Qu’on le veuille ou non, la sortie d’un album des Mets’ est toujours un événement en soi. Une sortie qui procure toujours une certaine excitation chez les metalleux de cœur, « biberonnés » notamment par les 5 premiers albums du groupe (oui 5, j’aime le Black Album et je vous emmerde), véritables chef d’œuvres intemporels. D’autant plus que Metallica prend son temps entre ses sorties, vous vous rendez compte que Death Magnetic est sorti il y a déjà 8 ans ? (on évitera volontairement de penser que la bouse intersidérale Lulu est sortie en 2011, faisons donc comme si cette « chose » n’avait jamais existé si vous voulez bien).
Alors bien sûr le groupe ne sortira jamais plus un album du niveau de ses premiers albums, tout être doté d’un intellect vaguement fonctionnel a évidemment fait depuis longtemps son deuil de ce fantasme de vieux con.
Mais ce nouvel album des américains mérite tout de même que l’on s’y arrête un moment, malgré sa pochette bien moche. Un gros moment même puisqu’une fois de plus, Metallica n’a pas fait les choses à moitié proposant un double album de 12 titres pour plus de 77 minutes de musique. Et si ça ne vous suffit pas, vous vous jetterez sur l’édition triple qui contient un disque supplémentaire, avec 4 nouveaux morceaux (dont 3 reprises) pour plus de 26 minutes, complétées de 53 minutes de live. Ouch.
Metallica a donc vu les choses en… trop grand, comme c’est malheureusement devenu une habitude depuis plusieurs sorties. En effet, et comme on pouvait s’y attendre, tout n’est pas réussi et l’album aurait à la fois gagné en qualité et en efficacité en étant quelque peu raccourci et notamment amputé des morceaux les plus anecdotiques, car il y en a, en particulier sur le 2ème disque. Mais on va y venir, chaque chose en son temps.
Stylistiquement parlant Metallica propose sur ce nouvel album une bonne synthèse de ce qu’il est et ce qu’il fut, proposant un metal heavy et plutôt mid-tempo avec des bonnes accélérations, tapant entre le Black album et la paire Load/Reload, avec quelques fulgurances thrashy, pour rappeler de bons souvenirs aux vieux fans que nous sommes.
A ce petit jeu donc, on commence avec le très simple et plus court morceau (à peine plus de 3 minutes) de l’album, « Hardwired ». Un riff, efficace, un tempo rapide, bref une sympathique mise en bouche pour ce premier disque globalement très réussi. Car avec « Atlas, Rise! », le groovy « Now that we’re Dead » ou le burné « Moth into the Flame » et son refrain dantesque, on peut dire que le démarrage de l’album est assez parfait. Et même si la tension chute un peu avec le moins bien branlé « Dream No More », le disque se termine bien, avec « Halo On Fire », un titre certes un peu trop long, mais dont la deuxième moitié vaut franchement son pesant de cahouètes. Car évidemment Metallica fait encore dans le « trop » y compris dans la durée des titres grosso modo compris entre 6 et 8 minutes. Là encore, en allégeant la balance de certains passages, le groupe aurait accentué l’efficacité de certains titres un peu patauds. C’est particulièrement l’écueil dans lequel se vautre le deuxième disque, malheureusement bien moins enthousiasmant que le premier. Ce n’est d’ailleurs sans doute pas un hasard si les 3 singles diffusés avant la sortie de l’album (« Hardwired », « Atlas, Rise! » et « Moth into the Flame ») étaient tous tirés du premier disque.
Même si l’album démarre sur le plutôt bon « Confusion », la suite est malheureusement plus quelconque, les 4 morceaux suivants (« ManUNkind », « Here Comes Revenge », « Am I Savage? », et « Murder One ») formant un gros ventre bien bedonnant et mou, dont on se serait volontiers passé sans préjudice auditif à redouter. Rien de honteux, quelques passages font même taper du pied, surtout après plusieurs écoutes, mais on reste sur notre faim par rapport au contenu du premier disque. D’autant plus dommage que le disque se conclut avec l’excellent « Spit Out the Bone », morceau le plus thrash de l’album, qui fait vraiment plaisir. D’autant plus dommage aussi, que le groupe ait choisi de reléguer le pourtant très bon « Lords of Summer » sur le 3ème disque en bonus, alors qu’il est à mon sens largement plus réussi que les 4 morceaux précités.
