La musique est un art qui n’occulte rien de l’Homme, un de ces arts premiers qui laissent transparaître son Karma à travers son instrument et sa technique.
L’intempérance, la fougue, l’impénitence, l’obstination, ces traits de caractères marqués ont souvent été utilisés au travers de cet art pour démystifier,accomplir le mojo,se libérer de sa simple nature pour révéler le feu que tous les aventuriers ont dans leur âme…
Kill’em all est le premier album de Metallica,le premier jet du quatuor,qui aurait dû au passage s’appeler anecdotiquement Metal up your ass,titre écarté car jugé « pas assez provocateur » vous pensez bien,Metal up your ass restera donc le titre de cette démo parmi tant d’autres,un ciment frais pour la légende…
Kill’em all c’est la jeunesse au coeur de tigre,thrashisée,éthilique,le regard vaporeux derrière des lunettes de poseurs comme ces rockeurs qui vieillissent les couvertures de magazines mais avec la classe punk d’un Discharge en plus (dont Jaymz est un grand fan,sans oublier les Misfits d’un certain Glen Danzig),car si les Stones ont vu une seconde vague rock noyer l’écume de 68,les thrasheurs du monde entier ont vu arriver la NWOBHM comme la lame qui coupait à la mode des chauves qui poussaient oï dans leurs micros et leurs caves.
Bien loin de l’univers politisé, bien loin de la prise de conscience post adolescente, des prédicats de la croix inversée, des moralisateurs, des straight edge boudhaïsants,des actionnaires de Wall-Street taillés comme des rubixcubes,de la disco mainstream des boîtes à cuicuis, Metallica sert une grenade en plat de résistance à la jeunesse américaine au début des années 80 : Tout pour l’éclate,les nanas,les cylindrées,la route,l’énergie en somme que la jeunesse porte en elle,simplifiée,exposée avec force par l’acte ultime du musicien.
Kill’em all n’est pourtant pas un album de désœuvrés,car là où les punks préféraient simplifier leur musique prônant le fait qu’ils ne savaient pas jouer des instruments qu’ils utilisaient, Metallica compose avec rigueur des titres aux structures génératrices d’émotions, amènent le riff à maturité,mitraillent de couleurs leurs envolées lyriques,chevauchent le heavy et assèchent encore un peu plus le gosier de leurs guitares pour trancher à vif les plus récalcitrants,rendant leur expérience aussi corrosive qu’une biture au white spirit.
Kill’em all est un album sec et appuyé, riche en solos, empruntant au feu de la jeunesse toute sa rage, son fun et son audace.
Les four horsemen délivrent ainsi un de leur disque le plus organique, tellement organique, qu’il force le respect de la moitié de la planète presque instantanément, en moins de deux ans, Metallica plie le monde.
Lars Ulrich,James Hetfield,Kirk Hammet,Cliff Burton et Dave Mustaine (qui ira former Megadeth plus tard pour des querelles d’ordre affectives,merci Lars) composent 10 titres denses et balancent la sauce sur toutes les scènes californiennes dans un premier temps avant d’aller tâter le bois du vieux continent,les torrents de riffs s’abattent sur le public « Hit The Lights » accroche les tentures, »Motorbreath » plombe les violonistes, »Whiplash » exhorte le diable sur le coin de la scène dans le feu de Dieu, »Metal Militia » clôt les débats sur une armée de freaks en mouvement,la jeunesse au coeur de lion est en marche et rien ne pourra lui résister.
Et quand les riffs se font plus groovants et lourds sous l’appui de la basse démentielle de Burton,les quatres musiciens s’accrochent au mur : »the four horsemen » deviendra bien plus qu’un de leurs titres phares,un vrai symbole de leur réussite dans le monde métallique.
