Le bien nommé Brutal Assault rassemble encore cette année des groupes internationaux de metal extrême devant un parterre de fans, majoritairement tchèques et polonais, avec toutefois beaucoup plus de français que l’année précédente. L’affiche de cette année m’avait moins excité que celle de l’année précédente, avec toutefois des groupes d’exceptions comme Sigh et Meshuggah, et une pléthore de groupe déjà venus au festival de retour pour fêter sa quinzième année. Par conséquent, chaque journée était très dense en groupes, de 10H à plus de 2H du matin de metal en tout genre.
République Tchèque oblige, le festival débute avec un groupe de grindcore. Je n’avais pas pu assister au préfest, où jouait And Hell Followed With ou Ignovimous Incarceration, faute d’obtenir mon ticket d’entrée assez rapidement pour voir les derniers groupes. La journée de route avait été longue, avec des embouteillages avant l’entrée de Prague (les travaux avancent lentement en République Tchèque), et la queue pour obtenir son sésame l’était presque tout autant, la faute à l’affiche qui a attiré une plus grande population que l’année précédente.
Le lendemain, et premier jour du fest, commence avec Disfigured Corpse, un groupe de gindcore à la Napalm Death assez sympa, dont le set passe sans soucis et sans grand évènement notable. Une petite mise en jambe avec un son à la hauteur, comme le seront la plupart des sets des trois jours.
Les problèmes techniques commencent par contre avec SSS dont le set est retardé d’une demi heure, alors que le groupe s’évertue à obtenir du son dans les retours. Une fois obtenu, l’intro lancée et le premier titre joué, la machine s’arrête encore pour changer de tête d’ampli basse, et repartir cinq bonne minutes après. Le chanteur en profite alors pour expliquer qu’il joue avec une jambe cassée car il se l’ai pétée avant de partir après être sorti du bain. Pas de bol. Ca ne l’empêche pas d’assurer convenablement, comme le chanteur de Gadget l’année dernière accompagné lui aussi d’une béquille, avec l’appui de ses trois compères pour faire sonner leur crossover à la Cryptic Slaughter/DRI.
Afgrund n’accuse pas des même soucis et peut donc embrayer très vite après avec un concert de grindcore suédois à la Rotten Sound. Un poil moins metal que les nouveaux morceaux des suédois, qui joueront un peu plus tard dans la journée, leur grind repasse l’assistance dans le sens du poil et suffit à faire oublier leur manque d’originalité.
Je saute ensuite les sets de Lost Soul et Demonic Resurrection pour revenir dans le coin au moment d’Insania et voir Bonded by Blood. Les thrasheurs doivent pourtant reporter leur set au lendemain, à cause de problèmes de transport, et c’est à Rotten Sound de prendre très vite le relais et de rattraper même un peu le retard pris sur le planning par les soucis de SSS. Entre temps, Insania aura eu le temps de me polluer la tête avec un néo metal atroce, même par rapport aux standards du genre.
Rotten Sound donc, les rois actuels du grind suédois, dont je n’attendais pas grand chose pour les avoir vu deux fois auparavant donner des concerts corrects, mais peu impliqués, me surprennent avec une dose de rage inhabituelle et bienvenue. Interprétée par un chanteur plus hargneux qu’à l’accoutumée et avec un pied sur l’accélérateur, la sélection de morceau d’Exit et de Circles, avec une reprise de Napalm Death sortie de leur dernier EP, s’enchaine parfaitement. Sans discuter le meilleur groupe de grind de la journée.
Trial of Tears et Suicidal Angels ne recevant pas mon suffrage, je reviens devant la scène pour The Black Dahlia Murder et son metal américano/suédois. Un serbe insiste alors pour me vanter son amour pour Obituary pendant les deux premiers morceaux, mais part ensuite se placer devant la scène d’à côté pour ne pas manquer l’un de ses groupes fétiches. Les joies de l’alcool et des rencontres surprenantes d’un festival. Les quarante minutes des américains passent très vite et les titres ne se ressemblent pas assez pour lasser. « Miasma », « Statuory ape », « What an horrible night to have a curse », « Deathmask divine », « Funeral thirst », « Christ deformed » et « Necropolis » en conclusion, tout deux des titres de leur dernier disque, Deflorate, qu je me suis ensuite juré d’acheter à mon retour. Toujours rien d’original à l’horizon mais de l’efficacité à revendre.
Le death metal moderne laisse ensuite la place à la vielle école et Obituary d’embrayer avec l’intro de Frozen in times. Les riffs sont boueux et les cheveux de John Tardy volent, c’est le signe d’un groupe en pleine forme. De Frozen in times à Slowly we rot, le tempo ne varie que de peu et se conclut avec le morceau titre de leur premier album. Dans le public, le chanteur de The Black Dahlia Murder continuait de discuter avec des fans tout en écoutant ses ainés.