Parlons de ce 3ème disque tant qu’on y est, car outre ce très bon « Lords of Summer », voilà encore une galette richement garnie, notamment en reprises avec d’abord « Ronnie Rising Medley », un… medley donc, de titres de Rainbow, ce vieux groupe de hard rock avec dans le line-up Ritchie Blackmore ou Ronnie James Dio… Sans connaître les originales, on se laisse plutôt bien entraîner par ce medley bien branlé (notamment par « Kill the King » sur lequel Jaymz chante particulièrement bien), il faut dire que Metallica est un habitué de l’exercice et en a déjà prouvé sa maîtrise par le passé. C’est ensuite au tour de Deep Purple de passer à la moulinette du groupe, avec une reprise de « When a Blind Man Cries ». Je réécoutais récemment Kill Em’ All et me faisait justement la réflexion que Deep Purple avait du marquer et influencer fortement Metallica. Pour autant cette reprise est un peu anachronique, puisque « When a Blind Man Cries » n’est pas le titre sur lequel on sent le plus l’influence sur les Mets, tant il s’agit d’un titre lent. Elle permet en tout cas à Kirk de s’illustrer sur les parties de guitare particulièrement belles. Vient enfin « Remember Tomorrow », reprise d’Iron Maiden, et c’est la première fois à ma connaissance que Metallica reprend un titre de son grand « rival » des années 80, un titre qu’on trouvait sur le premier album de la vierge de fer sorti en 1980. Une reprise fidèle, respectueuse et ma foi agréable même si sans génie, et qui vaudra surtout pour le clin d’oeil inédit entre patrons du heavy metal. Après ces reprises intéressantes, c’est l’heure du live avec 10 titres, dont 9 extraits des deux premiers albums du groupe complétés d’un petit « Hardwired » qui forcément souffre un peu de la comparaison. Un live sympa, avec un son sympa, qui passe bien.
Au final Jaymz est sans doute le grand gagnant de l’album, très en voix qu’il est, même s’il n’évite pas quelques petites erreurs en poussant parfois un peu trop sa voix sur certains passages (« Here comes reveeeeeeenge! » par exemple. Arf). Mais globalement l’énergie est là et l’envie semble être aussi au rendez-vous ce qui fait bien plaisir. Lars est fidèle à lui-même, efficace cogneur sans génie, tandis que Robert est assez transparent comme toujours. Kirk pour sa part déçoit un peu, capable de sortir peu de bon solos finalement, et des trucs beaucoup plus discutables (bouh qu’il est moisi ce solo sur « ManUNkind »!!).
Mais dans l’ensemble la cohésion du groupe semble retrouvée, ce que confirme la banane des 4 gars sur les vidéos live récentes qu’on trouve facilement sur Youtube, et ça, ça fait bien plaisir!
A noter aussi que pour la première fois depuis un moment, la production de l’album est assez parfaite, puissante sans la saturation horrible ou les sonorités à chier qu’on retrouvait sur Death Magnetic ou Saint Caca.
A l’heure du bilan Hardwired… to Self-Destruct aurait pu être la bouse que certains veulent absolument voir/entendre, mais c’est en réalité un album correct… mais aussi imparfait, plein de petits défauts énervants, hétérogène, et qui aurait certainement du faire l’objet d’une salvatrice synthèse. S’il n’était pas un album de Metallica, il aurait certainement été rapidement emporté par ses défauts et par le flot des sorties. Mais il est un album de Metallica, et on a envie de faire preuve d’indulgence, on a tellement envie d’y croire, qu’on peut avoir tendance à le prendre simplement pour ce qu’il est : un album sympathique, ni complètement raté, ni complètement réussi, qui fait passer un bon moment avec en arrière-goût cette putain de nostalgie douce amère. Ne croyez donc ni ceux qui vous diront que c’est de la merde, ni ceux qui vous diront que c’est l’album de l’année… La vérité est comme souvent ailleurs, quelque part dans la nuance. Faites-vous donc votre propre avis sur la question!
Tracklist :
Disc One
- Hardwired
- Atlas, Rise!
- Now That We’re Dead
- Moth Into Flame
- Dream No More
- Halo On Fire
Disc Two
- Confusion
- ManUNkind
- Here Comes Revenge
- Am I Savage?
- Murder One
- Spit Out the Bone
Disc Three (Deluxe Edition Only)
- Lords of Summer
- Ronnie Rising Medley
- When a Blind Man Cries
- Remember Tomorrow
- Helpless (Live at Rasputin Music)
- Hit the Lights (Live at Rasputin Music)
- The Four Horsemen (Live at Rasputin Music)
- Ride the Lightning (Live at Rasputin Music)
- Fade to Black (Live at Rasputin Music)
- Jump in the Fire (Live at Rasputin Music)
- For Whom the Bell Tolls (Live at Rasputin Music)
- Creeping Death (Live at Rasputin Music)
- Metal Militia (Live at Rasputin Music)
- Hardwired (Live in Minneapolis)
Assez d’accord, mais je garderais Am I Savage? du lot des 4 moyens qui pour moi, a quand même un petit riff qui tue. Halo on fire est effectivement bien sur sa deuxième moitié mais je le trouve poussif au début. Mais la seconde moitié bute. Sinon, les mecs ont sorti clairement un album trop long mais avec de sacrés bons titres dedans. Et c’est juste inespéré!