Graspop – 27 juillet 2004 – Dessel – Belgique

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N’ayant pas pu faire les 3 jours du festival metal belge, je vous fais ici un descriptif de la journée du 27 juin.

C’est fou comme en Belgique tout se ressemble. Une ville belge sans ses fameuses maisons de briques rouges – avec parfois quelques-unes en briques blanches qui se démarquent et de la brique noire pour les plus originaux (sisi de la brique noire, je vous jure) – ça n’existe pas. Si bien qu’en traversant le pays on se demande à un moment : « ah tiens on serait ne pas déjà passé par-là ? Ces maisons en briques rouges me disent quelque chose… ».

Et puis, en rentrant dans la petite ville de Dessel, qui n’a pourtant rien pour se démarquer des autres villes belges (maisons en brique rouge toujours en écrasante majorité) on remarque tout d’un coup qu’on y trouve une masse de plus en plus dense de sauvageons chevelus. Cela signifie qu’on brûle, qu’on se rapproche du sacro-saint Graspop Metal Meeting qui chaque année rassemble des fans de metal très eklektik car l’affiche peut plaire à tout le monde : du heavy metal, du hard rock, du doom, du gothique/atmosphérique metal, du metal symphonique, du black metal, du prog, du death, du thrash, du hardcore, de la polka, des chants mongols et du rap (euh…. non pas de polka, de chants mongols et de rap finalement). Bref tous les courants métalliques y sont à peu près représentés. Un festival fort eklektik en somme qui pour la 1ère fois s’étale sur 3 jours.

La première chose qu’on va très vite constater en arrivant, c’est que le site se trouve assez loin des parkings. Fort dommage, va falloir marcher. Autre chose assez étonnante, les maisons sont assez proches du bruyant festival. C’est là que je me suis dit qu’il faudrait que je rachète une de ces baraques à l’occase, comme ça chaque année, je n’aurais pas besoin de faire des kilomètres pour voir le Graspop ; le Graspop sur votre porche, ce n’est pas le pied ça ? D’ailleurs les autochtones ont l’air de très bien s’accommoder de ces festivaliers : certains ont transformé leur allée de garage en café-terrasse. Il n’y a pas de petits profits….

Le site du festival est assez vaste ; c’est sûr me direz vous pour accueillir 35 000 personnes, faut de la place. Des stands de vente de T-shirt, New-Rock, bijoux, vêtements, percings, tatoos, bibelots et j’en passe tout de suite à gauche après l’entrée. Il y a une scène principale en plein air et deux chapiteaux, l’un dédié au metal extrême et l’autre au hardcore.

Au moment où je pénètre sur le site, Destruction joue en plein air. Aaaahhhh la finesse du thrash metal à l’allemande, rien de mieux pour rentrer dans le sacro-saint lieu metal. Pendant que le power trio termine son set plein de finesse, je me dirige vers le chapiteau hardcore pour assister à la prestation de Killswitch Engage.

Le fameux groupe de metalcore a donné un concert fort sympathique. J’avoue ne pas être fan de ce genre mais la prestation des américains a été fort intéressante, notamment celle de son chanteur passant d’un registre hurlé (hardcore ou death) à un registre plus mélodique. C’est surtout le guitariste au bonnet ( ! ?) qui fait le show en assenant des rythmiques hardcore ponctués par des riffs death metal mélodique. Une belle prestation, même si le chapiteau était loin d’être plein.

Ensuite, c’est Testament qui joue en plein air. J’ai trouvé que la vénérable institution thrash américaine avait l’air un peu molle. Les membres du groupe avaient l’air fatigué, notamment Chuck Billy, le chanteur. Le son était loin d’être parfait également (on entendait trop la fretless) mais bon vu qu’ils jouaient open-air… Cependant, un petit « Into The Pit » ça fait toujours plaisir. A revoir dans de meilleures conditions donc…

Je n’attends pas la fin du concert de Testament et me dirige sous le chapiteau pour être bien placé pendant le concert de Death Angel. Autant Testament avait pu apparaître mou, autant Death Angel était gonflé à bloc, une vraie tuerie. Sûrement une des meilleures prestations de ce Graspop. En tout cas, pour votre serviteur, c’est pour l’instant le meilleur concert thrash metal auquel il ait pu assister. La formation californienne, bien qu’ayant commencé sa carrière à la fin des 80’s et ayant été absent des scènes pendant plus de 10 ans, n’a pas perdu en puissance. Les années n’ont donc pas « émoussé » Death Angel. Il faut dire que c’est normal, les membres du groupe ayant commencé au berceau. Le groupe, qui a fait son grand retour dans les bacs cette année avec « The Art Of Dying », entend bien montrer qu’il a toujours la rage en 2004 à l’image de son chanteur Mark Osegueda, à la voix singulière, pouvant monter très haut dans les aigus. Celui-ci est très charismatique et énergique sur scène. Comme le reste du groupe d’ailleurs. On aura même droit à un lancer de basse dans le public. Il devait y avoir de nombreux curieux venus assistés à la prestation des Américains d’origine indochinoise, nul doute qu’ils se seront pris une belle baffe. Le groupe aura donc mis tout le monde d’accord. Ils quitteront la scène en jetant des t-shirts dans le public.