Je saute par dessus le set d’Ensiferum pour revenir découvrir enfin Gojira sur scène et me faire une idée de l’engouement autour. Bassiste énergique, chanteur guitariste aux discours rodés et riffs rouleaux compresseurs. Rien ne me convient vraiment même si tout est bien assez convaincant pour que le groupe tienne dans sa main l’attention du public des pays de l’Est. Comme me le confirmera un polonais rencontré le samedi matin après Cock and Ball Torture, la France a la côte grâce à eux en matière de metal. Rien d’exceptionnel dans la set list d’après ce que m’ont confirmé des amis connaissant mieux le groupe. Juste une petite impression de lassitude à la moitié du concert malgré son efficacité. Je continue aussi de beaucoup trop penser à Morbid Angel en les écoutant.
En arrivant sur la scène où est censé jouer Lock-Up, la nouvelle a déjà fait le tour et ce sera Sepultura qui prendra leur place pour des raisons non expliquées. Pas besoin de long discours de toute manière quand on traite le public d’un concert complet de classique allant de « Arise », « Troops of doom », « Territory », à « Ratamahata » et « Roots, bloody roots » en conclusion. 20 ans de carrière passés en revue par un groupe qui ne compte plus qu’un membre d’origine et dont les meilleurs années sont derrière eux, comme le prouve malheureusement très bien les choix de morceaux ne brossant que leur carrière avec les frères Cavalera. Une remise en question nécessaire sera surement au programme si ils veulent continuer à provoquer les même réactions enthousiastes de la part du public.
Des anciens de Roadrunner prennent ensuite le relais, j’ai nommé Fear Factory. Première expérience scénique pour moi par manque d’intérêt nostalgique pour des albums qui ont pourtant marqué mon évolution metallique. J’aurais quand même plaisir à beugler les paroles (c’est fou tout ce dont on peut se souvenir sans même réviser aucun album) et à lever le poing en rythme sur une set list contenant quatre, sympathiques, titres de leur dernier album. Un reproche toutefois à Gene Hoglan dont le style ultra mécanique pêche sur des titres plus groovy d’Obsolete que sont « Shock » et « Edgecrusher ». La machine a du mal à suivre et casse en partie leur efficacité. L’handicap majeur du groupe reste toutefois Burton C Bell. Heureusement pour moi, positionné sur le côté droit, je n’entendais que peu sa voix claire et n’avait donc pas à supporter son chant outrageusement faux d’après les dires de toutes les personnes que j’ai pu croisé le lendemain et le surlendemain. Preuve encore que la clé d’un concert agréable repose plus sur une bonne place que sur un bon groupe.
J’épargne mes tympans la souffrance du concert de Children of Bodom pour aller manger et découvrir la bête, j’ai nommé Gorgoroth, pour voir ce dont il retourne. Petite déconvenue puisque la fumée ne découvre finalement qu’une mince étincelle. Et quatre bonhommes ridicules avec leur peinture noire et blanche. Le son est médiocre et les morceaux le sont tout autant sans leur prétendue atmosphère sombre et satanique. Au lieu d’un groupe de black metal je subis un spectacle de guignols insupportable en fin de journée avec la fatigue accumulée depuis midi.
Heureusement, Candlemass restaure toute mon énergie avec une première expérience scénique dont les qualités sont à la hauteur de réputation de ces rois du doom. Les musiciens font preuve d’un naturel et d’une fraicheur bienvenue en interagissant entre eux pendant les morceaux alors que tant de groupes se contentent de répéter le même show avec une lassitude évidente. Un titre de Epic Doomicus Metallicus pour conclure et la légende du doom finit d’inscrire son nom dans les mémoires de tous.
Le vainqueur du concours de popularité de la journée de festival par nombre de fan portant des tee shirt à leurs couleurs, j’ai nommé Despised Icon, arrive enfin à 01H15 et annihile le reste d’énergie de toutes les personnes présentes. Le groupe fait ses adieux à l’Europe sur cette dernière tournée et donne tout ce qu’ils ont en jouant une set list parfaite introduite par l’enchainement de « All for Nothing » et d' »A Fractured Hand ». La fosse suit le tempo de la double dans une frénésie alimentée par les charismatiques chanteurs et des musiciens toujours aussi énergiques. Dernier et quatrième concert de Despised Icon pour moi et peut être même le meilleur de tous.
La cloture de la journée revient à Gwar dont j’ai déjà vu le set à Dour (voir mon article sur Dour sur lafilledurock.com). Le contenu est le même et je suis un peu trop fatigué pour avoir envie d’une deuxième session, malheureusement.
Photos de Alina *Neurotica* et Renata.