Pour tout vous dire, je me demande ce qui m’a pris de vouloir chroniquer ce quatorzième album de Megadeth. J’ai du avoir plein d’idées qui me sont passées par la tête lors de la première écoute et puis plus rien. Juste le vague souvenir d’un album à moitié raté, débarrassé de toutes traces de Thrash et gavé d’adoucissants à destination des radios US. Mais j’en étais sûr, l’inspiration allait revenir dès la deuxième écoute. Car initialement, j’étais tout de même empli d’une sorte d’optimisme, Dave Mustaine ayant pris l’habitude de sortir un bon album sur deux depuis son retour aux affaires avec The System has failed. Après l’insipide Thirteen, celui-là devait donc être un bon cru, c’était certain.
Mauvais signe tout de même, le line up est resté inchangé, une première depuis 1997. Mais sachant que le rouquin le plus célèbre du Metal reste le seul maître à bord, gageons que ses musiciens n’ont pas le droit à la parole et que lui seul peut se décider à sortir un album ne serait-ce que de la trempe de Endgame.
Alors au diable cette première mauvaise impression, forçons nous de donner une chance à ce Super Collider ! Et force est de constater que ce n’est pas facile. Les amoureux de la période 80’s vont déjà pouvoir aller voir ailleurs rapidement. Si vous recherchez le Megadeth vindicatif, énervé, porté par des compositions à tiroirs et des duels de guitares à foison sur fond de double pédale, il va falloir vous faire une raison, cet album n’est pas pour vous.
Dès l’inaugural « Kingmaker », le ton est donné. Le talent de composition est toujours présent mais en dépit d’une production percutante, il se dégage la désagréable sensation que ça joue à l’économie. Sensation qui va encore monter d’un cran avec le titre éponyme où il est difficile d’effacer l’image d’un Mustaine en charentaise qui ne se soucie guère de nous envoyer un titre aussi fadasse en position cruciale dans la tracklist. Un Mustaine qui paradoxalement essaye de durcir un peu sa voix pour un résultat finalement peu convaincant et qui souligne involontairement le fait que non, il ne sera jamais un grand chanteur. Et ce manque de talent se ressent en permanence sur cet enregistrement. Là où un excellent vocaliste aurait pu faire oublier par moments la paresse de certaines compositions, Mustaine ne fait que l’appuyer.
Inutile de dire qu’après cet amer départ, l’envie d’écouter la suite ne se fait guère pressante. Car on sait que les meilleures cartouches sont souvent tirées en premier. Pourtant, la basse de Ellefson claque et apporte une dynamique en toile de fond, les courts solos de guitares sont souvent bien sentis et d’un haut niveau technique et les parties de batterie, bien qu’assez basiques, sont souvent fortes à propos. Mais rien n’y fait, l’ambition s’est fait la malle et on passe de déception en déception (« Burn ! », « Off the Edge », « Beginning of Sorrow », « Forget to Remember »). Reste les sympathiques « Dance in the Rain » et « Don’t Turn Your Back », compositions légères et entraînantes mais qui auront du mal à marquer l’histoire du groupe.
L’album comporte également quelques expérimentations. Malheureusement, elles tournent au fiasco. Pour exemple, cette mauvaise copie de Manowar qu’est la seconde partie de « Built for War » ou cette country fadasse sur « The Blackest Crow » (n’est pas 16 Horsepower qui veut). L’album se conclut sur une reprise anecdotique du « Cold Sweat » de Thin Lizzy qui donne vraiment envie de réécouter l’originale.
Pour finir, je me demande toujours comment un groupe peut accepter pareille illustration pour représenter son travail. Surtout quand on a eu la chance d’avoir Ed Repka au pinceau, la comparaison est rude. Peut-être était-ce un avertissement… Sur ce, je m’en vais passer le bonjour à Vic Rattlehead et réécouter Rust in Peace.
http://www.youtube.com/watch?v=dkR-Zau3HSM
Tracklist :
1 – Kingmaker
2- Super Collider
3- Burn!
4- Built For War
5- Off The Edge
6- Dance In The Rain (feat David Dreiman of Disturbed)
7- The Beginning Of Sorrow
8- The Blackest Crow
9- Forget To Remember
10- Don’t Turn Your Back
11- Cold Sweat (Thin Lizzy Cover)