Après une telle tuerie thrash metal, ça fait du bien de prendre l’air ; Saxon se démène sur scène. J’ai alors préféré fouiller les échoppes environnantes plutôt que d’assister à la prestation de la vénérable formation de la NWOBHM. Juste tendu une oreille pour le classique « Wheels Of Steel ». J’ai constaté avec regret, lors de cet instant shopping, que les t-shirts officiels du Priest sont chers (28€ les moins chers).

Après le shopping, je me précipite pour assister au show de Therion que je n’aurais vraiment pas voulu louper. Le groupe, accompagné de son fidèle chœur et d’un chanteur heavy metal (je pense que c’était Mats Leven, présent sur les deux dernières offrandes des suédois), a fait une prestation tout simplement magique. Même ceux qui ne sont pas familiers du metal symphonique des scandinaves furent conquis par le spectacle. On a bien sûr eu droit à des morceaux de « Sirius B » et « Lemuria », qui passent d’ailleurs très bien sur scène, dont un excellent « The Blood Of Kingu ». Les classiques tel que « Ginnungagap » ou « In The Desert Of Set » n’ont bien sûr pas été oubliés. Bref, quand ils repasseront en France à la fin de cette année (avec Orphaned Land NDLR), ils seront à ne pas rater.

A la sortie de Therion, Fear Factory entame son set. Et alors c’était bien l’usine à peur ? A vrai dire, après le moment magique que fut la prestation de Therion, je n’ai pas vraiment fait attention à ce qui se passait sur la scène principale. C’était du lourd en tout cas…

Children Of Bodom, voilà un autre groupe que je ne voulais absolument pas louper. Il y a du monde sous le chapiteau pendant la prestation des Finlandais, beaucoup plus que pendant Therion ou Death Angel. Le public est déjà largement acquis à la cause des enfants de Bodom. Alexi Laiho entre sur scène sous les ovations, c’est lui la star dans le groupe, les autres sont plutôt effacés (à part le clavieriste Jane Warman, dont le clavier est en position complètement verticale). Que Children Of Bodom ait changé de guitariste rythmique, cela ne change rien à la donne, le groupe tue en live. Un sens de la mélodie toujours irrésistible et une énergie incroyable. Dès le deuxième morceau, les pogos commencent. Ça sera vite la folie dans la fosse. Cependant, on peut regretter un son à la qualité pas optimale, surtout pour les guitares, qui ont tendance à partir en larsens. Et puis la playlist est trop concentrée sur « Hate Crew Deathroll », le dernier opus de la formation (bon on s’en serait douté vu le backdrop représentant leur dernier album). « Needle 24/7 » ou « Hate Crew Deathroll » sont certes des morceaux qui rendent bien sur scène (de toute façon, le répertoire de ce groupe est taillé pour la scène) mais faire la part belle à cet album qui date maintenant d’il y a plus d’un an, n’était peut-être pas le choix le plus judicieux selon moi. Je ne suis d’ailleurs pas le seul à penser que plus de titres issus de « Hatebreeder » ou de « Something Wicked Wild » aurait été préférable. Mais bon bref, c’est sur les genoux qu’on sort d’une prestation aussi puissante et éreintante. Et on a alors qu’une seule envie, se désaltérer.

C’est d’ailleurs pour ça que Life Of Agony, j’ai zappé. Il faut dire déjà qu’à la base je n’aime vraiment pas leur musique…. D’ailleurs je n’ai pas entendu beaucoup de bons échos de leur prestation…. J’en profiterai donc pour me restaurer et pour être frais pour Dimmu Borgir.

Il y a foule sous le chapiteau avant que Dimmu n’entame son show, impossible d’être bien placé devant, j’arrive un peu tard. J’avais quand même un peu peur que Dimmu, sur scène, ça soit comme Cradle, c’est à dire un son affreux et un manque total de charisme. Et bien non, mes craintes se sont vites envolés, Dimmu Borgir sur scène, c’est de la bombe ! Une intro hollywoodienne pour l’entrée en scène : un décor de scène Death Cult Armageddon, une intro symphonique grandiloquente, des lumières violettes balayant la scène et le public et beaucoup de fumigène. Ça le groupe aime bien la fumée, il y en aura tout au long de leur concert. Il y en a tellement que là d’où je me trouve, je n’aperçois même pas Mustis derrière son clavier, quant au nouveau batteur, n’en parlons pas. Je n’ai hélas pu assister qu’à la moitié de leur prestation, car pour le Priest, je préférais être bien placé. Ça m’a semblé étrange qu’ils n’aient joué que 2 titres de leur dernier opus (4 pendant ce concert selon certaines sources), dont le thrashisant « Vredesbyrd », qui rend très bien sur scène. C’est toujours un bonheur d’entendre des classiques comme « Spellbound (by the Devil) » ou « Kings Of The Carnival Creation ». Petit reproche sur le son, la guitare de Galder n’était pas assez en avant je trouve. On sentait dans la salle que le public commençait à être fatigué pendant la messe des norvégiens, harassé par le set de COB ?

