Depuis que le monde du metal connait un revival du style thrash, nombreux sont les groupes à continuer de le maintenir à un niveau plus qu’honorable. J’ai un temps cru que les Grecs de Suicidal Angels pouvaient devenir un fer de lance en la matière. Leur récent Division of blood ne leur a pas permis de creuser l’écart. Tant pis pour les « jeunes ». Il est en revanche inutile de souhaiter bonne chance à la vieille garde pour assurer le relais car les prétendants 2016 (pour la plupart de poids qualitativement) ne manquent pas à l’appel : Metallica (oui mais non, d’où mon « la plupart »), Sodom (qui bandent encore), Destruction (qui fait toujours mal au fion), Assassin (la bonne surprise bien virile). C’est pourtant d’un groupe que je pensais fatigué (j’avais au final peu accroché à Dark roots of earth, 2012) que je reçois la claque. Le quintet américain devrait calmer tout le monde cette année. Ou plutôt, il devrait exciter tout le monde et mettre à feu et à sang les pits de toutes les salles l’accueillant.
A lire quelques interviews, on comprend que cet album a été accouché dans la douleur ; le climat de composition et d’enregistrement était tendu. Ben on a envie de dire, vive la tension, n’hésitez pas à continuer de composer dans la frustration, les vieux briscards ! Peu importe que ça ait été un festival d’ulcères, d’engueulades, de glaviots dans le café du voisin, tout ce qui compte c’est le résultat. Et le résultat, c’est un niveau qui devrait faire revenir les fans de la première heures et ceux qui hésitent encore à se lancer à corps perdu dans l’aventure thrash.
C’est bien simple, après l’avoir un peu laissé de côté pour voir s’il me manquait (et il m’a manqué), je me suis dit à chaque titre « ah putain c’est quand même celui-là le meilleur ». Malgré mes vieux os, je ne peux pas m’empêcher d’imaginer systématiquement l’envie de tout défoncer que les versions live de toutes ces tueries ne manqueront pas de provoquer. Chaque fin de solo (« The pale king », « Stronghold » ou « Neptune’s spear », bordel!) verra une horde de fans se prosterner. Je n’étais pas convaincu du caractère réjouissant que revêtait le retour d’Alex Skolnick en 2005. Après Brotherhood of the snake, je suis prêt à me lancer dans l’ébénisterie pour ériger une statue à son effigie.
A l’heure où il est question de moins rembourser certaines dépenses de santé, il n’est peut-être pas judicieux de conseiller ce Brotherhood of the snake aux auditeurs de plus de 20 ans car les cervicalologues ne sauront même plus où donner de la tête. Ne serait-ce que l’intro de « Centuries of suffering » ou « Born in a rut » ! Sans déconner, c’est presque inespéré, tellement ça déboite. On se pincerait pour vérifier qu’on a bien mis le 11ème brûlot d’un groupe qui va fêter ses 30 ans de carrière et non pas le dépucelage discographique de gamins énervés surdoués.
Chose rare en la matière, les refrains sont entêtants et aucun titre ne sonne remplissage. Le savoir-faire de Testament, qui a de bonnes bases heavy, atteint un niveau d’excellence qui rappelle les grandes heures du groupe (si j’avais un peu de couilles, j’évoquerais The new order…).
Le meilleur album de Testament depuis trèèèès longtemps. Le meilleur album thrash 2016. Et peut-être au-delà. En tout cas, l’un des albums metal de l’année.
Track list :
01-Brotherhood of the Snake
02-The Pale King
03-Stronghold
04-Seven Seals
05-Born in a Rut
06-Centuries of Suffering
07-Black Jack
08-Neptune’s Spear
09-Canna-Business
10-The Number Game
Mon dieu que cet album défonce tout! 20 ans que j’avais pas écouté un nouveau Testament. Je me suis laissé convaincre par la chronique et voila, aucun regret, que de la gratitude.