La cavalerie groove,contrebangue,défie le populo à la nuque fraiche de venir jouer au bandit,de venir rejoindre le feu au milieu de la route,de prendre ne serait ce qu’un instant pour tout oublier dans son orgie de satures feuilletées,Burton accompagne ses potes avec un jeu incroyable osant la rondeur d’un iron maiden sur un groove presque psychédélique Hawkindien et quand résonne « Pulling Teeth,Anasthesia »,on reste étonné comme secoué après le moment de bravoure du bassiste qui fait couiner son instrument comme Chaplin peut vous arracher un sourire…
Show no mercy,le message est aussi clair pour Metallica que pour Slayer,mais le groupe s’autorise quelques escapades beaucoup plus rock’n’roll « Jump in the fire » en est l’exemple avéré avec son premier solo aux accents texans qui raviront les amateurs de rock sudiste,il n’en reste pas moins que ce ne sera pas une des plus grandes réussites de l’album,quoique,non pour ça on peut laisser la place à « Whiplash » qui démontre toutes les capacités de Metallica,efficace,énergique, »acting like a maniac »,vous connaissez la suite…
Tout est là pour la légende,ne reste plus qu’à cibler et envoyer le skeud sur le marché,le refrain de « Seek and destroy » a trouvé sa cible,70% des metalfreaks de la planète ont bien compris qu’une fosse fumeuse les attendait,Hetfield n’a pas fini de muer,les jeunes qui achèteront le disque non plus,1983 s’ouvre avec cette sensation pour la jeunesse que le metal est une aventure passionnante,qui réunira outre les adeptes du cuir et des pantalons lycras,les basketteux et tous les autres indiens du bitume,tout pour le fun et la rage,carajo!
« No remorse » (no repend) le nihilisme joyeux des années 80 caractérise Metallica dans ses prises de risques techniques,son parti pris pour l’énergie du désespoir et sa rage sauvage…
Kill’em all,le début du mythe et un album culte jusqu’au bout des décibels. De mon point de vue le meilleur album de Metallica,excusez du peu…
So come on,
Jump in the fire!
http://www.youtube.com/watch?v=eo7dGX5V1VM
Chro échevelée et bien envoyée ! Sinon, pas fan du tout mais partageant ma vie avec une fan de cet album précis, j’ai eu le droit à ma dose. La phrase ‘Kill’em all est un album sec et appuyé, riche en solos, empruntant au feu de la jeunesse toute sa rage,son fun et son audace.’ résume bien l’objet qui me passe totalement à côté. Je lui préfère le ‘Killing is my business…’ de Megadave et son « Mechanix ».
Metallica est l’inventeur du thrash metal, du speed metal. Fruit de son obsession de faire plus rapide et plus fort que les autres. Plus rapide et metal que Motörhead, plus propre et technique que Disharge. Pour l’anecdote (chopé dans l’excellent bouquin qu’est « Sound of the Beast – L’Histoire définitive du Heavy Metal »), un petit groupe de reprise, notamment de Def Leppard et Judas Priest, ayant entendu la démo de Metallica, décida lui aussi de s’engager dans la course au « toujours plus vite, toujours plus fort » et accoucha, la même année que Kill’em All, d’un certain « Show No Mercy ». Voyant qu’il ne pouvait lutter face à leur nouveau concurrent dans ce domaine, Metallica opta pour une démarche plus mélodique et majestueuse et nous offrit le monumental «Ride the Lightning ». Pour en revenir à ce Kill’em All, je l’avais acheté en k7 il y a de cela très longtemps avec mon argent de popoche d’alors. Un de mes premiers achats en matière de metal, ça marque. Pas sûr que si j’avais découvert les Four Horsement avec le Black Album j’aurai autant usé la cassette.
1983! purée…
Magnifique chronique, pour un album qui ne l’est pas moins mais qui ne me touche pas autant que les deux suivants, un premier essai plus cru, un peu naïf sur les bords, je préfère le charactère plus maîtrisé de Ride ou Master.
Superbe chronique ! Bravo Guim. Et comme toute bonne chro Antho, elle me donne envie de ressortir le disque :-p
Kill’em all est aussi pour moi le meilleur Metallica. Pas que je n’aime pas le flamboyant Ride the lightning ou certaines chansons des albums suivants, mais celui-ci avait un côté punk qui s’est un peu perdu en cours de route (et bien avant Load). Et puis un signe ne trompe pas: c’est toujours lui que je ressors en fin de compte quand le vent de la nostalgie reprend.
ridz is da shit!