords jazzy et codas nerveuses qui restent en tête.
Le chant penche vers le théâtral d’une manière qui sert l’écriture : lignes principales assurées, phrasé élastique et chœurs nets qui saluent le faste classique sans basculer dans la parodie. Quand le groupe vire franchement hard rock, la livraison gagne en rugosité ; quand les arrangements se font malins ou satiriques, on retrouve un flegme à la Zappa dans la cadence. Côté paroles, le ton est joueur sans être gratuit — images surréelles et petites vignettes de personnages qui encadrent la pyrotechnie instrumentale.
Instrumentalement, il y a de quoi se régaler : harmonies de guitares nerveuses qui se rejoignent en unissons serrés, coups de clavinet contre des nappes d’Hammond chaleureuses, et leads de synthé à tendance analogique qui percent sans agressivité. La production conserve le punch des basses tout en laissant de l’air dans les médiums ; on entend le claquant des ghost notes et l’ampleur des accords tenus. S’il faut chipoter, quelques transitions dans les pièces longues s’attardent un poil trop sur leur malice avant que le thème suivant n’arrive. Mais les retombées en valent la peine.
Au final, Camel est un mélange vif et soigné de funk, prog et hard rock — aventureux rythmiquement, mélodiquement accueillant et exécuté avec panache. Si votre zone de confort va de la période groovy de Zappa à l’élan théâtral de Queen, avec un moteur prog moderne en dessous, c’est absolument à mettre sur votre liste.
jonben
il y a 2 heuresExcellent cet album
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