Nine Inch Nails – The Slip

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Style: indusAnnee de sortie: 2008Label: The Null Corporation

A l’aube de la fin de la première décennie du vingt et unième siècle, il est important d’envisager deux facteurs afin d’aborder la production musicale en général, et la publication de The Slip en particulier. Tout d’abord, et cela concerne essentiellement les États-unis, les années Bush auront permis une certaine résurgence de l’implication politique chez certains groupes. Surtout pendant son deuxième mandat. Ensuite, et là tout le monde est concerné, la fameuse « crise du disque » a amené plusieurs artistes à revoir leurs méthodes de publication et/ou de distribution. Ce qui, dans un sens, reste politique.

Le premier facteur a touché jusqu’à des artistes inattendus. Un des exemples les plus frappants étant le très tourmenté Trent Reznor. Ayant arrêté les drogues et l’alcool, cet artiste jusqu’alors très tourné vers son nombril (ce qui lui a quand même permis de réaliser de fabuleux albums, dont son indiscutable chef-d’œuvre : The Downward Spiral) s’est soudainement découvert, grâce à la sobriété, une conscience politique (en plus d’une productivité accrue). Cet éveil a donné de très bons résultats, tout d’abord sur l’album With Teeth, avec l’imparable single «The Hand That Feeds» ; Et ensuite sur l’album concept Year Zero. Trent Reznor est écoeuré par la politique de son pays et envisage ses conséquences à plus ou moins long terme, avec beaucoup d’appréhension.
Le deuxième facteur, quant à lui, est quelque chose que Reznor attendait, semble t’il, avec beaucoup de délectation. En effet, il affiche depuis plusieurs années son ras le bol des maisons de disques, de leurs contraintes contractuelles et de leur incompétence de plus en plus flagrante. Allant même, lors de ses récents concerts, à inciter ses fans à voler ses disques. Que ce soit sur Internet ou directement en magasin. PO-LI-TI-QUE, on vous dit !
Véritable engagement ou simple coup marketing ?

Après la sortie en ligne, à un prix assez dérisoire, de l’album instrumental Ghosts I-IV, la publication de The Slip semble vouloir confirmer la première option. Trent Reznor propose ce nouvel album en téléchargement gratuit, avec comme message à ses fans : «celui-là c’est cadeau, merci pour votre soutient». Ultime pied de nez à l’industrie du disque, il annonce quelques jours plus tard que la publication physique du disque sera limité à 250000 exemplaires au niveau mondial. Quand on sait que l’album a très largement dépassé le million de téléchargements, on peut se demander si on n’est pas déjà en présence d’un collector.

Tout ce battage médiatique ne serait-il pas là pour faire passer un album dont la gratuité pourrait être expliquée par sa faiblesse qualitative ?
Bon, Il faut bien admettre que ce disque sonne parfois comme s’il avait été composé à partir des chutes de studios des trois ou quatre précédents. Avec son rythme discoïde, le single « Discipline » sonne largement comme le petit frère des morceaux les plus immédiats de With Teeth, « The Hand That Feeds » en tête. Le final de « Hands Down » évoque les récentes expérimentations bruitistes de Year Zero. Enfin, les deux plages instrumentales, « Corona Radiata » et « The Four Of Us Are Dying » font l’amalgame entre les passages les plus contemplatifs de The Fragile et les paysages sonores de Ghosts I-IV. Mais on parle là de Trent Reznor. Pas le genre d’artiste à composer des albums dont il est à moitié satisfait. Et même s’il ne lui faut aujourd’hui que quelques mois pour composer et enregistrer un disque (contre 5 ans, auparavant), cette soudaine surproductivité n’entache en rien la qualité de ses compositions. Elle n’est finalement que le résultat de sa liberté nouvellement retrouvée. Certes, The Slip n’est pas révolutionnaire dans la discographie de Nine Inch Nails. Et le groupe, aujourd’hui, sonne peut-être moins torturé, plus « propre ». Mais le niveau d’exigence artistique de Reznor est loin d’avoir baissé. Pour preuve, on se rend compte sur le reste du disque qu’il est toujours capable de composer des mélodies attrape cœur (« Head Down », « Echoplex »), et de péter les tensiomètres avec des morceaux nerveux aux rythmiques terrassantes (« 1,000,000 » « Demonseed »). Sans oublier de continuer à exprimer sa récente rage anti-Bush (« Letting You »). En définitive, Reznor ne fait que puiser dans sa principale influence : Nine Inch Nails.

Ses récents détracteurs diront qu’il tourne en rond. Euh… Constat : Si tout le monde tournait en rond comme Trent Reznor, la proverbiale crise du disque aurait peut-être été moins violente (ne mettons pas tout sur le dos des labels, non plus).

  1. 999,999
  2. 1,000,000
  3. letting you
  4. discipline
  5. echoplex
  6. head down
  7. lights in the sky
  8. corona radiata
  9. the four of us are dying
  10. demon seed
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4 Commentaires

  1. Ø says:

    Même pas une petite blague sur le titre de l’album, respect.

  2. Adrien says:

    eheheh

  3. Stn800 says:

    Trent a beau tirer profit de la crise du disque, je tiens a signaler que c’est le contre exemple de ce dont a besoin un artiste naissant. Ici la notoriété était installée et donc l’opération marche puisqu’il empoche plus qu’avant. Mais un nouvel artiste qui doit financer un enregistrement et qui propose sa musique de façon gratuite aura malheuresement plus de dettes que de revenus.
    Ceci dit pour revenir a NIN, la démarche est audacieuse est courageuse mais toutes ces opérations de marketing et de buzz prennent le pas sur la musique qui est peut être moins au cœur du succès de NIN qu’auparavant.

  4. jéjé says:

    A adrien: hélas, je ne partage pas ta conclusion. Je trouve qu’autant sur Ghost que sur The Slip, T.Reznor fait de la redite: tu le dis (chute de studios), mais contrairement à toi, je n’arrive pas à accrocher et donc: ma conclusion perso est que la qualité est moindre (puisqu’auparavant j’accrochais). Mais à chacun ses opinions bien sur.

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