Villains – Road to Ruin

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Style: Metal AcideAnnee de sortie: 2011Label: Nuclear War Now! Productions

Les petits gars de Brooklyn auraient pu nous la jouer moshcore party le jour où ils ont créé Villains ou encore se tremper le bout des doigts dans la soupière remplie des membres de la confrérie brutal death locale, comme ils auraient pu tenter le pari de l’abstract black abrasif de la scène new-yorkaise, ce conglomérat bruitiste d’amateurs de cris de ponceuses sur les bulbes rachidiens des cobayes de la capitale qui vomit son goudron jusque dans les entrailles de son métro puant. Villains aurait pu être un de ces suiveurs, mais il a préféré devenir dictateur de son propre continent sonore, celui qui les rassemblerait tous.

Non, Villains ne joue pas quelque chose qu’on n’a jamais entendu, au contraire. Juste que le chemin de traverse lui sied à merveille et qu’en plus le groupe a eu la bonne idée de ne pas essayer de brouiller les cartes derrière des nuages psyché-entourloupes en vogue actuellement dans les studios improvisés de la grande pomme pourrie. Villains marie ses tournures black primitives à la férocité de son métal urbain, son art noir du macadam qui transpire le propos ordurier.

 

Villains c’est un peu l’embrasure sur la cité du vice, celle noire qui tait ses déviances, celle qui saigne son amertume derrière son quotidien macabre. Une ville obscure et chaotique à l’ombre de ses grattes ciels qui ont oublié la base de la pyramide, celle où on te braque pour s’acheter un caillou et où les ruelles obscures sont des terrains de jeux où les impasses ont parfois le nom de « game-over ». Villains n’est pas drôle, n’est pas pagan, n’est pas thrash, n’est pas festif, juste bétonné comme le bunker et armé pour le chaos, les dents collées au mortier à un visage dont le sourire sinistre trahit le morne de son imagination . Froid, revêche et instable, Villains l’est resté sur son troisième album.

Les riffs suent quelques rythmes déglingués, l’allure chaloupée de l’ensemble pervertit la raideur des titres, ceux là même qui dans une sorte d’élasticité poisseuse imprègnent les plages radioactives du disque d’étranges contorsions dans leurs mouvements. Et puis il y a cette acidité grandiose, ce tempérament qui ne mise pas sur la force brute des morceaux, eux qui n’ont plus que la peau sur les os et les yeux exorbités, le gras transparent mais le vice plein les formules. Villains joue sur ses sonorités aigres et noisy, ses dissonances et les larsen de ses guitares écorchées qui récitent l’histoire de la métallurgie à même le trottoir pour expliquer leur idée du noir. Putes de choix.

Corrosif et habité, Road to Ruin a ce ton sifflant et imprégné de ce stupre qui corrompt tous les rouages de ses dispositifs acoustiques. Le lugubre côtoie le rampant dans la crasse et la débauche, et les perles crachent leur vocation binaire comme pour nous rappeler que Villains raconte sa ville à travers un polar glauque sous la forme musicale. On regrettera juste le manque de punch de certaines tournures et un côté fluet de la narration, sinon ça développe plutôt fièrement son propos et ça c’est bonnard. Les honneurs.

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