Aaaaaarrrrrrgggghhhhh l’attente est insupportable ! Bientôt, le Priest va monter sur scène. Judas Priest avec le retour d’Halford ! C’est pas culte ça ? Il faut que je vous avoue quelque chose : si j’écoute du metal, c’est en partie grâce au Priest. Le jour ou pour la première fois j’ai entendu « Painkiller », ce fut la mega baffe, je ne m’en remets toujours pas. Je suis alors devenu accroc à cette musique. Alors pour moi, un concert du Priest avec Rob Halford, ça avait quelque de spécial. J’avais pourtant apprécié Ripper Owens, sur scène aussi je l’avais trouvé plutôt bon. Mais voilà, Halford ce n’est pas la même chose, Owen a beau être un excellent vocaliste, il n’a pas le charisme unique du Metal God. L’attente de la venue du Priest sur scène est donc insupportable. Et puis les lumières s’allument enfin ! Et l’intro The Hellion se fait entendre. Les membres du groupe débarquent enfin sur scène pour « Electric Eye ». On entend Halford chanter, mais on ne le voit pas… il débarque enfin sur scène, via un ascenseur, qui le conduit sur l’estrade. Suit ensuite « Metal Gods », démarche robotique de Rob pour descendre l’escalier. L’homme est en voix à ce moment là. Même s’il dégage toujours un charisme exceptionnel derrière ses lunettes de soleil, son pantalon cuir et clous et sa longue veste en cuir, le Metal God a l’air un peu mou, manque de vigueur par moment. Il faut dire que l’homme n’est plus tout jeune et que c’est déjà incroyable qu’il ait encore une telle voix à son âge et qu’il fasse encore un heavy metal qui demande pas mal de ressources. Il est beaucoup mieux « conservé », par exemple, qu’Ozzy et vocalement plus en forme (il dispose aussi d’une plus large palette vocale que le Madman et les morceaux du Priest sont aussi plus difficiles et « éprouvants » à chanter que ceux d’Ozzy). Il est vrai qu’un morceau comme « A Touch Of Evil » n’a pas été parfaitement interprété et que sur « Painkiller », la puissance vocale du Metal God en a pris un coup avec l’âge, mais ce serait chipoter… Car combien de chanteurs heavy metal peuvent prétendre avoir une tessiture vocale aussi large et monter dans les aigus comme le fait encore le Metal God tout en restant très agressif ? Même à son âge, il reste encore impressionnant vocalement. C’est donc un pur bonheur de le voir de retour sur scène avec le Priest. Tournant autour de la scène comme un chien enragé pendant le terrible « Painkiller ». Quant à la paire guitaristique Tipton-Downing, elle est toujours aussi fringuante. Ian Hill, le discret bassiste, est toujours fier et solide derrière son instrument. Quand à Travis Scott, le plus jeune dans le groupe, il assure largement derrière sa batterie, notamment pendant la boucherie « Painkiller ».

Ce United tour 2004 se voulait un concert de reformation avec une set-list constituée uniquement de classiques : « The Ripper », « The Sentinel », « Breaking The Law », « Beyond The Realms Of Death », etc… Aucune surprise donc. Les rappels aussi, c’était du classique mais du solide avec l’arrivée sur scène de Rob sur sa Harley sur « Hell Bent For Leather ». Le public, bien que fatigué par ces 3 jours de festival éreintants, reprenait alors en cœur le classique « Living After Midnight », hurlait sur « Breaking The Law », donnait de la voix sur « United ». Il reprenait aussi les yeahyeahyeah que Rob entame toujours avant le final « You’ve Got Another Thing Coming ». Le son était vraiment de super qualité pour un concert en plein air. Quelques décalages dans la voix d’Halford ou autres menus problèmes dus au vent, mais ce serait vraiment chipoter sur la qualité du son…
Bref, évidemment le Priest n’est plus tout jeune et le groupe ne va sûrement pas continuer encore 10 ans comme ça, mais c’est un vrai bonheur de voir encore sur scène un groupe aussi culte. Même certains membres m’ont semblé en petite forme (surtout Rob), ils assurent encore sur scène. A revoir donc, pendant leur prochaine tournée ou ils seront à nouveau, j’en suis sûr, gonflé à bloc après ces quelques concerts de rodage.

En résumé, pour cette journée du dimanche 27 juin, je retiens surtout : Judas Priest, Dimmu Borgir, Therion, Death Angel et Children Of Bodom.
L’année prochaine, j’espère que je serai en mesure de vous faire un descriptif des 3 jours.

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