Pourquoi j’ai ouvert ce putain de journal ce matin?… C’est encore pire que d’habitude et j’ai la gerbe qui monte. « Antisocial tu perds ton sang froid » qu’ils chantaient mes vieux… Tu parles…
S’il y a bien une vertu dans la musique de Cursed, c’est son caractère expiatoire, ce truc qui te permet de tenir au delà du raisonnable. Pas expiatoire au sens religieux du terme mais bel et bien dans son caractère curatif. Car oui les compositions de Cursed sont maladives, oui elle puent le désenchantement voire un certain nihilisme. Oui c’est violent et straight in your face. Mais s’il est un fil rouge dont peuvent se prévaloir les différents opus du groupe –au delà du style crust core décliné à l’infini – c’est ce sentiment d’explosion cathartique, cette libération d’une rage trop longtemps ravalée, dont on ne sait comment elle fut canalisée, mais enfin jetée là, sur le tapis. Une étincelle et c’est l’explosion !
Résultat, s’il est bien un contexte idéal pour se lancer dans le combat avec Cursed, c’est bien ces matins glauques où il faut bien finir par se lever pour affronter aujourd’hui, demain,… Ou bien alors ces soirs que l’on aimerait tant sans lendemain, où c’est le couteau entre les dents que l’on rentre dans son antre.
T’appuies sur play. Quelques secondes de vide s’écoulent. Puis vient ces politiques et leur discours aussi arrogants qu’inconsistants. Bush en tête. Caricatural ? Certes. Mais la suite sera tout autre. C’est bestial, primaire. Cursed vous saute à la gueule dans toute sa sauvagerie. Les cris, les heurts deviennent musique et ce n’est certainement pas le souvenir de cette connasse prétentieuse te pourrissant ta journée qui y survivra.
Car Cursed c’est ça. Une folie dévastatrice. Une tournée des grands soirs à grands coups de latte. Des accords plombés, un groove maladif, résurgence de cette curée quotidienne et mélancolique qui se mêlent aux influences punk/hardcore et metal comme si Black Sabbath baisait Black Flag. Cursed c’est l’émanation transfuge de la scène punk/stoner ayant oublié sa dope en route. C’est le Soleil Noir qui irradie cette lande dévastée. C’est ce chien enragé sans passé, sans futur, pendu à ta gorge dans un ultime signe d’humanité.
Pour ceux qui connaissent déjà les précédentes productions de nos canadiens, peu de nouveautés à l’horizon donc. Néanmoins s’il est un élément à mettre en exergue, c’est ce sentiment de bestialité décuplée. Là où des rythmiques radicales, plus minimalistes, plus directes et plus punk dans l’esprit qu’auparavant te ravage le cerveau. Mais à cela s’ajoute la voix de Colohan – le chanteur, performer de ces propres frustrations – hurlée, rauque et massive as fuck en même temps qu’elle libère un cynisme décapant rarement aussi perceptible. L’outro Gutters et son riff lancinant de fin de monde où le rire de Colohan raisonne en est l’exemple le plus significatif. Quoiqu’il en soit même lorsque le rythme lève le pied sur Friends in the music business, III ou Unnecessary person, c’est toujours la colère sourde et la mélancolie qui prédominent, expression de cette putain de peur qui te noue les entrailles.
Le dernier EP en date Blackout at Sunrise paru l’année dernière nous avait une fois encore conforté de l’urgence du propos. Mais rien ne laissait présager d’un tel flot de bile déversé dans la démesure la plus totale. Cursed ou l’art de l’instable et du corrosif. Comme ce rebelle zapatiste n’ayant plus rien à perdre. Il n’est même plus question ici d’esprit rebelle ou antisocial. Juste d’une question de survie. Comme le cynisme qui anime Cursed.
- architects of troubled sleep
- night terrors
- magic fingers
- antihero resuscitator
- friends in the music business
- into the hive
- iii
- unnecessary person
- hegel’s bastards
- dead air at the pulpit
- gutters
superbe disque! j’aurais mis un bon gros « yeah »! violent, noir, malsain, rock’n’roll, enragé, explosif. Tout a été dit dans la chro! énorme.
quel groupe !!! quel disque !!! en tournée en mai si mes infos sont exact…
Un skeud assez incontournable pour tout fan de sludge/crust/doom/metal dégueu. Un mix assez exceptionnel de tout ça, avec une pointe de noise. Un truc ultime, d’une urgence absolue, d’une intelligence de riff énorme, pourvue d’une batterie épileptique, qui ne s’arrête jamais, et d’une voix qui, sans être personnelle, pue la mort et la haine.
Cursed réussi à mixer la mort sludge, la pesanteur doom et la haine asociale crust.
en tournée en mai effectivement (le we du 03/05 en France crois-je).
Cursed, les bien nommés !
Ils seront à Lyon (enfin à Décines @ Warmaudio) le 3 mai ! youhouuuu …
satan !
Enorme ce disque encore une fois, ces Canadiens ont voulu , leur musique poisseuse et pleine de rage suinte encore plus de haine, d’urgence de punk attitude qu’auparavant, ce qui n’est pas peu dire ! T’aimes le crust, t’aimes le hxc, t’aimes le sludge, ou plus simplement la musique crade, brutale et foutrement sincère faite avec tripes et talent savent dorénavant vers quoi se tourer. Ce III est un must, didiou ! Album du moment mérité.
j’aurais peut-être dû me relire moi :-). ‘Fin bref, on m’a pigé : ce disque est une tuerie !